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19 mai 2018

Entre chien et loup, entre chèvre et chou...

Les décisions du récent plan loup (2018-2023) sont désormais connues, et bien sûr, elles ne satisfont personne ! Nicolas Hulot a-t-il voulu ménager la chèvre et le chou ? Non le loup ! José Bové estime qu’avec lui l’élevage est rendu impossible (1) et en sens contraire de nombreuses associations écologistes (2) dopées par les derniers exploits des anti-spécistes et autres « vegans » veulent le voir de retour partout en France comme au bon vieux temps des fables de la Fontaine.

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Eh bien, justement, l’histoire locale, chez nous, dans la Manche près de Cherbourg et non pas dans le Dauphiné et autres alpages bien loin du Bocage,  nous  donne une idée assez précise de ce qui se passait par ici, autrefois. Le livre de raison de Gilles Picot, sieur de Gouberville qui, entre autres était lieutenant des eaux et forêts, fourmille d’anecdotes à ce sujet. Le 17 octobre 1556 : « sur le soir, à la passée, étant non loin du bois, j’ai entendu crier un pourceau à la Prise aux Avocats où j’ai couru bien vite. Les loups l’avaient navré au ventre, à la cuisse et à la gorge ». Deux mois plus tard avant Noël : « Arnould en revenant de Montebourg trouva un loup à Crabet qui le suivit jusque près de la maison ». C’est bien connu, tous les écologistes vous le diront, le loup n’attaque jamais l’homme…

Le 28 octobre 1559 : « arrivèrent Pierre et Jean de Digosville qui portaient la peau d’un loup qu’ils avaient pris cette nuit en leur cour, mangeant leurs oies ». Il leur donne un pourboire, sans doute comme lieutenant des eaux et forêts, usage confirmé au printemps suivant : « Gaulvain vint me voir qui avait pris cinq louveteaux, je luis donne deux sous ». Parmi les victimes du loup des agneaux, moutons, des cerfs, mais aussi des chevaux, des vaches et même les chiens isolés, dont bien sûr ceux de chasse : « Proult, Cantepie, et Colas Drouet trouvèrent deux loups qui blessèrent Coliche et deux autres chiens ».

L’abbé Tollemer qui a recensé scrupuleusement les minutes de ce vieux manuscrit au XIXè siècle conclut fort logiquement : « le loup était un véritable fléau permanent tombant indifféremment sur tous les animaux qu’il rencontrait et sur l’homme lui-même ». Il faut lire à ce sujet l’excellent ouvrage de J.M.Moricet (3), dont l’esprit  de la dangerosité du loup pour l'homme est confirmé d’ailleurs très officiellement par une ordonnance royale de 1583 réclamant pour les « huées » ou battues : « un homme par feu (hameau ou village) avec armes et chiens pour extirpation des loups qui dévorent non seulement le bétail jusque dans les basses-cours et étables des maisons et fermes des sujets du Roy, mais encore mettent tous les petits enfants en danger ».

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Ces « huées » se faisaient avec le concours des paroisses voisines, et Gilles de Gouberville y mettait son « attache », comprenez son autorisation en tant que lieutenant des eaux et forêts, certains bois étant en « deffens » ou gardés voire réservés si on veut, tout cela bien sûr sous l’autorité effective sur le terrain des lieutenants de louveteries, vieille institution datant de Charlemagne…et qui existe d’ailleurs toujours de nos jours. Ce système de « huées » collectives pourrait d’ailleurs bientôt revenir au goût du jour vu la prolifération du sanglier en associant rapidement et efficacement des chasseurs disponibles (retraités ?) et motivés (équipés et rompus aux usages, sécurité notamment, des chasses collectives).

Pour en revenir à notre époque et au dossier actuel, l’agropastoralisme a su monter d’un cran dans l’approche scientifique du phénomène trop longtemps abandonné à des chercheurs partiaux où à un ONCFS ayant trop souvent botté en touche en parlant, bel euphémisme, de « chiens errants » ! Coincé aux entournures par sa triple casquette de la charge du suivi scientifique, du constat des dommages et de la gestion des  tirs désormais attribués il est aussi fortement soupçonné d’être sommé de « lever le pied » dès que chaque élection approche car chaque voix « écolo » peut compter…Les éleveurs ont donc mis en place leur propre plan de recherche génétique (excréments, échantillons de poils, de salive) confiés à un laboratoire spécialisé allemand qui ne voit pas tout à fait les mêmes choses : par exemple dix loups dans l’Aveyron quand l’ONCFS prudemment n’en voit que trois. Ils viennent aussi de lever le lièvre des hybrides dont personne ne voulait vraiment parler car il complique encore la menace .Chaque chose en son temps donc pour des politiques qui, pourtant, claironnent  vouloir tout faire de nos jours…en même temps !  Ces animaux bâtards, cumuleront tous les désavantages des deux races : plus difficiles à clairement identifier, plus féconds, mieux habitués à la présence humaine. Seul avantage, ne bénéficiant pas du même statut de protection au niveau européen, ils pourront, en théorie,  être neutralisés plus facilement. Mais avec des difficultés d’appréciation encore plus épineuses que celles du chat haret, car bien plus mobiles et prégnants  sur tous gibiers petits et grands.

Le sujet, on le voit est loin d’être épuisé, nous y avons consacré déjà plusieurs articles (4), et c’est celui (avec le 22 long rifle)  qui nous vaut le plus de courriers, polémiques, volées de bois « vert » bien sûr, et essaims de trolls  nous bourdonnant aux oreilles, vêtus de la livrée de même couleur. Comme d'habitude, on tend le dos…

1/Documents officiels de l’Etat pour 2015 : 10 200 victimes, 3,2 millions d’indemnités versées.

2/Un milieu en pleine contradiction, mais ce n’est pas  vraiment nouveau, l’agropastoralisme étant pourtant la forme d’agriculture qu’ils préconisent.

3/Histoire du méchant loup : la question des attaques sur l’homme en France, XVe-XXe siècle aux Editions Pluriel.  

4/ Voir nos archives des 28 mars 2014, 10 février 2015, 27 juin 2016, 10 septembre 2016.

 

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