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17 janvier 2018

Le Diable est-il chasseur ?

Assurément puisque, comme on l’a vu dans notre récent article sur la Mesnie-Hellequin et les chasses sauvages (voir notre archive du 30 novembre 2017) c’est lui qui emmène dans son terrible cortège ceux qui se consument dans une passion trop dévorante de la chasse à l’image du Roi Nemrod dans la Bible. Mais comme le Bon Dieu qui délègue la marche des affaires courantes à ses bienheureux, le Malin sait lui aussi se faire aider dans tous les domaines dont, bien sûr, celui de la chasse.

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L’Enfer étant pavé de bonnes intentions, il a de bonnes raisons de tenter de copier la bonne organisation de ce qui se passe au Ciel. On sait depuis Jean Wier (1) que, sans même parler de l’entretien des brasiers il y a beaucoup de monde dans les ténèbres : 6666 légions de 6666 bons diables (calculez, ça fait 44, 435 556 millions de démons cornus !)  auxquels il faut ajouter les diablotins subalternes, menu fretin  qui échappe aux statistiques. Il y a autour du Malin un conseil des ministres, des ambassadeurs, des titres nobiliaires comme dans toutes les cours de l’époque, et le fameux démonologue nous explique même qu’un coup d’état aurait mis Belzébuth au pouvoir, Satan, pauvre diable, se trouvant désormais dans l’opposition…

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Les anciennes religions, encore en passe de contrer le christianisme naissant aux premiers siècles de notre ère ont donc été rapidement « diabolisées » et embrigadées par les Pères de l’Eglise pour fournir dans le monde naturel, des dangers spirituels à conjurer, qu’il s’agisse des divinités celtiques comme Cernunnos (à g.), maître des animaux, des forêts et de la chasse ou Diane qui fut un des derniers cultes hellénistique à résister à l’influence chrétienne. Dans son culte tardif apparenté à Artémis-Hécate (ci-dessous) elle était aussi reine de la nuit et des carrefours. On connaît son apparence classique en costume de chasse portant arc et flèches, entourée d’animaux sauvages. Dans sa version tardive, expédiée aux Enfers par les bons pères, elle était représentée sous l’aspect d’une femme d’âge mur, vêtue de noir, dont les invocations s’effectuaient à la pleine lune, dans la nature. Elle est souvent associée à Cerbère, le chien à trois têtes, impitoyable gardien des portes  infernales lui aussi annexé d’ailleurs par l’Eglise dans le panthéon démoniaque.

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La démonologie de la Renaissance illustrée par Cornélius Agrippa (2) qui classait très précisément la hiérarchie infernale y dénombra au moins trois hauts dignitaires puisque commandant chacun 30 légions, spécialement affectés à la chasse. Le plus important était le duc Barbatos, bien sûr vêtu de vert et qui apparaissait toujours précédé de sonneries de cor. Le marquis Leraika, un peu du même genre en costume de sagittaire était invoqué pour avoir de bonnes chasses. Et il était prudent pour mettre tous les atouts de son côté, de solliciter Sircharde qui avait tout pouvoir sur les animaux. Pour les oiseaux il y avait aussi des spécialistes (Araël, Caym, Anpiel), mais surtout le comte Decarabia qui enseignait les vertus de la nature et notamment d’apprivoiser les oiseaux en créant des mirages leur ressemblant. De nos jours, il devrait donc inspirer tous ceux, (dont nous sommes), qui utilisent tant des formes, que des appeaux…

Ce petit site étant assez orienté armes, l’Enfer avait là aussi tout prévu qu’il s’agisse dans l’au-delà, de contrer St-Georges patron des armuriers, ou encore Ste-Barbe présidant au feu et aux explosifs ! Azaël, selon le livre d’Enoch fut l’ange rebelle qui apprit aux hommes la métallurgie et notamment à forger les premières épées, et il était secondé par Elmech, patron ensuite des armes blanches notamment grâce à un aiguisage magique en laissant l’arme à la pleine lune, le tranchant plein de sang. Toutes les traditions anciennes, on le sait, faisaient appel à la magie du sang et la religion chrétienne n’y a pas échappé avec le miracle de la transsubstantiation du sang en vin, et vice-versa. A l’arrivée des armes à feu, dans l’urgence de la nouveauté technologique de la Renaissance permettant tout à coup d’occire beaucoup plus de monde, et d’alimenter les abysses en âmes pécheresses,  le patronage en revint à Ukobas qui veillait aux feux de toute nature et déjà pas mal accaparé par la bonne marche des chaudières infernales. Enfin, et là tous les chasseurs sont concernés, le diable on le sait se nichant dans les détails, il avait aussi prévu…la bredouille, causée par Nébiros  démon des oublis, des retards, et de toutes les étourderies qui  font , à chaque fois, tout rater…Il apparaissait, faut-il s’en étonner, sous la forme d’un corbeau parlant d’une voix rauque ! On l'a donc tous plus ou moins aperçu une fois sur le terrain pour nous apporter le guignon...

Faut-il croire à toutes ces diableries ? Bien « malin » qui pourrait le dire, mais selon un célèbre dicton « pour croire en Dieu il faut la Foi, pour croire au Diable…il n’y a qu’à ouvrir les yeux » !

1/Jean Wier (1515-1588) médecin et démonologue.

2/ Cornelius Agrippa (1486-1533) célèbre kabbaliste. 

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