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FCM 25.00
3 octobre 2016

Rapid et Perfex, au bon temps du "made in France"

Au moment où le « made in France » revient à la mode, replongeons nous au bon temps de la « Manu » (1) qui nous sortait des outils innovants certes mais controversés, notre législation absurde les rendant obsolètes au mauvais moment. Les fusils « Rapid » et « Perfex » ont hanté nos lectures de jeunesse à la lecture du « Chasseur français » où quand on feuilletait le célèbre catalogue que recevaient près de deux millions de foyers !

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Ces deux armes se promènent encore assez souvent sur les sites de ventes aux enchères, ou reviennent dans nos panoplies via des successions, des héritages, et de nombreuses questions se posent pour la législation (pas piquée des vers on va le voir) ou encore les pièces, et la fiabilité de ces engins. Le Rapid est né en 1958. C’est un « fusil à pompe » classique, terme qui lui a valu pas mal de déboires notamment administratifs. Il permettait de tirer 4 ou 7 coups (avec une rallonge), se fit en 12 et en 16, et même en 20 chambré 76. A partir de 1971, l’option Orkral (ou plastique) était ultra moderne et ce fut même le premier « ouvreur de portes » du GIGN, désormais remplacé par du Browning.

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Face à la ribambelle de ses concurrents US de conception bien antérieure, il souffrait, même si certains ont tiré des milliers de cartouches avec, d’une certaine fragilité : pièces rivetées, bras de commande certes en acier mais unique, et une certaine tendance à prendre du jeu à la longue malgré de louables préoccupations de sécurité : pas de percussion sans verrouillage complet ou si la détente était déjà pressée. Polémiques franco-françaises oblige, surtout en matière de législation armurière erratique liée à « l’air du temps », celle des braquages du grand banditisme, le bon Monsieurr Pasqua, celui qui voulait (déjà !) « terroriser les terroristes » en faisant interdire en 1998 les « fusils à pompe » mit un sacré coup dans l’aile au bon vieux Rapid qui ne faisait pas de mal à grand monde sinon au gibier d’eau ! Les chasseurs honnêtes qui les déclarèrent furent abominablement pénalisés. L’autorisation était à renouveler sous 5 ans, l’administration pouvant sans raison la refuser, et les gendarmes venir vous signifier d’avoir à obtempérer vers trois solutions toutes absurdes : abandon de l’arme à l’Etat, à un armurier chargé de la destruction, ou neutralisation via le banc d’épreuve de St-Etienne ! Tout ça sans indemnisation, et même à vos frais de port l’envoi devant même se faire en plus via deux colis obligatoires !

D’un département, et d’un préfet à l’autre, selon l’air du temps (celui de l’activité du grand banditisme dans votre région) on put ainsi soit continuer à s’en servir avec l’épée de Damoclès au- dessus de la tête, ou grâce à l’avis de la commission interministérielle du 4 juillet 2003, être autorisé à une modification de la glissière en un levier côté droit…mais qui n’en faisait plus qu’un « deux coups » ! Faible intérêt donc, sinon à « sauver » une arme à laquelle on s’était peu à peu habitué.

Le Perfex qui suivit en 1961 en était dérivé, avec beaucoup de pièces interchangeables (2) avec le Rapid, un fonctionnement par emprunt de gaz, une canonnerie au top (3), mais une mécanique trop compliquée ne pouvant que lui nuire au moment où les semi-autos italiens, moins chers, mieux finis, commencèrent à inonder un marché où le Browning Auto 5 (mais suivant une autre technologie, celle du long recul du canon)  était déjà roi depuis longtemps. S’ensuivit une atmosphère de loterie : certains étaient très fiables, d’autres se montrant réfractaires à « tout manger » ce qu’on demande habituellement à ces armes-outils, réputées dures au mal et sur les terrains les plus difficiles. La qualité inégale de certaines pièces s’accommodant mal d’un système oùil y a beaucoup de frottements (4) et aussi d’une conception plutôt faite pour la « mode » à l’époque des grosses cartouches en 36 grammes, quand beaucoup de chasseurs  ruraux continuaient de se servir de « petits culots ». D’où enrayages en vue, retour chez l’armurier, réglages sans fin, etc.

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Tous ces obstacles accumulés finirent par avoir la peau de ces armes néanmoins mythiques car elles évoquent une belle image d’autrefois, celle de la Manu qui a encore ses fans. Notre époque celle qui veut évoquer une « identité » (heureuse ou pas) étant à la nostalgie, on trouve désormais des fusils à pompe strictement légaux, pourvu, depuis l’automne 2013, qu’ils aient un canon rayé ou boyaudé. Une disposition utile pour le tir dispersant (bécasse par exemple) ou à balles (grand gibier). Une de nos grandes marques française a même trouvé une belle astuce qui fait la nique aux législations absurdes de notre pays  en commercialisant un pompe certes rayé, mais dont ces dernières sont inopérantes sur la gerbe qui s’en échappe !

1/ Au début des seventies la Manu comptait 4000 salariés, expédiant 20 000 tonnes de marchandises dans le monde dont 80 000 fusils soit 70 % de la de la production annuelle française d’armes de chasse.

2/La SARL Manufrance actuelle propose encore des pièces détachées pour le Perfex, mais malheureusement pas pour le Rapid. Les sites US par bonheur viennent à la rescousse tout ça parce que là-bas ils furent importés sous de nombreuses marques : Colt, Viking, Marlin, etc. Voir ce site : http://www.gun-parts.com/manufrance

3/Ame de 18,2 éprouvée à 1200 bars, la Manu fournit des canons notamment à Benelli et Purdey. Ils étaient souvent estampillés « choke chasse », nomenclature propre à la Manu donnant entre le demi et le trois-quarts.

4/Petit rappel pour tous les possesseurs de semi-auto…même de nos jours. Les canons, à moins d’utiliser un « snake », doivent impérativement être démontés pour y passer l’écouvillon dans le sens classique soit de l’âme vers la bouche. Sinon on envoie tous les résidus de poudre dans le boitier de culasse, et surtout dans le bloc-détente qui doit alors, en chassant les deux goupilles être nettoyé à la soufflette et au white spirit, puis lubrifié, légèrement, à l’huile fine. En règle générale, éviter trop d’huile sur ces armes soumises à plus de frottements que les classiques « deux coups »,  car elle accumule la crasse dans les moindre petits recoins.

Notre photo ci contre, extraite du catalogue de la Manu de l'époque : on y voit les deux armes dans leur contexte, notamment vestimentaire qui a un peu changé. Il y avait pas encore de "camouflé" ! Mode qui nous est venue moins de l'exploitation des surplus militaires que de la chasse aux Etat-Unis. 

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