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15 septembre 2018

Le "solitaire" est-il forcément "grand" et "vieux" ?

Avec cinq ans d’avance sur les prévisions les plus favorables, le sanglier est désormais là dans nos régions de Bocage. C’est assurément un sujet que nous possédons moins bien que nos amis du Sud-Ouest où il polarise l’attention des chasseurs depuis une bonne vingtaine d’années. Si, bien sûr on ne tire pas les laies, c’est le « grand vieux solitaire » qu’on rêvera tous de mettre au tableau.

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On doit à une étude de l’ONCSF de la Hte-Marne (à partir de reprises, d’analyses ADN, ou la pose de colliers-émetteurs) d’en savoir un peu plus sur les mœurs des compagnies connus (à peu près ?) par tout un chacun, à savoir que le rut a lieu en décembre, et que c’est le moment où les grands mâles se rapprochent des troupes fonctionnant habituellement selon un système matriarcal. Tordons déjà le cou une idée reçue, celle de « l’adoption » de marcassins isolés, ce qui serait, en soi assez touchant, mais ne reflète pas la réalité. Les compagnies ne se mélangent que fortuitement, soit du fait de la nourriture abondante sur des zones de gagnage, ou fortuitement suite à une poussée de chasse  dans l’urgence, quand subitement tout le monde va se ruer vers la même issue.

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Les seuls « étrangers », si on veut, qui seraient tolérés, sont les mâles à la période du rut, et ce n’est pas leur présence près des compagnies, comme on a pu longtemps le croire, qui les disloque, mais plutôt les problèmes d’approvisionnement en nourriture liés à la survie bien plus importante des jeunes du fait du réchauffement, et de la multiplicité des zones de tranquillité : abandon de terres agricoles, friches, délaissés routiers ou suburbains. C’est ce qui nous leurre sur certains grands rassemblements, particulièrement l’hiver quand le maïs est coupé depuis des mois et qu’on croit voir des compagnies énormes, en fait soit des compagnies qui se côtoient par hasard soit rejointes par des « bandes » de jeunes mus par  un autre phénomène.

Ce n’est donc pas le rut, mais les nouvelles naissances en nombre qui poussent les jeunes mâles de 16-21 mois à s’émanciper dans cette phase transitoire dès septembre et à constituer des petites troupes qui peuvent nous tromper, car même au sein de ces groupes de jeunes il y a déjà des « meneurs » mâles et femelles qui en imposent aux autres et donnent le signal du mouvement ou de la fuite. C’est là, chez des femelles qui sont encore bêtes noires ou plutôt laies ragotées (à partir de deux ans) que se dessine l’avenir des futures « laies meneuses », puis des mâles qui vont devenir « solitaires » au-delà de 18-21 mois. Ces petites bandes errantes de jeunes pas toujours du même sexe en rajoutent sur le nombre des sangliers signalés et vus, et qui ne sont donc pas des « compagnies » au sens où on l’entend d’habitude et qui font qu’on voit…des sangliers partout !

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Quant  aux « solitaires » il est rare qu’ils soient vieux (autour de 6-7 ans), car les statistiques montrent en général, une durée de survie des mâles assez faible de 3-4 ans. Pourtant ce dernier est doté de qualités assez exceptionnelles, notamment d’odorat, aussi fort sinon plus que celui du chien. Il en fait un gros usage (et autant de dégâts !) sous végétation et au sol pour compenser une acuité visuelle assez faible car ses yeux sont très écartés à 35-50 degrés devant mais 140 degrés sur les côtés, ce qui gêne sa vision stéréoscopique, c’est-à-dire qu’il voit plutôt en deux dimensions qu’en trois comme nous. En bordure il voit plutôt des dégradés de rouge, vert, bleu, avec moins de relief et une perception difficile des distances. Il ne regarde pas vers le haut et se sent en sécurité quand son horizon à ras de terre, est neutre et monochrome, par contre tout mouvement qui  perturbe ce paysage un peu figé, est un facteur d’alerte. Il se sert de son audition excellente avec des écoutes mobiles pour tenter de mieux cerner la menace, et possède une très bonne mémoire des bruits inhabituels : les tirs d’un ball-trap dans le lointain, d’un feu d’artifice, d’un tracteur au travail le laisseront de marbre…mais pas le cliquetis d’une carabine qu’on arme ou d'une branche qu'on casse inopinément au poste !

Toutes ces caractéristiques doivent nous inciter à rester silencieux et immobiles à la battue, à porter un camo « blaze » (orange vif) qui ne fait pas masse et casse les lignes, et au tir, à tenir compte qu’un sanglier lancé peut filer à 35 kms/h soit aussi vite que le meilleur sprinter, et sauter 70 cm de haut. Allez, amis en St-Hubert…un chasseur averti en vaut deux non ?

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