Les "armes parlantes " de la chasse

La chasse est une activité où la tradition a une large part qui imprègne l’histoire des régions, la toponymie ou l’histoire des noms de lieux. Délaissant volontairement les animaux classiques du bestiaire (lions, aigles, gerfauts, léopards), nous allons voir en quoi la chasse illustre encore notre paysage culturel à travers les armoiries.

Instrument emblématique, le cor apparait souvent sur les armes modernes, sa forme médiévale est le huchet, corne animale qui servait aux veneurs à se situer mutuellement dans la forêt. Le vieux verbe « hucher » était particulièrement employée à la « huée » ou la chasse « à cor et à cri » dont on se souviendra à dessein les célèbres vers de Molière : « Dieu préserve, en passant, toute sage personne, d’un porteur de huchet qui mal à propos sonne » ! Le grelier ou olifant était un cor de chasse plus puissant. La trompe à trois tours était utilisée dans la vénerie du cerf à ne pas confondre avec le cor allemand aux possibilités musicales plus limitées. C’est le marquis de Dompierre maître de chasse de Louis XV qui créa, outre de multiples fanfares, la trompe à un tour. Le cor symbole de courage et d’ardeur indiquait aussi les droits de chasse on le retrouve sur les armoiries de Chantilly (ci-contre à g.), les Essarts-le-Roy, le Vézinet, St-Marc-du-Cor (Loir-et-Cher). Des familles en faisaient leurs armes parlantes comme les Cornac, de Queyssac en Limousin.

Observons maintenant celles liées aux animaux, en premier lieu les chiens, deux seuls retenus en héraldique : le braque mais sans ressemblance avec les races actuelles (la famille limousine Brachet de Pérusse), et le lévrier (famille auvergnate de Maisonseule). Nous qui sommes voisins de St-Malo, retiendrons que ses fameux « chiens du guet » (qui étaient, en fait,  des dogues) sont représentés par des lévriers qui portent un collier d’hermines bretonnes.

Roi des animaux de chasse, le cerf (ci-contre à droite, armes de Maroilles) fut mis à la mode par Charles VI qui le mit dans ses armes, il est aussi symbole de justice, en Normandie la famille Leverrier de la Noé le porte dans ses armes. La biche intervient plus rarement : famille Bichier des Ages en Picardie. Le chevreuil n’existe pas en tant que tel sinon assimilé ou bouc et au bouquetin avec encore des analogies de noms (les Boucards de Normandie) ou de la région où les capridés sont présents comme la région des Grisons.  Le sanglier, (ci-dessous à g. Ebersheim en Alsace) chassé déjà par les Gaulois est symbole de courage et sa hure illustre les blason des Ardennes, de St-Pol-de-Léon en Bretagne ou de St-Pourçain dans l’Allier. Le loup apparait partout où il était présent et chassé en grand nombre particulièrement en Bretagne : Tréguennec, St-Thégonnec. Le renard est représenté pareillement sauf sa queue qui  n’est pas pendante à l’image de la ville de Chateaurenard, le goupil d’or étant associé à un château de gueules (de couleur rouge).

Les analogies de noms font florès : l’écuyer Robert Tesson, ou François Tesson sieur du Mesnil-Batisson pour le blaireau et toutes sortes de plus petits animaux.  L’avocat Louis Fouysneau avocat à Ancenis (la fouine), Hugues Clapier bourgeois de Nantes pour le lapin qui, comme le lièvre évoque l’abondance. Plusieurs communes l’ont mis ainsi à l’honneur : Ambrines (Pas-de-Calais), Buzon (Htes-Pyrénées), Cunelières (Belfort), la Varenne (Maine-et-Loire).

Hiboux et chouettes sont souvent associés ou confondus avec  les aigrettes, et c’est l’analogie de nom qui prévaut : Choue (Loir-et-Cher), les Choux (Loiret), ou les Peschart sieurs de Beaumanoir en Bretagne, notamment du fait des combats de la Chouannerie.