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FCM 25.00
3 janvier 2018

Juxtaposés américains III, suite et fin : état actuel

Après la seconde guerre mondiale l’intérêt local pour les armes doubles diminua, tout ça sans doute parce que les G.I’s ayant pris l’habitude d’Utah Beach à Iwo-Jima,  de tirer en « automatique » (semi-auto plutôt en fait), avec leur Garand, se mirent à rechercher une action similaire pour leurs fusils de chasse !

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Parker avait été acheté par Remington en 1934, Fox par Savage en 1929 et LC Smith par Marlin en 1945, ne fabriquant en gros que 2500 armes de ce type  jusqu’à la fin du fameux « elsie » (jeu de mot avec L.C. Smith) en 1972. En  collection, si l’on suit les sites US spécialisés, ces fusils Fox et Stevens ne sont pas du même niveau que Parker ou Smith, et surtout Lefever. Ils sont à comparer à ce que serait chez nous, par exemple l’écart de prix entre un Robust face à un Ideal.

En fait, et pour résumer cette époque difficile à suivre à cause des regroupements industriels, c’est le protectionnisme américain pour maintenir ses usines en activité, (et les droits de douane exorbitants allant avec !) qui empêchèrent  les étrangers et surtout les  Belges, particulièrement bien placés en ce domaine, de se frayer un chemin là-bas. A telle enseigne que les plus ingénieux armuriers US comme J.M. Browning durent traverser l’Atlantique en sens  inverse pour commercialiser leurs trouvailles…et même y décéder en 1926 !

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Même si la production armurière américaine générale était largement capable de faire face à celle de la concurrence européenne, sur le plan des juxtaposés on se rend compte qu’elle ne put jamais la suivre en nombre comme en diversité. Ithaca n’avait produit que 225 000 « side by side » en 1926, Fox autour de 200 000, chiffres à comparer par exemple avec la seule production française : Darne avait atteint les 120 000 armes en 1932, et Manufrance produisit 74 000 Ideals entre 1888 et 1939, sans même parler des 950 000 Robust entre 1920 et 1985 ! Et côté « tout venant » de ce genre notre bon vieux Robust fut toujours bien meilleur qu’un Stevens. Même Winchester avec son modèle 21 (encore produit jusqu’en 1991, mais au compte-goutte) aux épreuves surdimensionnées dans sa période John Olin (30 000 exemplaires de 1931 à 1960) pour tirer les grosses cartouches magnum dont nous avons parlé il y a quelques jours ici, ne put jamais rivaliser avec la renommée de la triple épreuve de notre banc d’épreuve national,  mais surtout faire  face à la diversité de la production européenne dans le domaine des « deux coups ».

Les innombrables sites et revues spécialisées recensent Outre-Atlantique, des « hit-parade » des dix meilleurs fusils de chasse américains du siècle qui confirment un peu cet état d’esprit allant vers des armes solides plus que fines où paradoxalement on trouve,  les juxtaposés cités plus haut,  étonnamment inconnus en France sinon par quelques spécialistes. Le magazine Outdoor life met en tête de sa liste, et dans cet ordre, les trois juxtaposés emblématiques du pays dont nous venons de parler : Parker qui en a produit quand même 240 000 entre 1880 et 1930, Fox un des premiers  à s’adapter aux cartouches super X, Lyman Smith lui aussi adepte des cartouches magnum, racheté par Marlin en 1945, puis Galazan en 1990 lequel sortit de très belles séries, malheureusement non importées ici entre 1968 et 1971. Dans ce palmarès  on ne trouve que deux superposés : le Remington 3200 fabriqué pendant à peine dix ans (1973-1983), et le Browning B 25 bien mieux connu de ce côté de l’Atlantique mais pas vraiment « américain » sinon par l’origine de son inventeur. Les semi-autos (Remington 1100, Browning auto 5), et le « pompe » Remington 31, précurseur du 870 Wingmaster produit après-guerre à des millions d’exemplaires, se taillent bien sûr la part du lion dans ce « hall of fame » de la production armurière US où on s’étonne juste de ne pas trouver le Winchester 87 :  un 12 à levier de sous-garde, légende de l’Ouest américain également conçu par J.M.Browning et qui contribua d’ailleurs beaucoup à le lancer et le faire connaître.

Pub Lefever

 

A l’heure actuelle, seuls sont recensés comme « made in USA » : Ruger avec son récent « gold label », Galazan qui a repris le Winchester 21 sous ce nom et sa marque propre,  une reproduction de Fox par AH New Britain dans le Connecticut, et Steve Lamboy pour le double Ithaca près de Buffalo. La dernière AG de la NRA vient tout récemment en avril de voir la sortie d’un nouveau Fox grade A par Savage. Il s’agit en 20 et 12 d’un système Anson, double détente crosse anglaise en noyer US poncé-huilé, canons Chromox, bascule jaspée du plus bel effet, mais à un prix qui n’est plus celui des modèles de base vus cent ans plus tôt (5000 dollars). Des séries inspirées de L.C. Smith ont aussi été faites mais en Italie chez Fausti (12 et 20), et Zabala Espagne (28 et 410), tout ça en petit nombre mais pour des amateurs éclairés plus nombreux qu’on le croit, surtout aux States où tout est multiplié par dix et donc même le nombre de collectionneurs et de fans friands de polémiques armurières interminables comme la rivalité Elmer Keith- Jack O’Connor sur les balles rapides et légères contre les balles lourdes que nous évoquerons dans notre prochain envoi !

Les forums Outre-Atlantique de collectionneurs de juxtaposés  s’étripent donc  toujours à qui mieux mieux sur ce vaste sujet de la production à éclipse des fusils classiques  « proudly » (fièrement) américains surtout dans l’ambiance « trumpeuse » actuelle qui nous rabâche sans cesse « USA first » ! C’est sûrement vrai pour beaucoup de choses face à notre pauvre toute petite Europe…mais pas encore (cocorico !) pour les beaux juxtaposés …

 

 

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