Nos cartouches : choc ou pénétration ?
Ce sont des notions un peu perdues de vue de nos jours où, facilité des chronographes modernes aidant, avec une vitesse initiale précisément connue, et la masse de plomb envoyée, il est assez facile d’en déduire immédiatement l’énergie.
Autrefois on fit plutôt les choses à l’envers, et cela dispense le chasseur moderne comme autrefois ceux qui snobaient les « toutes cousues », d’éviter les fastidieux essais de groupement et de dispersion le long d’un talus, trente bonnes foulées comptées avec force renfort de papier journal : chez mon grand-père maternel dans l’Ain, dans les années cinquante c’était régulièrement « le Progrès » qui s’y collait…tout comme d’ailleurs offrir la lecture…et le reste au « petit coin » tout au fond du jardin, derrière les plants de tomates et les ramées de fayots !
Derrière ces pures observations empiriques, parfois améliorées par l’observation après coup d’un vieux Bottin, histoire de voir « si ça perçait bien » on constate que, déjà, l’esprit de pénétration préoccupait, dès le XVIIIé siècle ceux qui chassaient à la poudre noire, bien plus capricieuse que nos pyroxylées actuelles (1). Ils utilisaient le pendule balistique un trébuchet tout simple inventé en 1742 par Benjamin Robins dont on mesurait, après avoir tiré à distance convenable, l’oscillation. Déjà grâce à une construction soignée, aisément reproductible, si on connaissait la masse de plomb, on pouvait, par calcul, approcher au plus près la vitesse.
L’Angleterre en 1879 perfectionna et simplifia la chose en employant un comparateur portatif ingénieux, jugeant aussi de la dispersion grâce à une petite cible en tôle, reliée à un ressort et un curseur, dispositif bien plus maniable pour pouvoir l’appliquer dès la vente à chaque fusil neuf. On le voit, si la partie la plus voyante et la plus facile à vérifier d’un seul regard chez soi, la dispersion prima, le choc, la pénétration et la vitesse en découlant ne furent jamais oubliés. La régularité de la fabrication des poudres sans fumée aidant, c’est à ce moment, nonobstant d’autres points comme la qualité des plombs, (durcis, nickelés, etc.) et des bourres, qu’on s’accorda à donner aux cartouches communes une vitesse standard de 370 m/s pour une charge de plombs de 36 grammes qui a toujours cours aujourd’hui.
1/ Voir notre série sur les poudres de début février de cette année.