Munitions non toxiques : l'acier a de l'avenir
La saison qui vient (2019-2020) nous donnera presque quinze ans de recul sur l’introduction de l’interdiction du plomb en zones humides. La France avait ainsi suivi, en 2005-2006 avec cependant quinze ans de retard, les USA qui, les premiers en 1992 avaient initié ce mouvement.
Les conditions de chasse, résolument différentes des deux côtés de l’Atlantique avaient un peu brouillé les cartes. Là-bas, on ne chasse pas au crépuscule, on tire donc de plus loin, et les études comparatives menées dès le départ, par l’observatoire de la Tour du Valat en Camargue illustraient bien ce fait : le waterfoaler US, pays où la chasse de nuit, à l’aube et au crépuscule est interdite (1) n’abattant qu’une pièce pour 6 cartouches contre 3 pour notre brave huttier hexagonal. Le chasseur français n’était pas plus adroit…mais tirait, notamment à la passée, beaucoup plus, et surtout…plus près !
Il n’empêche, la puissance du marché US fort de ses « grosses charges », de ses technologies déjà avancées sema le trouble. On accusa la « grenaille » de blesser plus, on chercha des artifices : des canons longs, des chokes spéciaux, pour retrouver les sensations « d’avant ». Peine perdue, autant de tâtonnements de terrain qui ont également touché la technique : on a cherché à reproduire la vitesse, voire à l’accélérer du fait de la densité de l’acier qui ne représente que 70% de celle du plomb. Ce, au prix de bourres de plus en plus techniques car il fallait absolument éviter les déperditions lors du frottement le long du canon.
L’arrivée simultanée de nouveaux composés (au moins 13 types d’associations métalliques) a aussi un peu faussé la donne. Certains comme le tungstène, valaient largement le plomb, mais le prix du matériau était cher, tout comme la technologie ajoutée des jupes pour protéger au mieux un canon même dument estampillé « fleur de lys » de la dureté de ce métal. Chers également les mélanges Hevi Shot (tungstène-fer-nickel), seuls le bismuth-étain et surtout le cuivre doux présentant des alternatives correctes au plomb en matière de densité, et permettant encore de « sauver » les vieux canons des fusils auxquels on était habitués.
Si l’acier revient au premier plan de l’actualité, c’est par son atout prix, et le fruit aussi de recherches sur la grenaille dont la technicité a été revue à la hausse : plus de rotondité, des recuits meilleurs notamment au niveau du refroidissement pour éviter le stress de la matière, et mieux durcir. On a vu aussi l’arrivée de plombs…carrés (Blind side Winchester), pour en empiler davantage, ou (chez Federal) à bords tranchants ! Les cartouches elles-mêmes, ont vu la mise au point de systèmes (Drylok par exemple) mettant mieux au sec la charge de poudre et l’amorçage.
L’acier n’a donc pas perdu la partie car la matière première est bon marché sur un secteur où la concurrence est rude. L’avenir est également pour les cartouches, aux polymères où tout va très vite en ce moment (voir ce qui se passe avec les imprimantes 3D) et qui pourraient nous réserver de belles surprises notamment du côté des coques et bourres en matière d’étanchéité et de recul. L’effet de mode US passé, on peut aussi penser que nos coureurs de grèves seront revenus de l’esprit « canardier » sinon « cocardier » de leurs pères en constatant qu’à la distance raisonnable de 40 mètres, un choke « M » (Modified ou demi) valait avec une arme et des munitions actuelles, amplement la pétoire à rallonge de Papy !
1/ C’est ce qui explique, vu aussi l’interdiction des appelants, l’importance en Amérique du Nord, de la technologie des formes, du camouflage, des appeaux, qui a fini par gagner l’ensemble de l’Europe.