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8 février 2025

"Live bird" pigeon guns

Lié à des armes à l’emploi controversé presque oublié de nos jours, ce terme ne veut plus vraiment dire grand-chose de nos jours, même si certaines marques apostillent encore « pigeon grade » certaines de leurs armes haut de gamme. Un terme qui sous-entendrait « tir de loin » ou soutenu, voire ball-trap où on tire aussi des « pigeons » mais d’argile, assez proche finalement de son usage initial.

Le tir aux pigeons vivants a été banni du paysage européen dès 1921 en Angleterre, là où il était né un siècle plus tôt, sur les bords de la Tamise, les oiseaux étant lâchés de sous des chapeaux. ! L’âge d’or des « live bird pigeon guns » (1860-1910) est concomitant de la grande période de l’armurerie britannique, et des débuts du tir de compétition avec des boules de verre, puis des pigeons d’argile qui, dès 1900 commencèrent à prendre le pas sur les compétitions d’oiseaux vivants sous la pression des défenseurs de la cause animale. Aux USA le premier American Grand Handicap aux plateaux date de 1900, et le dernier « live bird » de 1902. Donc nous sommes bien là dans une époque charnière entre deux formes de compétitions le « clay pigeon » effaçant peu à peu le « live »…

Aux Jeux Olympiques de Paris (1900) les plateaux étaient déjà en démonstration (1) ce qui n’empêcha pas deux épreuves « live bird » de cohabiter juste à côté (2), et la première publicité pour un « trap gun » donc une arme qui passe de la chasse au « sport » (Remington) date de 1904. Tous les meilleurs tireurs opéraient encore sur les deux disciplines en des joutes épiques qui rassemblaient des milliers de spectateurs : Rolla Heikes qui remporta la même année 60 des 67 tournois auxquels il participa, Doc Carver ou le captain Bogardus étant des noms bien oubliés de nos jours, seule la notoriété de Annie Oakley (3) ayant survécu sans doute du fait qu’elle était un des fleurons du Wild West Show de Buffalo Bill lors de son passage en Europe pour l’exposition universelle de 1889.

Les compétitions passionnaient la « gentry » cosmopolite de la Belle Epoque autour des villes d’eaux Vichy, Vittel, Spa, ou celles de la côte d’Azur : San Remo, Monte Carlo (4) en janvier faisant office de championnat du monde officieux, capitale aussi des plaisirs mondains : concerts, terrasses pleines et concerts. Les bourses étaient énormes, le Grand Prix 1895 pouvant rapporter 2,5 millions de dollars ! Les conditions de tir étaient particulières avec 5 boîtes réparties en arc de cercle tous les 5 mètres, sans savoir de laquelle l’oiseau allait partir, lequel devait être abattu dans un cercle de 21 mètres. Si blessé et tombant au-delà, c’était perdu, et deux ratés d’affilée entraînaient l’élimination.

Les armes configurées pour des « pros » fortunés étaient donc très spéciales et dictées par les conditions de tir : très rapide au premier coup pour enchaîner vite, les deux coups étaient quasi automatiquement tirés ne serait-ce que pour achever l’oiseau désailé car s’il franchissait tant bien que vaille la limite, il était considéré comme perdu. On avait également conservé cette habitude de doubler qui datait du chargement par la bouche et de tirer absolument le deuxième coup en fin de partie pour les raisons que l’on comprend immédiatement de ne pas laisser entreposée une arme chargée. Le premier indice pour reconnaître une telle arme était aussi son absence de sécurité, la bande plate, des dimensions de crosses demi pistolet et de canons supérieures à la normale (30 pouces) souvent livrées avec un pad amortisseur, des renforts latéraux d’action, bref une construction plus « lourde » que d’habitude pour offrir une plate-forme stable pour des tirs répétés.

La charge était aussi plus puissante que de coutume montant de 32 à 34 voire 36 grammes, et plus rapide (400 m/s) en # 7-8 pour foudroyer les oiseaux pour les raisons évoquées plus haut, et dans une répartition de centrage au tir de 70/30 comme le préconisaient le vainqueur du Grand American Handicap de 1898 E. Fulford, ou le captain Jack Brewer de Philadelphie (in « l’art du tir aux ailes » de W.B. Leffingwell 1895) : « …chokes Cylinder et Medium, crosse droite pour bien couvrir l’oiseau qui monte invariablement ».

Ces armes accompagnèrent la transition des fusils à chiens vers les hammerless (1895) et toutes les marques les labellisèrent (5) : «Pigeon gun club » et « Monte-Carlo » (Scott et Simson voir ci-dessus à dr.), « San Remo » (Krieghoff, « Pigeon model » (Parker), « Special gun for pigeon shooting » (Lancaster), « Columbaire » (Cogswell/Harrison). Browning fit de son célèbre superposé B.25 un modèle « Pigeon Grade », et même l’Auto 5 y eût droit lui aussi en 1904 avec un fusil à devant spécial plus enveloppant, et dûment estampillé comme tel sur le canon. Voir photo ci-contre à g.

Bien sûr on peut comprendre le mouvement qui, en 1966 vit l’ancienne actrice Grace Kelly obtenir du prince Rainier l’arrêt de compétitions qui, pour la seule principauté, abattaient 30 000 volatiles par an, et le tir aux hélices qui l’a remplacé est encore plus difficile. Mais pour sourire un peu sur un sujet moralement aussi discutable, on ne nous ôtera pas de l’idée que la gent féminine aura toujours bien du mal à comprendre ce que les hommes aiment : les motos, la chasse, la politique, le tabac à pipe, la bière fraîche, et la dégustation fine des savoureuses boissons capiteuses…

1/ Remporté par un Français Roger de Barbarin, le comte Clary obtenant la médaille de bronze.

2/ Le tireur professionnel australien Don Mac Intosh qui l’emporta avait placé la date sur con circuit européen sans savoir qu’il s’agissait des Jeux Olympiques !

3/ Voir archive du 8 mars 2020 sur « Annie du Far-West », et du 11 août 2023 pour sa concurrente malheureuse qui mourut dans la misère : « Princesse Wenona ».

4/ Le casino ouvrit en 1856, puis sur le site actuel en 1865 avant de connaître des agrandissements successifs en 1878 et 1880.

5/ Première publicité par Reilly en 1868 mettant l’accent sur des chiens surbaissés, la bande plate et les canons en acier Withworth.

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