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18 mai 2018

La chasse peut-elle "oser le féminisme" ?

Ce fut le slogan d’une campagne qui, pour toutes sortes de raisons que nous allons évoquer, pourrait bien concerner les chasseurs. Pourquoi nos épouses et compagnes ne pourraient profiter de la Nature, être adroites au tir (voyez ce qui se passe sur les pas de tir !), mener les chiens ?

CARTES ANCIENNES119

 

C’est une histoire vieille comme le monde, associée aux tabous religieux les plus éculés comme autrefois dans la Marine où, sur les bateaux, la présence féminine était censée porter malheur, ou à la chasse quelques vieilles superstitions connexes à la bredouille : pas de fusil près d’un balai ou dans la cuisine, ni donner la pâtée aux chiens dans la vaisselle domestique. Il a fallu les travaux de sociologues reconnus (A. Testart entre autres) pour montrer combien au néolithique, femmes et enfants participaient, à leur niveau, à la quête de la pitance quotidienne, chasse comprise : au rabat, à relever les pièges. Les religions dites « du Livre » en ont rajouté une couche, reléguant pour les tabous d’impureté liés au sang, et aux lames qui tranchent et qui percent, les femmes aux tâches exclusivement domestiques.

Les siècles ont sédimenté cet avis selon lequel la chasse serait un monde où se développe la solidarité masculine où pour les hommes mariés c’est le temps d’un célibat (d’une liberté ?) périodiquement retrouvés, où on trinque dans des cabanes perdues au fond des bois (1), et où les petits garçons font auprès de leurs pères et des amis de ces derniers, l’apprentissage d’une rude camaraderie. On plume, on dépouille, esprit poursuivi à la maison par l’entretien des armes et des affaires de chasse, sociabilité rarement remise en cause par les dames dans un temps de la chasse où les loisirs familiaux habituels sont suspendus et pour les dames demeure le rôle ingrat de faire mijoter des gibelottes pour des tablées d’affamés à la conversation réduite à tant de choses abstraites pour elles : « Miraut a-t-il bien rapporté » ?

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Pourtant, les plaisirs de la chasse sont suffisamment nombreux  pour trouver gratifiant de les partager avec tout le monde non ? En France la chasse au féminin est passée de 2 à 5% des permis délivrés en dix ans (2), et ça monte jusqu’à 10% dans certaines régions (Picardie). Les femmes, il suffit pour s’en convaincre de regarder les deux chaînes TV dédiées chasse-pêche, s’investissent dans les instances (3). Il y a des présidentes de sociétés, des chefs de lignes, et on relève pas moins d’une trentaine de prénoms féminins dans la liste des conducteurs de chiens de sang et de rouge publiée par l’ UNUCR.

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Les choses bougent et dans le bon sens donc à un moment crucial celui de l’érosion du nombre de permis, mais surtout où le courre, et donc la chasse en général -car la vénerie est notre mère à tous-est attaquée de manière à la fois frontale (manifestations), mais surtout plus sournoisement, sur les réseaux sociaux, phénomène actuel bien décrit par Umberto Eco (4). La femme comme le dit joliment la chanson est-elle l’avenir de l’homme ? Plus prosaïquement,  peut-être celle de la chasse.  Les chasseresses changeront l’image que les gens portent sur ce qui fait notre vie, elles y apporteront un autre regard peut-être plus proche de la Nature, plus distancié par rapport à la performance, et  sourire avec nous face à un passé qui heureusement s’estompe. Celui  d’un ancien temps,  digne du « repos du guerrier », où le bon d’Houdetot pouvait dire fort joliment d’ailleurs mais sans crainte d’être taxé comme de nos jours de harcèlement :  « Mesdames, vos beaux yeux sont déjà de trop puissantes armes. Jeunes beautés, laissez vos fusils au repos, renoncez à la chasse et convenez en somme, que l’unique gibier de la femme, c’est l’homme ».

1/Voir notre archives du 8 décembre 2016 sur les « cabanes de chasseurs ».

2/En Allemagne elles sont 10%, au Québec 12%.

3/Sur les 25 000 permis féminins français 68% ont pour mari un chasseur, et 81% de la famille proche. L’Association Nationale de la Chasse au Féminin existe depuis 18 ans, et a son site sur internet.

4/  « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’ignares qui, auparavant, ne parlaient qu’au bar après un verre de vin, et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui, ils ont le même droit à la parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles ».

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