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16 décembre 2017

Le bécassier et son chien

Vent et froidure, c’est la saison de la bécasse, un vrai gibier sauvage de spécialistes puisqu’il en est des fusils comme des chiens « bécassiers » ce qui ne voulait pas forcément dire grand-chose avant les années cinquante (1) où il y avait du gibier partout et où le bel oiseau n’était souvent qu’une opportunité de passage comme la grive ou le ramier.

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Justement c’est quand nous avons commencé à chasser, des années 70 qu’on a vu cette spécialité se développer. Le lapin disparaissait suite aux ravages de la « myxo », mais aussi le petit gibier sédentaire après les mutations du monde agricole : remembrements massifs, perte des biotopes habituels du faisan et de la perdrix. C’est aussi de cette période qu’on doit d’autres « bifurcations » cynégétiques importantes (2) vers le gibier d’eau, très influencé par les techniques nord-américaines, puis du pigeon ramier, cette fois du côté de nos voisins britanniques.

sett et bec

Les chiens d’arrêt ne datent certes pas de cette époque, mais c’est à ce moment que les chasseurs, selon les endroits où ils chassaient, leurs goûts ou leurs habitudes, ont opté pour des chiens que l’on peut en gros classer en trois catégories : ceux de grande quête, les broussailleurs, et ceux qui chassent « sous le fusil ». Les spaniels et autres cockers étant un peu en dessous car ne marquant pas vraiment l’arrêt, nous allons en reparler.

envol becasse

Les setters et pointers sont des athlètes qui ont besoin d’espace, sont plus difficiles à conduire. Le premier, est avec l’épagneul breton le plus répandu en France car sa variété de robe est importante depuis que Sir Edward Laverack a fixé la race fin XIXè : il y a le « blue belton » (noir et blanc), l’orange (blanc et feu), le lemon (jaune et blanc), le tricolore (feu, marron, blanc). Un peu plus grands, le Gordon, du nom du duc écossais du même nom est noir sombre et rouge feu aux extrémités et l’Irlandais (entièrement couleur acajou) sont un peu marginaux : le premier moins rapide au bois, le second particulièrement fougueux, mais ils ont eux aussi leurs utilisateurs et défenseurs passionnés.

Faisant un peu la liaison avec les broussailleurs les braques sont des chiens solides avec peut-être un peu moins de « nez » mais appliqués, le drathaar bien développé en France depuis les années 80 étant vraiment un chien « tout terrain » proche du griffon Korthals, vaillant, bon au rapport même au marais, ces chiens déjà de bonne taille pouvant également mettre sur pied du grand gibier comme le sanglier.

images (4)

Mais chez nous, le plus polyvalent, le plus utilisé dans tous les domaines de la chasse d’ailleurs c’est l’épagneul breton. Petite taille, bon nez, entrain indéniable, c’était au départ un petit chien de ferme finistérien qui fut croisé avec des setters bécassiers venus avec leurs maîtres d’Angleterre, tant l’Armorique est réputée accueillir la belle mordorée. Son format idéal, ses robes diversifiées qui vont du plus ou moins tacheté de roux et de blanc, voire des touches de noir en font un chien qui reste « sous le fusil » et peut quasiment tout faire : arrêter, lever (3), rapporter partout en plaine comme au bois et à l’eau, tout en restant un joyeux compagnon pour toute la famille. Il a un cousin, l’épagneul français qui est un peu plus grand, mais qui possède les mêmes qualités.

Même s’il ne faut pas oublier les spaniels,  les springers, et les cockers qui, eux aussi, sont des chiens modernes conjuguant efficacité et confort d’utilisation et sont donc aussi utilisés par les bécassiers. Ce sont des chiens qui ne marquent pas ou fort peu l’arrêt et qui « bourrent », broussent et certes rapportent, mais plus leveurs et râtisseurs que véritables chiens d’arrêt. Leur quête réduite liée à leur format les fait chasser à proximité de leur maître ce qui n’est pas le moindre atout face à un oiseau qui piète inlassablement et sait déjouer l’avancée des chiens et des chasseurs. C’est ce qui d’ailleurs, génère une telle passion sur un gibier véritablement sauvage et, ce qui ne gâte rien, une véritable reine de la gastronomie cynégétique. Tiens, on verra ici un de ces jours, avec quel vin la servir…

téléchargement (1)

1/ Le club national a été fondé en 1951 avec au départ seulement 362 adhérents. De nos jours on en dénombre plus de 4000 avec 80 sections départementales et 25 à l’étranger. On lui doit des avancées spectaculaires dans la reconnaissance de l’espèce comme l’interdiction de la chasse à la passée en 1967, la vente et le tir à la croûle en 1978, la lutte pour un prélèvement minimum commencée dès 1985 et finalement adopté en 2011.

2/ Par traditions locales il y a toujours eu des spécialistes du gibier d’eau (Somme Baie du Mt-Michel ou des Veys dans notre région), et du ramier (Landes, Aquitaine, cols pyrénéens) dans les régions de passage. Par là, nous voulons seulement dire que, lassés de la perte du petit gibier traditionnel, nombre de chasseurs se sont alors « spécialisés » en chassant avec des accessoires (leurres, appeaux, etc.) que l’on trouve désormais partout. Ces chasses de spécialistes (même chose avec le sanglier) prennent le pas sur les chasses traditionnelles, notamment auprès des jeunes permis qui, par la force des choses, se « spécialisent » bien plus vite que nous autres des générations précédentes.

3/ Sur une chasse privée où participe l’auteur, avec biotope particulièrement fourni et impénétrable,  le plan de chasse chevreuil  se fait en grande partie avec un seul épagneul breton particulièrement bien dressé qui  avance prudemment, arrête, met sur pied, lance sur quelques mètres et revient vers son meneur en faisant méthodiquement chaque roncier.

 

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