Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
18 janvier 2019

Les dangers de la chasse en brousse

Le « ferme » dans nos contrées qui commencent à découvrir le sanglier va entrer dans notre vocabulaire, et il implique une notion de danger qui nous était encore inconnue il y a quelques années. Ceux qui vont en brousse en ont vu d’autres, et depuis très longtemps. Dans la foulée de nos articles précédents sur les calibres africains, on va voir que le gibier le plus dangereux n’est pas toujours celui qu’on croit.

images

 

Le léopard, selon les pays n’est d’ailleurs pas toujours catalogué « big five » et l’offre de chasse assez vaste car l’espèce se défend mieux que certains autres grands fauves. Sa taille (1) et sa souplesse le rendent moins dépendant des grands troupeaux de ruminants, et faute de gnous et d’antilopes, il peut fort bien se contenter de modestes grenouilles ! Intelligent, agile, très fort pour sa taille il s’en sert à bon escient, particulièrement s’il est acculé ou blessé. Est-il « mangeur d’hommes » ? En Inde, c’est incontestable mais particulier (2), les mémoires de Jim Corbett recensaient avant-guerre 400 attaques dans le seul état de Punar, et il mit fin aux méfaits à Rudrapayang d’un animal qui avait fait 125 victimes en 8 ans.

iinnhh

Nocturne et prudent, il essaie d’éviter la confrontation directe avec l’homme et peut s’accommoder (c’est le cas en Inde) d’une certaine cohabitation, bien sûr des plus dangereuses. En Afrique, il fut jusque dans les années trente beaucoup chassé aux chiens courants, et depuis la vogue des safaris après-guerre, beaucoup plus à l’affût-appât, ce qui nécessite de la patience et du sang-froid. Il importe avant tout de bien garnir d’épineux l’arrière de l’affût où il n’est pas rare qu’il vienne rôder pour vérifier cette nouveauté, et se prenne les pattes dans les filets de camouflage. Inutile de dire que le taux d’adrénaline doit monter en flèche !

imhhbbvv)

Longtemps tiré aux calibres africains spécifiques (375 H§H voire notre 9,3X62), il se tire aussi beaucoup pour la peau et les trophées, mais aussi éviter un recul sévère qui rallonge le temps de récupération sur un animal très vif, avec des calibres moyens comme le 270WCF, 308 Winchester, 30-06. Le tir s’effectue entre 50 et 70 m, mais dans des conditions de visibilité (crépuscule, aube) pas toujours évidentes, et assez techniques vu le dévers quand l’animal est perché. Le premier coup doit être fatal, on doit l’entendre tomber comme un sac de patates, sinon tout peut très vite dégénérer et de la plus funeste des façons.

En 2010 au Zimbabwe, tir à 30 m au 375 HH, semble-t-il avec succès. Le guide (en 458 Lott) et le pisteur (avec un pompe en 12 et chevrotines) s’approchent prudemment : pas de léopard…quand celui-ci, tapi à dix mètres attaque à pleine vitesse. Personne n’a le temps de tirer à part le pisteur qui arrive par  pur reflexe, à le repousser avec un coup de double zéro. A peine remise de ses émotions, l’équipe laisse passer la nuit tant il est suicidaire de tenter de le retrouver dans l’obscurité, et y va, sur des œufs, au petit matin. Nouvelle attaque éclair, cette fois, tout le monde peut tirer. A l’autopsie il avait été blessé d’une balle mal placée, le coup de chevrotines à la tête lui avait crevé un œil, mais il attendait tout le monde depuis la veille au soir pour régler ses comptes à l’aube.

hhggff

Un des cas les plus connus (3) est, en Tanzanie (1989) celui du guide expérimenté Robin Hurt qui fit tirer à son client (au 365 H§H) un léopard qui se réfugia immédiatement dans un ravin profond, épais et impénétrable, idéal refuge pour un fauve blessé. Impossible de le voir, mais ils l’entendaient respirer…espérant que c’était son dernier souffle ! Une bonne demi-heure d’attente en sécurité, lancement de pierres et de branches, le guide place le client et son meilleur éclaireur, au demeurant bon tireur sur les probabilités de refuite, et s’engage dans le fourré 500 Nitro express au poing avec ses deux traqueurs dont un équipé d’un superposé Miroku chargé au double zéro. Il faut avancer pas à pas, à la machette, il redonne son gros express trop lourd au pisteur, prend le Miroku plus léger quand le léopard tapi à 5-6 mètres attaque : le 500 NE aux mains du traqueur tire…à côté tout comme le premier coup du superposé. Le fauve saisit le guide au bras, il arrive à tirer (à 30 cm) sa seconde cartouche, au cou, mais qui ne semble pas l’arrêter pour autant. Arrivant à se protéger avec son bras valide il est mordu à l’épaule, à la poitrine, se débat à coups de pied, mais se fait mordre à la jambe qu’il secoue comme un prunier. Il sort en dernière extrémité son couteau, quand le pisteur revient courageusement, en rampant, avec le 500 NE de nouveau chargé. Effort inutile, le léopard ne réagit pas au tir des deux énormes cartouches, il était déjà mort, c’est le deuxième coup de chevrotines au cou qui, ayant fait balle, avait fini par faire son œuvre ! A l’examen on se rendit compte qu’à quelques centimètres près, la balle de 375 initiale du client était passée un pouce au- dessus du cœur et n’avait fait que casser l’épaule. N’ayant pas tenu compte du dévers : il aurait fallu tirer un poil plus bas… Le guide fit une semaine d’hôpital pour soigner les 34 morsures infligées en quelques secondes et qui nécessitèrent au final deux mois de soins !

1/Même si c’est le plus petit des grands félins (150 livres environ) il est très fort pour sa taille et beaucoup plus rapide qu’un lion.

2/Dans ce pays où il existe peu de toilettes, l’usage dans les campagnes est de faire ses besoins en pleine nature où un enfant accroupi par exemple en pleine nuit représente une proie idéale pour ce fauve qui rôde auprès des villages où il prend également chiens, chats, volailles. La plupart des cent morts par an entre dans ce cas de figure.

3/ Relaté dans le magazine Fieldsport, article (long et en anglais) résumé ici.

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité