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14 septembre 2018

Lubrification des semi-autos : mets de l'huile ?

Tout est parti du fameux Auto 5 et du choix du long recul. Le brave J.M. Browning était-il parti d’une idée de génie…ou tout simplement avait-il opté pour la solution adéquate…ayant déjà auparavant étudié pour l’armée U.S. l’emprunt de gaz ? Déjà il faut bien le dire, le mode semi-automatique pour une arme de chasse, donc de terrain, soumis aux intempéries, part d’un certain paradoxe : comment croire qu’une arme dont on nous vante l’endurance forcenée, des vasières de la Baie de Somme, aux huttes du Mt-St-Michel puisse fonctionner dans les pires conditions sans grand entretien, alors que justement il met en batterie des tas de petites pièces, des ressorts, des cames qui plus est toujours en mouvement et en mode friction !

images

 

C’est la raison pour laquelle la lubrification de ces armes demeure un sempiternel sujet de débat entre chasseurs utilisateurs, certains arguant même du fait qu’un fusil sale mais bien lubrifié marcherait mieux qu’un propre et sec ! Pour bien comprendre, il faut donc repartir à la source, au long recul et à l’Auto 5 et ses successeurs (Franchi, Breda, Beretta) pour lesquels, soyons formels, du fait de leur conception et des bagues de friction qui sont au cœur du mécanisme, il ne faut pas trop lubrifier. Le mode d’inversement de ces bagues pour cartouches faibles, et en dans l’autre sens, pour cartouches fortes (voir croquis ci-dessous) impose donc de bien choisir ses munitions pour que l’arme cycle correctement. Après, usure, armes longtemps entreposées, certains arrivent à les réactiver en huilant, mais très légèrement…on parle ici d’un petit badigeonnage grosseur d’un pois, au coton-tige !

breda bagues 001

Tout s’est compliqué avec dans les seventies, l’arrivée massive de la technologie de l’emprunt de gaz illustrée notamment par le succès du Remington 1100 donné pour 5000 coups sans nettoyage. La question de la lubrification est revenue, mais compliquée puissance dix par le retour des gaz brûlants (autour de 500°) dans le mécanisme. Ce système qui reste toujours d’actualité malgré la concurrence de l’inertiel se caractérise par sa simplicité et sa robustesse, et une certaine forme de souplesse fiabilisant une cinématique (déverrouillage-extraction-éjection-chambrage-verrouillage) bien plus onctueuse que le long recul et sa double poussée arrière-avant dite encore « double shuffle » chez nos amis anglo-saxons. Mais il refoule des gaz qui carbonisent les lubrifiants dont les résidus de tir s’accumulent et peuvent générer des enrayages.

Qu’on se rassure, ces gaz ne sont pas assez chauds, même si on tire beaucoup (voir à ce sujet les torture-tests effectués par certaines marques) pour altérer les traitements thermiques qui ont présidé à la conception de ces armes, ni les petites pièces mobiles (transporteurs, percuteurs, culasses) ou fixes (éjecteurs, axes et goupilles). Mais c’est surtout l’augmentation des frottements liés à l’accumulation de cette sorte de  « calamine » qui peut entraîner une usure prématurée sur des armes mal entretenues et tirant beaucoup et souvent. A cela s’ajoutent, sur les armes neuves sorties d’usine, les graisses d’entrepôt souvent de faible qualité qui doivent impérativement céder la place à des huiles fines, procédure pas toujours correctement effectuée, notamment au vu des nouveaux modes de commercialisation (internet ou autres) échappant au circuit de l’armurerie traditionnelle. C’est ce qui explique les procédures de « rodage » ou « débourrage » de certains SA bon marché à grand renfort de dizaines de cartouches magnum, inopérant cependant si on n’a pas commencé…par le commencement ! Et l’inertiel dans tout ça me direz-vous ? C’est assurément un autre de ses atouts : plus léger, avec moins de pièces en mouvement puisque tout se joue sur le verrou et ses parois et quelques millimètres de rotation, l’aspect lubrification jouera forcément moins que sur ses devanciers.

ddse 001

Résumons donc : certains solvants, composés pénétrants hydrofuges censé contrer la  rouille  et autres saletés ne doivent pas être utilisés dans les mécanismes d’armes à feu car ils laissent une bouillie qui va se carboniser à la chaleur. Pas de graisse non plus, pâte épaisse tout juste bonne à la remise et sur les parties métalliques extérieures comme les canons et l’espace d’un été seulement. En saison, un film d’huile fine renouvelé après chaque sortie suffira. Le nettoyage, on le sait plus difficultueux tant il est difficile sur certains SA de démonter à chaque fois les canons, doit se faire dans le sens de la sortie des projectiles, donc « snake » obligatoire sous peine, avec nos écouvillons habituels, de refouler vers la culasse et le mécanisme, tous les imbrûlés. De même il faut veiller à entreposer l’arme de façon verticale, canon en bas pour les mêmes raisons : sans même parler de l’influence de l’huile ruisselante sur les bois, noircis, ramollis et fragilisés, seront particulièrement exposés les devants, soumis par conception à rude épreuve, chocs et frottements multiples.

Sur un fusil à emprunt de gaz le vieux manuel du Remington 1100 préconisait de démonter, huiler légèrement, puis tout enlever avec un chiffon comme si c’était sec, le film d’huile  restant devant suffire. C’est, avec sagesse, ce qu’il faut continuer de faire à moins d’utiliser les lubrifiants secs, connus depuis longtemps dans l’industrie, et qui firent une entrée inopinée dans le monde de l’armement lors de la guerre du Vietnam grâce à des G.I’s motards, ces matériaux : poudre de graphite, disulfure de molybdène, polytétrafluoréthyle  (plus connu sous le nom de téflon) étant jusqu’alors employés sur les chaînes de moto et de tronçonneuses ! De nos jours il existe même des nettoyeurs à ultrasons, certes bien pratiques pour de petites pièces, mais controversés, l’effet de cavitation pouvant endommager certains alliages contenant de l’alu ou du laiton, et Dieu sait si, leur emploi s’est considérablement développé dans la production contemporaine.

 

 

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