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FCM 25.00
16 janvier 2019

Qu'est-ce qu'une arme précise ?

Voilà bien une notion « bateau » comme on dit, sur laquelle on réfléchit peu quand on fait un achat trop souvent dicté par les sirènes du marketing, les influences du « look » et autres balivernes dont on débat sans cesse entre chasseurs sur « fesse de bouc » ! Pourtant la précision intrinsèque joue son rôle, à l’arme lisse ou rayée, et l’arrivée massive du sanglier dans notre bocage va nous ramener rapidement aux fondamentaux.

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Visée ouverte ou optiques ? Par chez nous où on tire de près, et massivement en battue, la première option n’a sûrement pas dit son dernier mot. En ce moment où les battues « foraines » ou inopinées se multiplient dès qu’on a vu « le pied », il faut bien remarquer que la majorité de nos compagnons de poste utilisent, en fait, leur fusil lisse habituel : celui qui les premiers dimanches d’automne abat sans coup férir le perdreau ! On troque le coup de six contre une Brenneke qui traînait depuis dix ans dans une poche oubliée de la vieille canadienne, et c’est parti pour tenter de mettre le solitaire au tableau ! Réglages ? Essais ? Nib de nib, et au petit bonheur la chance. A force de tirs ratés de manière « inexplicable », est venu le moment de la remise en cause (1), de l’achat, ou de la transformation d’un autre fusil en arme dédiée.

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A moins de 200 mètres et donc dans la totalité des cas sous nos latitudes, il faut se souvenir, et c’est le cas pour la plupart d’entre nous du temps où nous étions camarades de chambrée de l’Ami Bidasse, une arme était considérée comme précise quand on atteignait le pouce britannique (2,54 cm) sans optique à 100 mètres. C’est peu ou prou notre bonne pièce de 2 euros. Des milliers de chasseurs s’en sont contentés avant la généralisation des optiques, en gros dans les seventies, et les exigences de ces visées métalliques devraient être les mêmes. Dans les contrées où la chasse est un moyen de subsistance on retrouve un peu ces contingences quasi militaires : emploi de munitions standard autour entre 100 et 180 grains, mais surtout une pratique presque quotidienne face à des armes actuelles qui servent trois fois par an, la précision requise étant de la taille du poing, soit celle de la zone vitale du gibier…

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Maintenant il arrive aussi qu’une lunette mal réglée ne nous donne qu’une précision de 2 pouces à 100 m. ! Soyez sûr qu’à 200, cela entraînera encore plus d’écart, des ratés, des blessures, des balles de panse. L’écart de prix (de 200 à 3000 euros !) ne facilite pas les choses pour le béotien qui devra quand même, en premier lieu, considérer le dégagement oculaire minimal. Attention donc aux carabines légères dont le calibre n’a rien de monstrueux, mais dont les ruades vous enverront la lunette dans l’arcade sourcilière ! Pire encore, une carabine neuve n’est pas forcément précise d’entrée de jeu. Les vrais « beddings » qui posent l’action et font flotter le canon sont coûteux, et sur les armes en bois l’humidité, l’huile peuvent occasionner des déplacements, des variations selon les conditions dont elles sont entreposées et l’entretien (nettoyage tous les 150 à 200 tirs). Et il faut considérer également les accessoires comme les bipieds qui peuvent jouer sur les harmoniques du canon, ou l’emploi de la bretelle qui peut apparaître comme un seul outil de transport ou de confort alors qu’on le sait (encore merci aux militaires) qu’avec l’entraînement et réglages (en l’engageant sous le coude notamment) on peut améliorer les groupements (2) de 50 %

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La détente peut s’améliorer, mais ça ne doit pas être confiée à n’importe qui en raison de la sécurité, surtout s’il s’agit d’une arme de battue dont le tir sera tout sauf posé, comme au stand. La norme est de deux livres (910 grammes), et on conseille souvent à tort de la tarer plus lourd pour les calibres à fort recul, mettons à partir du 9X62 du fait de l’appréhension. Une école préconise au contraire de conserver une détente légère pour contrecarrer la crispation.

Une munition et s’y tenir ? Cela vaut également pour le tir à balle dans les fusils lisses, certains canons « aiment » mieux certaines balles que d’autres ! Ah, il est loin le temps où tout bon chasseur courait au fond du jardin vérifier « à la planche » la qualité et le centrage de sa gerbe de plomb. Il est vrai que les canons étaient encore « faits main » et n’avaient pas la régularité des machines numériques modernes. Malgré tout, si la visée est réglée, pressions et vitesses des cartouches rayées d’usine agissent différemment face aux harmoniques, c’est-à-dire la façon dont le canon vibre ou fouette. Une variation qui peut aller de 2 à 5 cm, et on est donc loin du pouce requis à 100 m.

Même s’il y a de grandes différences entre la précision du tir sportif, de chasse ou militaire, il n’est pas inintéressant de regarder comment on parle de précision intrinsèque pour ce dernier. Entre les mains d’un soldat bien formé, avec le FRF2 qui tire du 7,62 Otan (c’est notre 308 Winchester) et des balles sélectionnées, la probabilité d’atteinte d’un rectangle de 1mX50 cm à 600 m est de 80%. Or, s’étant rendu compte de l’imprécision de certaines armes au départ (mauvais entretien, chutes, etc.) la dispersion était insignifiante, mais que le vent était à 90% responsables du fait qu’on « fane » sur le plan horizontal. L’amélioration majeure révélée par le site de la firme US Berger, bien connue de tous les tireurs montre aussi que l’utilisation d’un anémomètre (qui mesure le vent), et surtout d’un télémètre (pour les distances) fait passer la probabilité de mettre au but à cette distance de 6 à 41% en utilisant ces instruments ! On le voit, même si le tir, confortablement calé au stand, n’a rien à voir avec celui de chasse et militaire où on crapahute sans cesse : la précision de l’arme, passe en fait au second plan face à la manière d’appréhender l’environnement du tir, en particulier la distance et le vent. A la battue, tout ça n’entre bien sûr pas en ligne de compte, mais l’approche-affût commence à s’en inspirer, notamment avec la vulgarisation et la diffusion désormais commune des télémètres. Nous en avons déjà parlé souvent ici, l’utilisation simple et bien comprise des réticules de lunettes y palliaient déjà un peu : sur un X3, la croix centrale où s’inscrivait peu ou prou un chevreuil donnait 100m, et s’il y apparaissait deux fois plus petit, eh bien 200 m ! Pour ce cerf deux fois plus gros, allez, faites le calcul…Et les « crans » sur les côtés donnaient un peu une idée de la dérive au vent à juger concédons-le bien sûr, « au doigt mouillé »…

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1/Du fait de la gerbe les tolérances sont plus larges pour un canon lisse à plomb, mais se restreignent dès qu’on tire à balle, ce qui nous ramène inlassablement vers les critères de l’arme rayée. D’ailleurs certaines balles dites « techniques » (BFS, Fier, etc.) règlent maintenant presque aux distances des carabines, employées dans des canons simples et longs (semi-automatiques) qui fouettent plus librement et poussent plus longtemps ces sortes de « volants de badminton » que dans les canons doubles des  juxtaposés et superposés. On peut penser qu’avec la multiplication des battues de sangliers, les plus motivés des chasseurs et des sociétés penseront à organiser aux moins une fois par an, et dans des conditions de sécurité optimum, des séances d’essai pour esquisser le meilleur compromis « balle-canon » pour leurs tireurs. L’efficacité des battues communales au sanglier, sera sans doute à ce prix.

2/Le bon groupement de 3 à 5 tirs doit faire 3 pouces à 100 m, soit 7,2 cm, ou une grosse boîte d’allumettes.

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