Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
10 novembre 2016

Il n'y a pas "une" mais "des" Brenneke !

Ah, « la » Brenneke, la fameuse « balle à ailettes » ! Depuis 1898 quand elle fut inventée pour les fusils lisses par W.Brenneke, inventeur entre autres du 8 mm Mauser munition de deux guerres mondiales, elle en a mis par terre des sangliers, et fait couler de l’encre et de la salive. Incontournable, son crédit ne fut jamais entamé par une concurrence effrénée (voir le post précédent), et à peine encore de nos jours par des structures bien plus techniques (Sauvestre, Fier par exemple).

téléchargement

 

Ce fut pendant des dizaines d’années la balle lisse de référence, et elle garde ses défenseurs pour toutes sortes de bonnes raisons : technologie éprouvée et amortie financièrement donc moins chère, « cote d’amour » liée aussi à l’état d’esprit des chasseurs, toujours plutôt traditionalistes. On a tous eu un papy qui chantait ses louanges, ou récupéré des quantités de ces munitions offertes par des vieux copains qui arrêtaient de courir la campagne, ou tout simplement par les veuves de ceux, hélas, partis au ciel rejoindre St-Hubert…C'est toujours avec émotion qu’on manipule ces vieilles prunes patinées par leur long séjour dans les profondeurs des carniers, et maintenant tout juste bonnes à trouer quelques bidons, au fond d’une carrière quand on règle les canons (1).

Tout le monde fait (2) ou a fait de la Brenneke avec au départ seulement des différences minimes de présentation, les normes internationales CIP, obligeant à employer peu ou prou les mêmes chargements. De nos jours, sous la menace des balles « techniques » évoquées plus haut, lesquelles occupent une part de marché de plus en plus importante, la situation s’est diversifiée pour la Brenneke dont le nom reste porteur et l’efficacité relancée comme on va le voir via, en gros, trois grandes familles.

L’ordinaire ou « classic » reste une référence pour toute chasse sur un sanglier  « de base » disons autour de 50-60 kgs : sa silhouette est archi connue, bourre liège stabilisatrice sur un pruneau de 31 gr. Volant à 430m/s et près de 3000 joules à la bouche. Bon, à 50 mètres, vu la surface frontale élevée elle perd vite de la vitesse et chute donc rapidement (3) et tombe à 1500 joules, de quoi néanmoins, sur une « bonne » balle tirée à 30 mètres sécher net le moindre ragot.

mp512-513-bd

Bien sûr, les encartoucheurs ne pouvant rester les bras croisés sur une conception quasi centenaire ont revisité l’affaire pour proposer désormais des Brenneke « améliorées » : il y a désormais des téflonnées, des empennées, des Magnum, des Mini Magnum, des Super Magnum. Certaines (Uppercut) passent dans tous les chokes, d’autres sont destinées à la cible (KO), toutes améliorent la vitesse, la Speed par exemple monte à 520 m/s pour un projectile de 28,5 gr. La puissance d’arrêt monte aussi : une Super Mag à ogive de 39 gr frôle les 4000 joules, la plus puissante étant l’ Opal qui envoie un boulet de 43 gr à près de 500 m/s et plus de 5000 joules à la bouche et encore 2173 joules à cent mètres. Avec ses rayures inversées pour prendre celles des semi-autos lisses américains on la destine aux bisons et aux ours, voire en Afrique comme arme de sécurité pour les guides contre les lions blessés et avec des semi-autos 5 coups ! De quoi « voir venir ».

Enfin, éternel dilemme entre la masse et la vitesse, pour privilégier cette dernière, certains  comme cela avait été fait pour des munitions désuètes (Blondeau, Prévot, Wonder) remises au goût du jour ont ensaboté des sous-calibrées. C’est le cas de la fameuse « Rubin sabot » qui, peu à peu, arrive à bien se placer aux côtés des balles techniques. Sa masse est, par le fait, plus basse (28 gr), mais elle garde encore 1868 joules à 50 m où précise, et avec peu de recul, elle fait merveille dans des semi-autos dédiés à la battue, le canon unique portant mieux et plus uniformément une balle donnée. Equipé d’un frein de bouche qui diminue le coup de fouet au départ du coup, et avec un recul acceptable on triple ainsi plus facilement au passage d’une compagnie. Les Brenneke « S » et Speed partent du même principe. La « S » ne fait que 24 gr, et vole à 615 m/s.

Toutes ces munitions récentes doivent être bien sûr tirée dans des fusils modernes ayant subi l’épreuve supérieure, et pas dans le Robust du grand-père au prétexte qu’en 1955, il avait tué avec une « balle à ailettes » son unique bête rousse dont la hure prend d’ailleurs encore la poussière au grenier ! D’ailleurs profitons-en pour expliquer que ce rainurage ne visait aucun effet gyroscopique mais seulement pour le passage des chokes  (souvent fixes à l’époque) pour que le refoulement du métal trouve la place où se loger.

sanglier

En règle générale (sauf bien sûr les ensabotées a priori censées passer partout), la Brenneke se tire dans un canon lisse ou jusqu’à demi. La critique souvent entendue : pas de sortie…mais c’est le signe que toute l’énergie s’est dissipée dans l’animal…et 2500 joules à 30 m. donne déjà un sacré choc hydrostatique…après faut voir le placement de la balle. N’importe quelle Brenneke fera le boulot sur un grand brocard. Là où ça se corse c’est sur le large éventail de masse rencontrée chez le sanglier où il ne faudra pas se tromper de munition.

Entre une bête de compagnie d’une quarantaine de kgs, et un gros « keiler » qui en fait quatre fois plus faudra choisir…entre la masse et la vitesse ? Eternel débat que l’on retrouve d’ailleurs pour les armes rayées…Une indication : la sagesse populaire ne dit-elle-pas « qui peut le plus peut le moins » ?

FILE0041

 

1/Ces vieilles munitions sont faciles à repérer, elles étaient toutes en 12/65 ou 12/67. Périmées, elles ont pris des chocs, l’humidité. Ne leur confiez pas l’issue du passage du sanglier de l’année !

2/Liste non exhaustive des fabricants : Fob, Ediloisir, Fiocchi, France munitions, Jocker, Mary, Prévôt, Riffaut, Rio, Rottweil, Roumaillac, Tunet, Unifrance, Vouzelaud, et même Winchester s’y est mis (l’Emerald) !

3/Petit rappel de sécurité : une Brenneke classique tirée à l’horizontale ne « tombe » qu’au bout de 300 m. Mais tirée vers le ciel à 30°, en 15 secondes elle fera un bon kilomètre et retombera encore avec une force de 61 joules. De quoi encore facilement blesser ou tuer celui qui aura senti passer le vent du boulet ! Voir à ce sujet les statistiques et le beau site balistique de Joël Serre. 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité