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FCM 25.00

10 octobre 2024

Quand les chiens...tirent sur les chasseurs !

C’est rare mais ça arrive…La campagne de sensibilisation à la sécurité bat son plein depuis une bonne dizaine d’années chez nous, elle est surtout liée à la pression médiatique et en général hoplophobe qu’on ne rencontre pas forcément ailleurs. Aux Etats-Unis, selon le Washington Post, le laxisme des chasseurs a fait dix morts entre 2004 et 2015, et plus d’une centaine d’incidents, par bonheur pas tous dramatiques en 2021.

Les chasseurs de gibier d’eau qui emmènent tout leur fourbi (leurres, casse-croûte, munitions) dans de branlantes embarcations sont les plus exposés car les retrievers batifolent là-dedans, et gare à celui qui y conserve une arme chargée ! Dans le Tennessee sur la rivière Cumberland à l’Ouest de Nashville le labrador « Sadie » blessa ainsi son maître penché en train de récupérer les formes. En 2018, dans le Wisconsin et dans l’Utah, c’est après avoir désailé des canards et en aidant les chiens à remonter dans l’embarcation que les sauvaginiers furent blessé à la jambe et au bras. Dans l’Oregon près de Portland c’est en sautant allégrement dans le bateau que le labrador « Drake » âgé de trois ans toucha son maître à la fesse.

A la billebaude aussi le danger rôde dès le départ quand on monte dans les voitures. Il y eût deux morts dans le Kansas en 2022 et 2023 en installant les chiens à l’arrière sur les impedimenta où s’entassaient les fusils chargés. En 2018, au Nouveau-Mexique, « Charlie » fit la même chose, blessant le conducteur à la clavicule et aux côtes dans une chasse aux lièvres où trois chiens étaient en lice. En Louisiane, il fallut amputer, cette fois c’est le chien d’un autre chasseur qui dans l’enthousiasme collectif de la meute, avait sauté dans le benne du pick-up. Un phénomène qui n’est pas inconnu en Europe, chez nous près de Bayonne c’est en entassant deux chiens au coffre que le pilote fut touché à la hanche et en Allemagne près de Münster qu’un chasseur se reposant un moment au volant fusil posé sur le siège passager  que celui-ci se déclencha quand le chien sauta affectueusement sur le siège.

Le passage des clôtures sur lequel on insiste tant pour l’obtention du permis est toujours un moment c’est le cas de le dire « épineux ».  Le beau cliché ci-contre à gauche, montre d'ailleurs un chasseur prudent ayant posé l'arme ouverte sur le poteau de clôture. A dix ans de distance dans l’Iowa, le jour de l’ouverture au faisan un chasseur fut blessé à la jambe en allant chercher l’oiseau, le fusil encore chargé d’une cartouche étant posé sur une clôture que le chien, en voulant suivre fit tomber l’arme, et un second perdit la vie de la même manière en 2017. Mais on a vu pire en Bulgarie où un drathaar refusa de rendre son oiseau, les chien et le maître furent blessés, la patte ayant malheureusement actionné la détente, il faut dire que le chasseur essayait de lui faire lâcher prise en se servant de l’arme comme d’un bâton. En Virginie, mordu par son chien, appelant sa femme au travail pour lui dire qu’il allait se débarrasser du chien de la pire façon, la police accourue trouva un spectacle sanglant, le maître couvert de morsures une balle dans l’abdomen ne put être ranimé, et le chien fut euthanasié.

Même si on sait tous que nos chiens savent bien ce qui se trame avant l’Ouverture et en fin de semaine, savent-ils reconnaître la couleur « orange blaze » de nos tenues sécuritaires, et se sensibiliser à leur tour et après nous à cet objectif ? Voici, pour sourire, quelques règles de base qu’on pourrait leur inculquer : 1/ Toute arme laissée au sol par le maître est présumée chargée ; 2/ Ne marchez pas sur une arme pointée sur votre maître ; 3/ Gardez votre papatte hors du pontet jusqu’à ce que vous soyez prêt à tirer ; 4/ Soyez sûr de l’endroit où vous tirez…en fait pas sur votre maître !

Les chats d’ailleurs n’en font pas d’autres : en 2023 dans l’Ohio, un ado fut blessé dans une fusillade à l’air comprimé avec des rats quand allant au résultat, le chat de la maison sauta sur la table où l’arme était restée chargée, l’ado a survécu, on ne sait pas si le félin avait abusé de « l’herbe à chat » (1) et donc que son discernement en fut altéré (ou si son avocat a pu arguer que le coup de feu accidentel était lié à une faiblesse structurelle du modèle ?) mais, morale de l’histoire…laissez les rats aux chats !

1/ Ou cataire, c’est une labiacée sorte de plante herbacée comme la menthe et psycho-active sur les matous comme le cannabis chez les humains.

 

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7 octobre 2024

De la valise...à la cartouche en carton, retour sur les sixties !

Il existe une mystique de cette capsule mémorielle nostalgique pour laquelle il faut déjà avoir un certain âge pour tomber en pâmoison quand décès et déménagements les font tomber directement des greniers poussiéreux des copains dans votre cartouchière. Le sujet n’est pas nouveau ici (1) mais on nous demande souvent encore d’expliquer de manière technique le facteur rétro-cool qui tient de la « madeleine de Proust » pour tous les mitrailleurs vieillissants dont nous sommes.

Difficile d’expliquer cette odeur enivrante doux mélange de noix grillées et de cire chaude comme les cierges de la chapelle de St-Hubert, et qui doit culminer, avant même la myrrhe et l’encens au paradis des chasseurs. Là-haut on imagine sans peine évoluer dans des odeurs de foin frais, des premières gouttes de pluie d’automne sur la poussière, du vieux barbour qui sent la fougère et les remugles du poêle à bois, et du setter épuisé après avoir couru toute la matinée dans le chablis. On l’a tous fait, et il n’existe encore aucune loi contre le reniflement des munitions, et on plaide coupable pour être tombés dans cette aromathérapie efficace pour baby-boomers finissants.

La fabrication des étuis en carton était un processus long de deux semaines qui imposait 9 jours rien que pour le séchage de la cire imprégnée avec un mandrin chauffé électriquement utilisé pour repasser l’embouchure des étuis, et ramenait une partie de celle-ci sur la surface avant, afin d’aider à rigidifier la zone de sertissage. Elle était donc plus chargée en cire dans cette zone surchauffée pendant une fraction de seconde au moment du coup de feu, et l’odeur se combinait également bien sûr au mélange de fibres de cellulose des bourres, la composition des poudres, et même des amorces au styphnate de plomb qui ne sont plus utilisées aujourd’hui car trop corrosives.

Il existe énormément de mythes controversés sur les avantages et inconvénients des deux munitions carton et plastique, et la différence est de nos jours minime, notamment pour la fameuse fragance. On la disait plus douce au tir, notamment de longues séries des sportifs, et disposant d’un meilleur motif ? Comme n’importe quelle autre cartouche tout dépend de ce qu’on y met, et au pic de son âge d’or dans la décennie 50-60, on vouait un culte à la bourre grasse, et le carton jouait sûrement un rôle dans l’étanchéité et l’amortissement latéral avec moins de déformation des plombs lors du pic initial de puissance. En plus, sur une charge moins rapide (2), le sertissage demi-rond était plus joli (3) et moins dur à libérer la grenaille que celui en étoile. La cire fondue aidait aussi à se protéger de la rouille : un léger dépôt gras se formait dans les chambres qui n’étaient pas toutes chromées avant-guerre, et le carton, contrairement au plastique, ne condensait pas l’humidité…il l’absorbait !

A contrario donc, celle-ci faisait gonfler les cartouches, ce qui n’était pas l’idéal en zone humide, au marais où, en plus l’arme de prédilection des sauvaginiers, le semi-automatique Auto 5, malmenait l’étui en exerçant de par son mécanisme abrupt et brutal une force bien plus élevée sur la cartouche que le fusil classique à canon basculant. Le rechargeur aussi, bien plus nombreux que de nos jours, pouvait regretter tourner qu’une fois ou deux la manivelle du sertisseur, contre deux fois plus pour le plastique naissant. Enfin à l’heure du « tout écolo » le carton est certes plus bio-dégradable que les sous-produits du pétrole, mais il est issu de ceux des arbres, alors…

Pourquoi la tirer encore ? Difficile à expliquer autrement que la même raison pour laquelle on choisit le vieil Hélico-Bloc un matin brumeux d’hiver plutôt que le fusil habituel efficace et moderne. Quand on a le matériel (4) et le temps, un jour de pluie, on peut s’en rouler une dizaine en souvenir du bon vieux temps, se demander pendant des années si on n’est pas miro, et découvrir avec surprise, qu’on est légion à apprécier ces effluves qui nous font penser aux jours palpitants d’antan. On fait même des envieux près des vieux barbons de notre âge car elles nous ralentissent, nous incitent à la distance et au recul, car il faut parfois insister pour les retirer des chambres : ainsi on « sent » mieux qu’on a tiré après, en plus, les avoir sans cesse pelotées au fond du paletot tant elles sont douces et lisses avec un toucher presque sensuel surtout si on se dit qu’autrefois elles étaient conditionnées et emballées par de délicates mains féminines. Tenez, celles d’un calibre 16 de facture classique développeront une odeur encore plus suave, celle des succès précoces hélas devenus lointains. En voilà d’ailleurs une belle idée de désodorisant pour voiture de chasse, et comment personne n’a encore pensé avec la fièvre du sanglier actuelle en faire une, pourquoi pas… aux arômes de bacon grillé ? Allez, restons adeptes du « vieux coup aromatique » comme ce verre de Bourbon vieux de quinze ans, de la vieille moto qui dort dans le garage, et du vieux chien qui nous réchauffe les pattes au coin de la cheminée…

1/ Voir archives des 12 septembre 2017, 2 novembre 2020, 31 octobre 2022.

2/ La charge de 28 grammes à 363 m/s de # 6 en full faisait tout tomber à distance raisonnable et était idéale à la billebaude à une époque, il est vrai, où il y avait plus de gibier naturel notamment à la plume.

3/ Avec le plaisir de la dernière touche au tampon d’appliquer, un à un, les jolis chiffres calligraphiés pairs ou impairs sur le carton d’obturation.

4/ On ne peut qu’encourager pour le « fun », mais aussi mieux comprendre ce qu’on tire à sauvegarder toute le sympathique petit attirail facile à mettre en œuvre, mais avec prudence, en suivant les nombreux « tutoriels » disponibles sur le Net.

4 octobre 2024

Les Brenneke sous-calibrées

La fièvre porcine s’étant définitivement emparée de nous tous maintenant dans l’Ouest, continuons de triturer le sujet inépuisable des pilules (…oups, plutôt des munitions non ?) susceptibles de nous soulager. Dans la grande famille des Brenneke à bourre attachée, dont le prix reste attractif face aux balles « techniques » (Fier et BFS) voyons ce qu’apportent les sous-calibrées et « sabots » dans un canon lisse, et à ne pas confondre avec ceux pour canons rayés américains, d’ailleurs quasi inexistants par ici.

Tout chasseur qui ne voit qu’occasionnellement du sanglier et à courte distance à intérêt à conserver son fusil habituel, et après essais (on n’insistera jamais assez là-dessus) avec une munition adaptée, et surtout bien la conserver. Dans la moyenne d’âge de nos sociétaires il n’est pas dit que tout le monde franchira le cap des carabines, et les normes CIP ont aplati depuis longtemps celles de fabrication, particulièrement sur la Brenneke de conception ancienne tournant autour de : 1/recul-pressions, 2/ confort, 3/performances finales. Vous l’aurez remarqué, toutes même celles héritées du grand-oncle il y a des lustres, tournent autour des « grands culots » (25 mm) qui faisaient l’admiration de nos pères, mais qui n’étaient pas là que pour épater la galerie s’agissant de rigidifier l’étui et résoudre l’équation tenue-éjection-alimentation. Après l’écart était considérable d’une arme à l’autre en raison du choke employé, souvent demi et plein pour le commun des chasseurs de l’époque…alors qu’il aurait fallu lisse ou quart !

Comment améliorer la Brenneke « classique » ? Revenons d’abord à ses caractéristiques de base : une balle de 31 grammes (490 grains pour ceux qui veulent comparer avec les carabines et la moyenne de 180 grains au sanglier) à 39 grammes (600 grains) pour les plus grosses qui filent à 450 m/s et « tombent » vite en joules : 2900 à la bouche, 2100 à 25 mètres, 1700 à 50  m. où la flèche est de 5 cm, mais 40 cm à 100 mètres où il n’y a plus que 1000 joules. Georges Prévot, dans les années soixante initia le mouvement des balles « allégées » (24 grammes) selon une idée simple d’une balle toujours « dure » semi-blindée, sous-calibrée en 16 dans un godet permettant de passer dans tous les chokes, et surtout de compenser en vitesse et en précision la masse moins importante du boulet. La Prévot « S » c’est en effet presque 1000 joules de plus à la bouche (3777) et 582 m/s et un groupement de 4 cm à 50 m. Plus précise que la normale et tapant plus loin elle est plus sèche à l’épaule, mais elle nécessite moins de correction et peut se tirer au « coup de bras » assez proche du coup de carabine, mais il fallait l’épreuve supérieure et a priori, toujours préférable avec un canon peu ou pas choké. Judicieusement, elle apparut au moment où se démocratisaient les automatiques gérant mieux par conception le recul, et surtout les chokes amovibles, ce qui explique son succès toujours actuel popularisée par le fameux slogan « souvent copiée, jamais égalée ».

Tout le monde (Fob, Brenneke, Tunet, Mary, etc.) fait de ces balles plus petites que l’alésage, ce qui par ailleurs améliore quelque peu le coefficient balistique. Elles sont toutes rapides et protégeant la structure de la balle au passage du canon sans outrepasser la pression de 900 bars universelle pour les fusils modernes ou anciens (1). La plus connue « Rubin Sabot » par exemple est une 28 grammes qui « zérote » à 70 m. où elle affiche encore 1800 joules (2), et la « Topas » de 20 grammes groupe 5 coups sur 5 cm à 35 mètres. La mode du « sans plomb » se généralisant il existe même une Rubin Sabot Nature en étain de 19 grammes et 610 m/s, 3535 joules à la bouche et encore 1000 joules à 100 mètres dont le prix à l’unité est toujours attractif face aux balles techniques.

La vélocité est-elle trop mise en avant ? Le chasseur avisé de gros sangliers qui peuvent être dangereux doit prendre le temps d’étudier attentivement la conception des balles qu’il va utiliser, et ce n’est peut-être pas le temps de faire des économies. Qui dit grand gibier dangereux dit courte distance et le poids de balle décide alors : il y a une grande différence entre une petite bête de compagnie à peau fine, et un gros solitaire bardé de cuir et de graisse. Au pot de fin de battue, on a tous plein d’idées différentes sur ce qui doit être tiré, mais avant tout importe la confiance au poste que donne une balle « dure » à grosse surface frontale, et c’est ce qui explique pourquoi la Brenneke classique continue vaille que vaille sur sa lancée depuis un bail…1898 !

1/ L’effet moins fluide que la gerbe de grenaille engendrant moins de pressions, permet de plus charger les munitions à balles sans outrepasser 710 bars.

2/ Un projectile de 24 grammes autour de 400 m/s à moins de 30 mètres provoque un choc énorme auquel aucun être vivant ne peut résister, même équipé de gilet pare-balles : elle ne traversera pas mais tuera par le choc induit derrière sur le cœur et les organes vitaux. Rappel pour la chasse : à 100 mètres 1500 joules sont requis pour le chevreuil et 2500 pour le sanglier, mais à 25 mètres toutes les Brenneke sont autour voire au-dessus de cette norme.

 

 

1 octobre 2024

Quel réticule pour ma 22 ?

Le petit calibre est souvent la première arme que nous ayons épaulée, on a grandi avec avant (ce qui n’est malheureusement pas le cas pour les jeunes générations !) car c’était une bonne école pour disons « réguler », et occasionnellement tirer sur des cibles aussi diverses que marrantes. Comme le disait T.Whelen « seuls les fusils précis sont intéressants », et comme on récupère rarement du grand-oncle des carabines dans ce calibre de qualité « match », scopes et réticules, et enfin la munition derrière peuvent être la solution.

Ne comptez pas trop sur les « armuriers vendeurs » pour vous conseiller là-dessus, il y a bien longtemps que les tracasseries administratives ont fait disparaître ce minus de leur horizon quotidien et il n’y a qu’à voir avec le sourire en coin avec lequel ces jeunots vous accueillent quand vous venez acheter une malheureuse boîte de la petite munition, pour constater en quelle estime ils tiennent celle-ci au mieux prisée par de vieux birbes nostalgiques, au pire, d’infâmes braconniers ! A tout prendre, ils préconiseront scope et réticule « sapin de Noël » tout illuminé, plein de gadgets et qui coûte les yeux de la tête…

Le petit calibre étant désormais plus ou moins tabou, contrairement aux USA, vous ne trouverez guère de publicité sur les gammes spéciales « 22 » qui existent pourtant et dont la principale caractéristique, outre le prix plus abordable (1) est d’avoir un réglage de parallaxe aux distances 50-60 mètres quand les autres vont à 100-150. Il faudra donc chercher une lunette compacte grossissement fixe X4 dont le grand attrait reste la simplicité, sans cadrans à tourner ni réglages fastidieux à effectuer. Il ne faut pas en effet sacrifier la qualité de l’optique au grossissement, le diamètre de 40 est à privilégier pour un meilleur transfert de lumière utilisable jusqu’au crépuscule.

Pour la « régulation » terme pudique qui est encore tout juste acceptable, par exemple pour le ragondin, il ne faut pas de réticules lourds type « Mildot » plein de petits détails, quand il faut se décider après une attente de plusieurs minutes pour placer le bon tir, de tête ou de torse ou qu’il faut passer subitement de 25 à 60 mètres, et un point central qui ne couvre pas trop. Il existe donc des réticules simples bien adaptés comme le V Plex, épuré, pour une acquisition rapide et un placement immédiat et précis. Même chose pour les BDC (Bullet Drop Compensating) qui pallient à la flèche importante (2) de la petite munition. Plus récemment, l’ACSS 22 (Advanced Combined Sighting System) est venu révolutionner le landerneau Outre-Atlantique, mais sans être sûr qu’on le trouve facilement ici. Ce réticule de corrélation à estimation de portée (voir ci-dessous) permet d’augmenter le taux de premier coup réussi en diminuant le temps passé sur la cible : rapide de 0 à 50 mètres, et précis au-delà en prenant son temps.

Après il faut juste s’assurer d’utiliser toujours la même munition avec laquelle vous avez réglé l’ensemble, en règle générale une subsonique (3) sur une arme silencée, car l’environnement n’est plus le même que celui des sixties où ces carabines étaient partout en vente, et utilisation quasiment libre. On les trouvait dans les supermarchés, chez les quincaillers, on s’en faisait offrir pour sa première communion et l’armurier vous vendait la munition car l’arme avait été achetée par vos parents, et vous laissait repartir avec les boîtes de Gévelot comme l’épicier avec le « kil » de rouge familial…

1/ Fabriquée la plupart du temps en Extrême-Orient, là où les coûts de production sont faibles : Japon et Corée d’abord, puis Chine, et enfin Philippines.

2/ Autour de 20 cm à 100 mètres selon munition

3/ Toutes les marques les font, un petit plus cependant pour nous du côté de la RWS HP 50, pas trop chère, précise, et qui est vraiment subsonique, ce qui est absolument évident à l’oreille. Après, si comme tout le monde, vous vous laissez tenter par les jolis coloris d’une nouvelle boîte, attendez dix balles, quand le lubrifiant dont use et abuse la marque allemande aura disparu pour vous faire une idée de la précision de cette nouveauté. Qui sait, cette nouvelle configuration, peut aussi parfois « matcher » ?

28 septembre 2024

J.M.Browning fut-il limité par la technologie de son temps ?

Voilà bien le sujet d’une sorte de baccalauréat armurier sur lequel (« allez, vous avez quatre heures ! ») tous les passionnés du personnage et de la marque pourraient plancher non ? Déjà abordée par un autre côté (1), cette question rhétorique n’est pas facile à résoudre du fait des « sources » très pauvres concernant comment opérait le génie de ce prolifique inventeur. Qu’aurait-il fait à notre époque, et fut-il limité par la technologie naissante des poudres de son époque, et surtout, des balles ?

Sa pensée est difficile à saisir car contrairement à d’autres, il ne donna pas d’interviews, ne laissa pas de journal ni d’ouvrages théoriques où les historiens pourraient plancher à loisir, et ses brevets ne donnent aucune indication sur sa méthode et façon de penser. Ce n’est qu’assez récemment, en épluchant un procès (1900-1908) avec Luger, où lui et ses frères furent quand même un peu obligés d’expliquer leur façon de travailler, que les chercheurs ont pu, à peu près, cerner son approche. En gros, la firme allemande au fameux pistolet automatique revendiquait l’antériorité sur une forme de verrouillage par came-genouillère que JMB avait déjà envisagé dans ses recherches sur un premier fusil de chasse semi-auto qui aboutit un peu plus tard au fameux Auto 5.

L’épilogue fut mitigé (2) mais on sut par le témoignage de la fratrie (3) que toutes ses inventions partaient de la culasse-verrou, et que tout s’articulait derrière dans d’incessants allers-retours entre les mécanismes successifs grâce à des images mentales qu’il matérialisait par des croquis grossiers qu’il était le seul à comprendre. Une sorte de sténo graphique sans véritables dessins d’exécution pratique que son demi-frère Ed (4) était chargé de traduire par des maquettes au gabarit bois-métal, sortes de « squelettes » permettant de voir comment les pièces interagissaient ensemble, JMB étant sans cesse sur son dos pour vérifier et corriger ou constater si ça correspondait bien à sa vision d’ensemble de l’affaire.

Le grand ingénieur était-il conscient de certaines évolutions à venir que nous tenons pour acquises aujourd’hui ? On peut répondre que oui, car comme tous les autres « bricoleurs » qui furent la force motrice de l’industrie armurière américaine, si l’imagination pionnière fut certes limitée par les carences industrielles de l’époque, ce furent les succès commerciaux et la vitalité des donneurs d’ordres qui permirent d’aller de l’avant. Système contre système, et ça vaut toujours à notre époque, l’adversaire collectiviste et oriental, ne fit qu’espionner, copier et suivre. JMB sut par exemple tirer parti de la nouvelle technologie des poudres PSF en inventant ex nihilo le 50 BMG que toutes les armées du monde utilisent encore, et le 45 ACP dont l’objectif était de reproduire la balistique du 45 Long Colt mais en offrant une balle plus courte, et un pistolet automatique pour la tirer derrière, le fameux modèle 1911.

A sa mort en 1926, les méthodes de fabrication modernes et notamment l’acier embouti qui avait démarré au tournant du siècle pour l’industrie de l’automobile et du vélo étaient encore balbutiantes et la plupart des armes faisaient encore appel aux pièces forgées et moulées. Il existait plein d’idées non viables car impossibles à fabriquer de manière rentable comme on put le constater pour les débuts difficiles du B 25 (5). La société « de consommation » n’était pas encore née, et l’excellence ailleurs que celle qui prévalut après-guerre quand, selon Ferdinand Porsche la voiture de course parfaite était celle qui, première, menait toute la course, et tombait en morceaux une fois que le drapeau à damiers était atteint, les autres étant « trop construites » pour atteindre cet objectif. Toute la compétition s’en inspira (6), puis la fabrication à la chaîne décentralisée dans les pays à faible coût de main d’œuvre.

Là on faisait « une fois pour toutes », et si on regarde bien, toutes les armes de cette période avant la 3D, la CAO, (et bientôt l’intelligence artificielle) sont encore toutes là, et bien là, qu’elles viennent de Liège, St-Etienne, Eibar, Brescia, la quintessence de cette époque pouvant être représentée par l’ Auto 5 précité. Dans le même genre est encore fabriqué par exemple le semi-automatique Cosmi…mais à quel prix ? Dans notre société du « jetable » la longévité pourrait-elle tout à coup redevenir une idée originale ? N’oublions pas que l’ordinateur était au départ mécanique, la télé maintenant numérique un tube cathodique, et la tablette « tactile » le dernier avatar de l’écritoire du scribe de Toutankhamon...

1/ Voir archive du 18 janvier 2023.

2/ JMB fut reconnu d’abord premier inventeur, puis en appel ni l’un ni l’autre, mais Browning et Colt furent condamnés au final aux dépens du procès. Luger ne fit rien d’autre que le fameux pistolet automatique dont la cinématique n’était d’ailleurs qu’une amélioration du système Borchardt…

3/ La religion des Mormons, (dont JMB comme tout le monde sacrifia deux ans de sa vie au prosélytisme), admettant la polygamie, son père Jonathan eût trois épouses : John Moses et Matt étant les enfants de la seconde Elisabeth, et Ed, de la troisième Ann.

4/ Ed quitta en 1879 les cheminots d’Ogden (Utah) et s’attela jusqu’en 1887 à la production des prototypes sous la direction de JMB.

5/ Dévoilé en 1931 au mauvais moment, celui de la Grande Dépression, le superposé connut des débuts laborieux et on dût casser les prix de 995 dollars à 790 cinq ans plus tard, et il ne s’en vendit que 17 000 jusqu’en 1939, la production ne reprenant après l’occupation de la FN Herstal qu’en 1948 pour connaître ensuite le succès que l’on sait, du fait de la rationalisation de la production.

6/ Le meilleur exemple étant fourni par les firmes nippones, en moto et en automobile où tous les moules et matrices étaient systématiquement détruits d’où la difficulté de remettre sur pied certains modèles mythiques voire les séries anciennes. 

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25 septembre 2024

Comment on devient "old school" ou plutôt "vieille école" et même "vieux schnock" ! !

Encore une Ouverture de plus et plein de pensées douces amères sur le temps qui passe, et les accumulations armurières sans que pour nous d’ailleurs, il n’y ait plus d’effets sur le score global. L’arme de tir des kermesses estivales n’est pas celle de la battue, qui n’est pas celle de la sauvagine, et pour la chasse devant soi, il y a encore toute une clique hétéroclite qui se bouscule derrière la porte de l’armoire.

La question qui se pose aujourd’hui ce sont les phases successives dans la façon d’utiliser tout cet arsenal : si on était réaliste, on aurait une ou deux armes bien ajustées et basta…mais on s’ennuierait à faire des scores parfaits avec si peu de choses, et on repartirait in petto à la recherche de l’oiseau rare ultime. On peut disposer comme nous d’un Beretta Black Onyx et 8 chokes qui casse tout et qu’on brique inlassablement avant la date fatidique de l’Ouverture démarche juste et raisonnable au demeurant, mais il reste au clou car la meute du reste piétine à la porte comme les cabots à la porte du chenil. Nous ne sommes décidément pas vraiment rationnels, on choisit une femme pour la vie, mais allez savoir pourquoi, ce n’est pas pareil avec les fusils de chasse ! Si on regarde bien autour de soi, les meilleurs chasseurs-tireurs sont les gens d’une seule arme, mais l’autre côté de la médaille c’est que la variété est le piment de la vie.

Sans être démodé et romantique, l’âge nous incite à glisser vers les juxtaposés « ancienne mode » où, après le tir, il y a tout le temps de manipuler dans le paletot, les cartouches, surtout celles en carton qu’on peut tripoter avec jubilation pour les sélectionner chacune par canon. On préfèrera les extracteurs aux éjecteurs et la double détente car vous le concéderez sans doute, un juxtaposé à détente unique fait quand même un peu bizarre non ? Le système était facile à fabriquer et à moindre coût car la détente unique sélective avait plus de pièces mobiles complexes à usiner et à bien assembler. C’est comme conduire avec une boite manuelle ou automatique, la sélection du choke se fait instantanément et plus facilement que de manipuler le bitoniau sur le col de crosse, et pour l’éthique, dans l’urgence, à défourailler les deux coups à suivre.

Et puis, retour aux origines, celles des premières armes des jeunots impécunieux qui héritaient pour commencer des fusils « ringards » de la génération précédente, on glisse imperceptiblement vers de calibre 16 que Gene Hill (dans « Shotgunner’s notebook » ) voyait « comme le calibre parfait quand on utilise les normes classiques », et quand on lit ce qu’il a dit sur les chiens, on a naturellement tendance à lui faire confiance ensuite. La crosse anglaise s’impose alors pour le look comme le transport ouvert qui est la bonne manière d’aborder les autres en montrant qu’à l’évidence, l’arme est sûre.

Il est aussi naturel de la porter de la même manière sur l’épaule en fin de journée, même si le dossard est aussi plat qu’au départ, mais qu’on a bien le droit d’être fatigué et de boire une bière après une dure journée de randonnée dans les brousses. Toute aide est bienvenue pour le vieil homme qui a besoin d’une main libre pour se tenir en équilibre dans le dévers et que la chasse ne s’apparente pas pour lui à une initiation bien tardive au saut à l’élastique. On regarde de travers sa bretelle en cuir tressé, la fameuse « band…oulière » (…aïe, on va encore croire que c’est encore un artifice genre viagra pour vieillard usé !), et d’ailleurs, allez-vous soulager sous un arbre avec un « automatique » aussi facilement qu’avec un fusil qui se casse… Allez, bonne saison 2024-2025 à tous avec le recul que donne l’humour bon enfant qui apaise les frictions de la vie quotidienne.

22 septembre 2024

"Coon hounds" : de l'ours au sanglier !

Faut pas trop rêver, certains séries TV nous présentent la chasse au « hog » pratiquée par des nanas pulpeuses flanquées de  terribles molosses, chiens de « prise » interdits chez nous, mais les sites sérieux spécialisés US montrent plutôt une chasse aux courants assez similaire à la nôtre et le même dilemme entre chiens créancés et « gorgés », et autres plus massifs et polyvalents.

Le sanglier est un phénomène assez récent vers lequel sont allés naturellement les chiens courants qui tous, sauf le « Plott » dont nous allons bientôt reparler sont des mélanges de Foxhounds amenés en Amérique vers 1650 par Robert Brooke Ils mirent du temps à s’habituer au terrain et au climat, et retrempés de Bloodhounds pour tout ce qui traînait autour des fermes isolées, indésirables comme « coons » (ratons laveurs) et opossums, coyotes, lynx et ours noirs ou protéger le bétail et les gens dans les fermes isolées. Dès leur apogée dans les années 1820-1920, illustrée par le fantastique personnage de Ben Lily (1)  qui utilisait des chiens moyens, athlétiques et silencieux comme les Catahoulas (2), Black mouth Curs, on les opposa aux « coonhounds » de meilleur nez, plus gorgés, et surtout tenant mieux la distance sur la piste.

Ces « Walkers » que ce soit en treeing (pour acculer aux arbres) ou running furent croisés dans les années 1800 par des éleveurs du Kentucky et inscrits à l’UKC seulement en 1945, avec plusieurs déclinaisons : Bluetick (voir ci-contre à dr) et Redtick, Black and Tan de Virginie, Redbone autre chien rouge courageux et endurant Fox-Blood avec un peu de sang Irlandais. Plus encore marqué « bear », mais aussi maintenant sanglier (car, comme en France, le nombre de chasseurs a triplé là-bas en dix ans), le « Plott hound » a comme origine en 1750 un immigré allemand, fils d’un garde-chasse de la Forêt Noire qui débarqua à Philadelphie avec 5 chiens qui, depuis, ont fait souche dans le comté de Haywood. C’est une des seules quatre races reconnues spécifiquement américaine depuis 1946 dont le berceau est les Appalaches (3) et c’est toujours depuis 1989 le chien officiel de la Caroline du Nord.

Au départ ils protégeaient les troupeaux, et l’environnement peuplé d’Indiens hostiles puis de maraudeurs pendant la Guerre de Sécession, spécialisés ours noirs (4) sans oublier les prédateurs habituels. Sur des terrains la plupart du temps très accidentés, la chasse à l’ours débutait à l’aube à partir d’octobre, avec un ou deux chiens d’attaque, un peu comme nos « rapprocheurs » qui lançaient avant de découpler une petite douzaine de « cheerleaders » ou le gros de la troupe, pour mener et acculer aux arbres. Sur les plus petits animaux, bon grimpeurs, le chien pouvait, aux abois, rester des heures…mais face aux gros pépères ayant du mal à se hisser la-haut, la chasse changeait de nature, l’ours faisait tête et on se retrouvait un peu dans la situation de nos « fermes », encore que bien plus dangereux vu la nature dont l’ours est lui aussi « armé », et il y avait intérêt à faire vite.

De l’ours au sanglier il n’y avait qu’un pas vite franchi, surtout de nos jours où les chariots attelés de mules, et le son des trompes a été remplacé par des moyens techniques que nous connaissons tous : talkies, colliers de localisation, cuirasses en kevlar. Même si bien sûr, on n’a pas encore vu des sangliers monter aux arbres, l’objectif reste toujours le même, rapprocher finement, pour empêcher de prendre de la vitesse avant d’aller sur le privé, et des problèmes de chiens qui, à force d’être trop polyvalents, peuvent donner dans le change si on chasse « coons » et « hogs » au même endroit, en plus dans des états comme le Texas où par exemple au même moment le cerf de Virginie et le pécari sont interdits.

Comme chez nous, la prolifération des suidés fait qu’on y emploie tous les moyens et même les grands comme les tirs nocturnes, mais la « musique » des chiens y reste quand même appréciée comme la meilleure partie de la chasse, et les courants moins impressionnants que les molosses font toujours le job car « ce n’est pas la taille du chien qui compte dans le ferme, mais la taille de la combativité du chien ». Nous sommes tous d’accord avec ça…

1/ Ben Lily (1856-1936), voir archive du 7 janvier 2019, toujours à pied, avec sa petite meute de Catahoulas attachée à sa taille, dormait à même le col ou couché dans la fourche d’un arbre comme une vieille dinde. Il avait 500 pumas et autant d’ours à son actif, son chien « Crook » enterré le long de la rivière Sepillo en 1925 portait sur son épitaphe 210 ours et 426 lions de montagnes à son actif.

2/ Ce « chien léopard » est chien d’état de la Louisiane depuis 1939, dans une chasse à cheval dans des labyrinthes de marais entraînant des mêlées confuses où l’emploi des armes à feu est difficile. S’y ajoute le danger des serpents mocassins d’eau, et surtout des alligators qui happent les chiens au passage.

3/ En gros du Sud Maryland au Nord de la Géorgie, et de l’Ouest de la Virginie à l’Ouest du Tennessee.

4/ Malgré son biotope de plus en plus envahi par la civilisation, l’ours noir a retrouvé sa population des années 1900 soit plus de 865 000 animaux. La repousse forestière, moins de bétail à défendre avec plus de protection et une fine gestion de sa capacité de charge sociale à vivre avec les humains ont permis par exemple au Minnesota de passer d’une population de 6000 en 1971 à 24 000 en 2000.

19 septembre 2024

Balles en lisse : ...et pourtant elles tournent...un peu !

« Eppur si muove »…Le pauvre Galilée pouvait, comme nous en soupirant se lamenter sur cette évidence : comme notre planète, les balles pour armes lisses, tournent certes, mais si peu ! Et c’est de ce dilemme que naît toujours le « paradoxe » de la précision à pleine puissance dans le calibre douze. Et si c’est d’un autre « Paradox » inventé en 1889 par le colonel Fosbery pour Holland/Holland qu’est née une partie de la solution, elle est trop radicale pour imposer sa généralisation, et laisse donc la part belle au compromis que représente les balles à bourre attachée et à la fameuse Brenneke née elle aussi à la même époque.

A part les balles dites « techniques », ensabotées (BFS, Fier) d’ailleurs nées au départ en France dans les années 90 pour les forces de l’ordre américaines, c’est vers ce pays qu’il faut se tourner pour constater que c’est de là que s’est formée la réflexion la plus profonde sur le sujet. A cause d’abord de l’implication « home defense » inconnue et illégale en France, de nouvelles compétitions sportives comme le Cow Boy Shooting action, et bien sûr du rechargement omniprésent alors qu’il n’est plus qu’anecdotique chez nous. Bien sûr, le « jihad porcin » qui sévit aussi là-bas fait aussi turbiner les méninges autour d’un constat évident : toutes les balles pour fusil lisse ont un mauvais coefficient balistique et leur temps de vol est trop court pour vaincre l’inertie de grosses balles qui ont toujours du mal à démarrer leur rotation, et à terme, leur stabilisation.

Si on regarde bien, et c’est sans doute ce qui explique la pérennité du succès de l’invention de Wilhelm Brenneke depuis 1889, toutes les balles classiques non ensabotées, partent toutes du principe de la bourre attachée, mais différemment. Après, faut « faire tourner », mais comment ? Si on élimine d’entrée le susdit système « Paradox » (Holland-Holland), et celui du même nom des canons Hastings entièrement rayés (1) (au passage fabriqués en France par Verney-Carron !), il faut se repencher sur le contexte de la chasse américaine, et la révolution que fut, en 1931, la balle « Foster » (2) qui détrôna les anciennes balles rondes « pumkin » (3) pour la chasse au cerf de Virginie. Winchester la commercialisa aussitôt (1935) puis Remington et Federal du fait de la précision garantie de 5 pouces à 50 mètres.

Comme pour la Brenneke, autre balle « à ailettes », la confusion s’installa sur les 14 petites nervures destinées là aussi à faciliter le passage des chokes en bout du canon, de réduire les effets des irrégularités de fabrications, et quoiqu’on en dise de faciliter une rotation a priori inexistante, mais malgré tout bien réelle. Les tests opérés par Winchester en 1966, confirmés par ceux du FBI en 1991 donnèrent des groupes plus petits pour ces balles « rayées » et une rotation très lente (1/24) presque inutile, en gros de 3 tours à 50 mètres soit 1440 t/m quand une balle de « 30 » à percussion centrale fait 162 000 t/m ! Les caméras modernes ont montré qu’il ne s’agissait pas d’une stabilisation gyroscopique, mais d’une rotation lente qui corrige les déviations extrêmes un peu en spirale, comme l’empennage hélicoïdal des flèches. En fait, plus que les rayures, la traînée de l’air provoquerait une trajectoire un peu en tire-bouchon pour être stable à toute distance, la clef initiale étant de garder le projectile bien centré dans l’alésage pendant le tir.

La sortie (1959) de l’Ithaca « Deerslayer », premier fusil dédié à balle avec un alésage plus serré (.700) que la normale (.730) et uniforme d’un bout à l’autre sema un moment le doute et Lee comme Lyman firent alors des moules (.680) qui ouvrirent la voie aux projectiles ensabotés et donc une autre histoire. Une vingtaine d’états de l’Est ayant banni les carabines, il fallait allonger le tir avec ces munitions chères, mais tout le monde n’était pas prêt à abandonner la polyvalence du shotgun aux distances habituelles du « bush » (comme chez nous moins de 50 m), et le rechargement n’avait pas dit son dernier mot. Quelques grands auteurs comme Jack O’Connor s’étant émus que « les balles trop petites rebondissent dans les canons et s’y comportent comme des chaussettes remplies de sable », les grandes marques revinrent à l’alésage normal et toujours un léger « spin » dans des versions modernisées et simplifiées de la Brenneke pour les deux usages rayé ou non, bien représentées par la Trophy Fiocchi Aeroslug d’où sont issus tous les « sluggers » (4). Des projectiles ayant un peu moins d’énergie car moins lourds (28 grammes), seulement 470 m/s, plus agréable à tirer, certains étant, en plus assez souvent, « managed recoil » encore efficaces à 25 mètres. Un gros travail a été effectué aux USA où l’avantage de précision à plus de 100 mètres n’est plus utile : défense du domicile et tirs de compétition aux trois armes ou CSA (Cow-boy shooting action), qui commencent à arriver chez nous. Et on pourrait certes s’en inspirer si on tirait, comme c’est le cas chez nous dans le Bocage, des animaux pas trop gros, autour de 50 kg à quelques mètres, une vingtaine tout au plus. Ils pourraient représenter une alternative à tous ceux que révulse l’usage de la chevrotine maintenant autorisée dans une vingtaine de départements.

Vous l’aurez remarqué, on ne parle quasiment pas dans notre beau pays, des chokes rayés « balle » qui existent pourtant (5), et il y a sans doute une bonne raison, notamment celle qu’invoqua G.Trulock quand il arrêta leur fabrication car pas assez précis selon ses critères. Alésage .720 le plus souvent, à vitesse élevées de plus de 512 m/s pour les sabots, le pas rapide des rayures en bout de canon n’avait pas le temps d’opérer et les impacts étaient en trous de serrures, car la balle instantanément mise en rotation se déformait. Seule la faible vitesse des managed recoil (moins de 350 m/s) donnait satisfaction, avec en contrepartie de veiller au grain que chaque séance, (la poussée du tir resserrant un peu plus l’embout à chaque tir), sous peine d’aller débloquer tout ça ensuite chez l’armurier.

A la chasse, et ça vaut aussi pour la percussion centrale, la tentation est grande de considérer que « qui peut le plus peut le moins », et le tir à balles joue avec trop de choses à la fois alors qu’il faudrait avancer pas à pas dans les critères suivants et dans l’ordre : distance d’emploi dans les caractéristiques du grand gibier rencontré, précision-recul, et enfin pouvoir d’arrêt. On succombe trop vite aux sirènes du marketing et dans les travers habituels que sont peu ou pas d’essais, de recherche personnelle, de tirs en situation avant saison. Les clefs de la cohérence pour la précision étant d’offrir des munitions suffisamment similaires en taille-poids-fabrication par rapport au rechargement, donnent un grand avantage aux industriels qui pour des raisons de coût de production-vente, vont au bout de la culture du compromis.

1/Voir archive du 16 avril 2024

2/ Voir archive du 6 novembre 2021

3/ Voir archive du 11 avril 2O24

4/ Voir archives des 22 avril 2017 et 27 décembre 2022

5/ Voir archive du 4 janvier 2023

 

 

 

17 septembre 2024

Humour avant l'ouverture : comment chasser en duo !

Quelques conseils (1) avant l’Ouverture qui approche à grands pas, pour chasser longtemps, en tous temps avec sa femme, sa bonne amie, le vieux copain de toujours, ou encore mieux, un jeunot plein d’énergie et de vaillance.

Tout d’abord si votre compagnon n’est pas très robuste ou énergique, ne l’incitez pas à chasser, du moins en votre compagnie. S’il est faiblard et de constitution calamiteuse, laissez-le se débrouiller tout seul. En tout cas, que votre équipier soit un homme ou une femme, le principe sera, en réduisant votre effort, au minimum de ne pas gêner le sien. Nous nous trouvons toujours bien de cette méthode qui nous permet d’arriver à la pause du midi de l’Ouverture dans un état qui contraste singulièrement avec la fatigue de notre compagnon. Ce qui nous laisse plus de lucidité pour animer les agapes, donner les consignes, et prévoir le tableau de marche de l’après-midi.

Il faut que ce compagnon soit bien reposé pour repartir frais et fringant car, en plus de parcours notoirement accidentés, le cagnard frappera plus fort dans des moments où la cohésion de l’ensemble ne devra souffrir d’aucune faille. Dès qu’on arrive dans les taillis, il ne faut pas perturber notre acolyte par des mouvements désordonnés qui risquent de le distraire dans la menée des chiens, du parcours dans les embâcles, de la poussée du gibier exclusivement et prioritairement dans votre direction ainsi qu’il avait été convenu au départ. Tout au plus se limiter, par des encouragements de la voix et du geste, où quelques petits coups de trompe de rappel bien placés, le motiver à donner le meilleur de lui-même dans ces pénibles contorsions qui doivent faire voler vers vous les compagnies de perdrix, ou à bonne portée le capucin tant convoité. A la chasse comme à la guerre tout est organisation et discipline, laquelle, chacun le sait, est la force principale des armées.

Le plus prévenant pourra, après s’être désaltéré, lui proposer une légère limonade, mais en l’incit

ant à garder quand même des forces pour la prochaine traque qui s’annonce. Là, il vous sera possible de l’accompagner quelques pas, mais pas plus, et en vous gardant bien de le suivre dans les épinettes, les embâcles et les chablis pour éviter le chaud et froid, et autres inconvénients néfastes et contagieux. Ainsi vous arriverez en bonne forme à la corne du bois, pour l’inciter à garder la cadence avant qu’ils ne se refroidisse vraiment. A la chasse derrière les chiens, tout est en effet question de rythme. Votre rôle sera alors de lui indiquer par d’amples gestes, le chemin de la nouvelle enceinte à battre, et d’une voix de stentor, les caractéristiques des taillis, les difficultés du parcours à venir. Il ne faudra pas le laisser s’alourdir des provisions de la musette garnie de spécialités culinaires de la région traversée, dont vous vous serez, vous par contre, judicieusement pourvu à l’étape. L’arme à la bretelle vous permettra d’apprécier, avec les mains libres, pour largement y puiser, ces « encas » toujours les bienvenus, quand on bat la campagne.

Sans le perdre de vue un seul moment, il faudra l’aider à se concentrer sur les pistes, inlassablement faire le pied, observer les fumées, démêler l’écheveau des reposées dans les forts que hantent les bêtes fauves, déceler les coulées et les gîtes. De votre côté, bien rassasié, judicieusement calé le dos à un vieux chêne, bercé par le mouvement de ses efforts tenaces suivis attentivement mais à bonne distance à la longue-vue, vous vous laisserez aller à une imperceptible et envahissante rêverie, malheureusement rompue quand il criera à la cantonade « à vous », et l’arrivée impromptue d’un coq magnifique dont, pour le remercier de tant d’efforts, pour le noble art du grand déduit, vous conviendrez d’abréger le vol avec votre adresse coutumière et proverbiale. La Chasse possède en effet ce grand avantage de faire se côtoyer des gens très différents où la variété des paysages, et les situations changeantes, fournissent des sujets de conversation les plus hautes, et où la morale la plus élevée n’est jamais absente. Il faut en effet toujours encourager les louables efforts d’autrui. A notre âge, ayant été partout, tout fait, tout vu, tout entendu…le problème c’est qu’on ne se souviens pas toujours de tout !

1/ Librement inspiré de l’humoriste Tristan Bernard pour la bicyclette !

4 septembre 2024

Sanglier : au secours, la chevrotine revient !

Interdite depuis 1986 sauf en Corse et dans les Landes, cette munition tabou (1) revient dans trente départements dont chez nos voisins du Calvados, c’est dire l’affolement des pouvoirs publics face à l’invasion du sanglier. Y sommes-nous préparés, nous qui l’avons jamais connue sinon dans les récits picaresques de nos anciens ? C’est une munition encore plus capricieuse que les balles, c’est dire, et nous sommes loin d’avoir le retour d’expérience des Américains en la matière. Justement, tentons d’y voir plus clair.

Avec moins de parti pris administratif, la ligne de démarcation entre grenaille et chevrotine est différente avec l’Europe, même si le nom est assez proche, « buck » et « chevrot » faisant toujours allusion à un cervidé, mais pas de même acabit. Ils ont 7 tailles (2) de « buckshots » (de # 4 soit .24 à 000 ou .36 ce qui donne à peu près 9mm) quand nous on compte en grains, le « 9 » correspondant au 00 ou « double aught » qui reste la norme séculaire d’utilisation américaine, lequel s’imposera sans doute aussi chez nous à la chasse, car ces 9 ballettes sont plébiscitées par les « hog hunters » comme offrant le meilleur compromis masse-pénétration.

Si leur culture est bien plus évoluée que chez nous c’est qu’historiquement ayant été au départ affectée à la garde des prisonniers pendant la guerre de Sécession, les policiers vétérans la firent glisser vers la home defense, le service d’ordre, la guerre, et la chasse d’abord au cerf de Virginie de près, mais aussi aux nuisibles (coyotes), et autres opportunités par exemple la chasse au « Tom » (dindon sauvage) où soigneusement dissimulé, des opportunités de gibiers plus gros, voire dangereux (ours par exemple) peuvent se présenter. Alors que nous en sommes restés à la bourre grasse facile à ajuster avec l’Opinel pour entasser pile-poil les ballettes, toutes les chevrotines américaines sont des munitions premium bénéficiant d’intenses cogitations des services recherche et développement, avec des bourres sophistiquées (voir la Flite ci-dessous à g.), des plombs durcis entourés de « buffers » ou tampons, et de distances d’usages bien documentés par des centaines d’essais, notamment par les services officiels.

En principe remplacer 28 grammes de grenaille par 28 grammes de grosses ballettes ne devrait pas poser de problèmes, la pression étant même plus faible en raison de l’espace laissé entre les projectiles, mais tout l'enjeu vient de l’entassement des « boulets » pour les faire voler à plusieurs de manière cohérente. Les fabricants qui avaient testé le potentiel d’amélioration des grosses charges canard rapides et de l’étendre aux « buckshots » se sont vite calmés car d’une part, trop de vitesse détruit le modèle, et le compromis déjà difficile à trouver portée-puissance-précision est encore accru avec des ballettes moins nombreuses et plus grosses.

Ils se sont donc dirigés (Federal et Hornady notamment) vers un moindre mal, une conception de bourre qui maintient le plus longtemps possible 9 à 12 ballettes, la plupart du temps de Hevi Shot un alliage de tungstène, fer et nickel, et la plupart du temps « tamponnées » c’est-à-dire noyées dans une poussière de matières en quelque sorte « lubrifiantes » pour les empêcher d’interagir ensemble et de se nuire dans la cohésion de la gerbe. Tout ça bien sûr dans des canons modernes CIP, chokés de lisse à M, parfois surmontés de spécifiques « boar blaster » (Trulock, Carlson, (voir ci-contre à dr.) à 5 niveaux progressifs de serrage toujours pour ralentir la bourre sans trop déformer la liasse. Il faut le signaler, aucune des 5 munitions du hit-parade (3) ne préconise plus de 35 mètres d’utilisation, et donc avis aux amateurs hexagonaux qui vont vouloir se lancer à refaire comme Papy autrefois pour mitrailler les compagnies qui déboulent au loin !

La grosse erreur est en effet de croire qu’en « fanant » avec un motif plus large on aura plus de chance d’atteindre à la limite un coyote ( ou plutôt renard chez nous si on veut !) voire chevreuil qui n’a rien à voir avec un sanglier à peau épaisse et deux ou trois fois plus lourd. La chevrotine est dévastatrice à courte distance quand la gerbe est grosse comme le poing certes (4), mais c’est qu’on est beaucoup trop près pour tirer sur un gibier dont la réaction peut être dangereuse. C’est-à-dire la distance où il est capable de vous voir, et vous identifier comme une menace décidant alors de vous charger au lieu de s’enfuir. Les sites US « hog » documentent fort bien ces situations où sur tirs nocturnes, vous blessez des animaux de plus de 100 kg et où une ou deux ballettes tirées au petit bonheur la chance sur des animaux disposant d’une « armure » (5), (et en plus « armés » c’est le cas de le dire « jusqu’aux dents », au sens où nous l’entendons à la battue), vous place face à cette alternative : « soit vous le rendez fou, soit vous le perdez », car en plus la recherche au sang est quasi impossible. Le tir lui-même est différent, il ne s’agit plus de tirer à l’épaule, mais au cou, exercice bien plus difficile illustré dans les écoles de tir américaines où en situation d’urgence, à 10 mètres les néophytes impétrants, en situation de stress, mettent la moitié des ballettes hors-cible !

Comme on le voit, plus encore qu’avec les balles où le choix est déjà compliqué, même après essais, sur le métier il faudra encore cent fois mettre l’ouvrage avant d’utiliser cette munition quasi oubliée, sans pour autant sans doute trouver la solution au fléau qui concerne maintenant en premier lieu les chasseurs. Les agriculteurs veulent qu’on les tue tous sans pitié ni rémission, même les marcassins, mais sans qu’on mette les pieds chez eux. Les rurbains et écolos qu’on en débarrasse leurs plates-bandes et pelouses mais ne veulent pas savoir où ni comment, et les politiques veulent bien qu’on les chasse et se moquent qu’on les tue ou non, pourvu que ça leur coûte pas un rond…Ah pour sûr, on y tourne justement…en rond et c’est pas le sertissage du même nom qui s’imposait autrefois sur cette munition si décriée il y a encore quelques mois, qui peut nous en sortir !

1/ Effets du politiquement correct, comme pour le fusil à pompe, son emploi n’est parait-il réservé à l’élite de nos forces d’intervention que pour…l’ouverture des portes !

2/ Alors que traditionnellement nous avons 9-16-21 grains, les chasseurs US emploient aussi des # 3 (20 grains), # 4 (27 grains) qui peuvent doubler en 3 pouces (chambre 76) Magnum. Le 0 tasse 12 grains, le 00 calibre .330 neuf ballettes de 9 mm, chacune de 53 grains comme une balle ronde cette fois de 222 Remington.

3/ La classique Winchester XX (9 grains) préconise emploi 25 mètres, tout comme la Federal Power chok (6 des neuf billes encore groupées à 25 m.). Pour Remington, l’Ultimate Defense aussi utilisée à la chasse groupe ses neufs ballettes dans 21 cm à 35 M. Hornady et Federal avec bourres Versatite et Flite Control sont les plus abouties poussant à 30 m, mais avec plus fort recul.

4/ Les essais d’un célèbre site (Box of Truth) ont montré qu’une 9 grains de 00 groupe à 3 mètres met toute la gerbe dans un trou de 12 cms (plus la bourre !), 24 cms à 7 mètres, 60 cms à 15 mètres, 66 cms à 20 mètres mais c’est la dernière distance où les 9 (gros !) plombs sont toujours dans la cible, à 30 mètres il n’y en a plus que deux, les autres sont on ne sait trop où, au diable bouilli…

5/ Le sanglier est dit « armé » quand ses fortes canines du dessous, aiguisées sur les « grès » du dessus, dépassent fortement de la mâchoire, risquant de découdre les chiens, mais aussi l’imprudent posté sur son passage dans la « coulée » où il aura « pris son parti » de franchir la ligne. L’armure est le haut du dos, particulièrement renforcé où les mâles s’empoignent lors des luttes du rut, et aux USA avec les « cochongliers » liés au métissage avec des races domestiques s’y ajoute une forte couche de lard qui peut faire deux pouces, presque 6 cms.

 

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