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11 janvier 2019

Express ou carabine ? Un choix ouvert par Mauser-Rigby (1900-1912)

L’avènement des semi-automatiques dans les seventies, des linéaires plus récemment semblent avoir relégué au second plan un dilemme qui peut cependant encore nous concerner tous lors d’ un premier achat d’arme rayée en occasion.

Mauser

Face à des express italiens nombreux sur le marché, des carabines à verrou efficaces (on pense notamment à toute la série des Brno ZKK, ou des CZ) pour démarrer sans trop ruiner sa bourse on va voir que la réflexion est assez ancienne pour, à même puissance, disposer, au lieu de deux coups…de 5 ou 6 ! Mais pour cela, il fallait être sûr de pouvoir les enchaîner facilement, et c’est là qu’il nous faut parler de l’association plutôt inattendue, juste avant la guerre quatorze, entre l’ingénierie allemande, et l’artisanat armurier britannique.

416 Rigby

1898 c’est l’année où John Rigby (1829-1916) descendant d’une lignée d’armuriers au départ irlandais, invente le 450 Nitro Express, mais il est aussi en tant que surintendant de la manufacture royale un des concepteurs du 303 British (1) et du fusil Lee-Enfield dont il comprend vite que la solidité ne sera pas suffisante pour encaisser les puissantes charges de cordite, poudre sans fumée, nouvellement inventée qui rend immédiatement dépassées les anciennes armes de gros calibre à poudre noire. Nous venons d’en parler lors de notre précédent chapitre consacré au « 4 bore ». 1898 c’est aussi l’année où Paul Mauser sort son fameux 98 K, une arme militaire amélioration du modèle 95-96. La caractéristique première de cette arme c’est son fort verrou à deux tenons en forme de T, assis sur un troisième de sécurité à l’arrière, mais surtout son grand extracteur à griffe non rotatif qui saisit la cartouche dès qu’elle sort du magasin pour ne plus la quitter jusqu’à l’éjection. C’est la fameuse alimentation contrôlée parfaitement adaptée au tir de chasse s’il faut doubler (ou plus !) face aux animaux dangereux qui chargent, lacèrent, piétinent…

L’Allemagne comme l’Angleterre possèdent de vastes colonies, un immense marché peut s’ouvrir pour un système qui est même amélioré sur le modèle 98 car on a réduit d’un pouce (25 mm) la course de l’armement (2) et allégé l’ensemble percuteur doté d’un ressort plus puissant, ce qui fait encore gagner un peu en temps de verrouillage car il y a déjà un mouvement d’ extraction primaire dès qu’on relève le levier. Autre argument important à la chasse : la sécurité est fiable, facile à utiliser, silencieuse à manier, mais l’usage militaire auquel l’arme fut destinée au départ, rend difficile l’installation d’une lunette en position basse.

Mauser possède, dès 1900, un agent à Londres où Rigby a installé son siège trois ans plus tôt. La firme allemande sort bien sûr des fusils de sport (3) dans son calibre d’origine (7X57) et les deux firmes scellent un accord d’exclusivité qui va durer jusqu’en 1912 pour le 7X57 (appelé Outre-Manche 275 Rigby, nous reviendrons dans le prochain envoi sur ce calibre historique), mais surtout pour la réalisation de boitiers longs capables de tirer le 450, mais surtout les 400-350 (1908), et surtout 416 Rigby (1912) qui vont suivre. Les « grands chasseurs blancs » qui emploient le 275 R, de Walter « Karamojo » (4) Bell, à Jim Corbett vont concourir à la réputation d’efficacité de ce partenariat dont le principe, par un curieux retour de l’Histoire a fait son retour dans l’actualité armurière en 2013 : Rigby après de longues tribulations économiques, notamment aux USA, ayant fait son retour à Londres sous l’égide d’un groupe financier qui possède également en portefeuille Sauer, Blaser…et Mauser ! A un prix encore accessible pour qui veut aller en Afrique Rigby sort une « Big game pro hunter » qui perpétue avec les calibres historiques de cette époque l’esprit de cette association pionnière.

hoff-

Quelques comparaisons techniques : le 275 Rigby est le 7X57 bien connu : balles autour de 130-150 grains (8,4-9,7 grammes) et toujours à cent mètres et chiffres moyens vu les écarts dans l’offre de munitions de 700 m/s et 2500 joules. Mettons maintenant les calibres historiques Rigby en face de la plus puissante cartouche moderne de grande diffusion le 460 Weatherby magnum qui donne balles de 500 grains (32,4 grammes), vitesse 700m/s et 7000 joules. Le 450 et le 460 Rigby se valent à peu près en vitesse (650m/s) et puissance (5500 joules), mais le 450 a une balle plus grosse : 500 grains (32g) contre 400 (presque 26g).

1/Voir notre archive récente (19 décembre 2018) sur ce calibre historique. Rigby a fait une vingtaine d’armes en 303 de même que pour le 400-350 NE, en modifiant le boitier-chargeur et l’extracteur pour faciliter le chargement de ces cartouches qui sont à bourrelet et non à gorge.

2/Springfield fit à peu près la même chose, réduction de la course d’armement de trois quarts de pouce, pour son modèle 1903.

3/En dehors de son action standard, celle du 7,92X57 militaire, et du fameux 98K, Mauser sortit trois actions civiles, une courte (K pour Kurz) pour les cartouches jusqu’à 68mm ; une action intermédiaire, (celle du 275 Rigby) pour une longueur jusqu’à 79mm, et une Magnum pour les cartouches supérieures à 79mm. C’est cette dernière qui est le plus souvent utilisée pour les customisation et l’emploi des gros calibres africains à base d’action Mauser.

4/Du nom de la région du N.O. de l’Ouganda où il prit la majorité de ses 800 éléphants avec ce calibre pour l’ivoire. Par ailleurs voir notre archive du 10 mars 2018   sur la biographie de Jim Corbett.

 

 

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