Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
28 avril 2025

4 sept. 1887 : 3 morts un blessé grave en 1 minute !

Look de cow-boy romantique, longue chevelure blond-roux qu’il rangeait parfois sous son chapeau, le shérif Commodore Perry Owens était un homme de petite taille parlant doucement avec l’accent traînant de l’Oklahoma, qu’on aurait eu tort de sous-estimer. Sur cette photo de 1886, à en juger par le matériel employé, Springfield Trapdoor 1873 Officier et pistolet Colt dans une position rare (1) il prenait son rôle très au sérieux, mais c’est avec la Winchester 1876 en 45/60 (2) qu’il se fit connaître dans un des épisodes sanglants de la guerre de la Pleasant Valley (Arizona).

En dix ans, elle fit une trentaine de morts (le dernier en 1892), opposant deux familles d’éleveurs bovins (Graham et Tewksbury), montées les unes contre les autres par un magnat plus puissant (Stinson) dans laquelle les moutons jouèrent certes un rôle (3) mais qui ne fit qu’exacerber les choses. Tous les ranches amis ou alliés étaient en conflit, le secteur loin de tout abritait aussi des voleurs de chevaux et de bétail, des fugitifs, et sous la perpétuelle menace des Indiens Navajos qui pillaient allégrement tout le monde. Depuis 1884, l’Atzec land and cattle company était avec 60 000 têtes, et une centaine de cow-boys, le second élevage des USA, une masse de bétail qui attirait toutes les convoitises. Originaire du Tennessee (1852-1919), C.P.Owens avait suivi ses parents en Indiana, avait été embauché à 13 ans comme chasseur de bisons pour nourrir les cheminots, puis cow-boy en Oklahoma et au Nouveau-Mexique où, ambidextre, il régalait les copains de tirs au fusil à la hanche.

Il avait débarqué dans la région en 1881 comme contremaître dans un gros ranch, se heurtant aux Navajos, et se trouvant même inquiété par les affaires indiennes pour le meurtre d’un jeune, sans doute en pleine épreuve d’initiation (4). Elu shérif du comté d’Apache, en 1886 (5) avec le soutien des éleveurs bovins, des Mormons, et des colons mexicains sur une énorme surface (55 000 m2) il tenta de rester neutre dans la guerre des clans qui se passait au Sud, le chaos touchait quand même sa juridiction, la petite ville de Holbrook en 1886 ayant connu 26 morts violentes pour 250 habitants (5000 actuellement). Dès son entrée en fonction il hérita de 14 mandats d’arrêt non exécutés par son prédécesseur, et déjà là-dedans, les dernières péripéties du fameux « règlement de compte à O.K.Corral » (26 octobre 1881)…On ne pouvait rêver meilleure entrée en matière pour un shérif débutant !

Les deux derniers survivants (Ike et Phineas) du gang Clanton, étrillés par les frères Earp et le fameux « Doc » Holliday étaient venus se mettre à l’abri au Nord, sans perdre leurs mauvaises habitudes, tuant un éleveur, puis éliminant un témoin gênant de leurs vols de bétail. Owens avec une solide équipe de trois adjoints, et un détective relevant du syndicat des éleveurs éliminèrent Ike lors de son arrestation (14 mai 1887), les deux membres restants étant tués plus tard par des ranchers lors d’une énième tentative de vol de bétail. La situation n’était pas facile pour les forces de l’ordre, trois shérifs venaient d’être tués par les Navajos, quand il fallut s’occuper d’un nouveau clan Blevis ou « Cooper », (un alias pour dérouter les recherches), arrivé en 1885 du Texas où ses membres étaient déjà poursuivis pour meurtre. Ils étaient affiliés dans la guerre de Pleasant Valley aux Graham, et l’ainé du clan, Andy, passait pour être un bon tireur et un tueur froid.

Poussé par ses administrés, nanti d’un vieux mandat, et sachant que l’aîné du clan était chez sa mère Mary à Hollbrook, il perturba la réunion dominicale car il y avait à l’intérieur de la petite maison en bois (voir photo ci-contre) une douzaine de personnes : celui qui était recherché, ses frères John et son épouse Eva, Sam son demi-frère, une amie et son bébé, deux fillettes, et deux invités. Avant de frapper à la porte jetant un regard par les fenêtres il put voir qu’il avait déjà été repéré, les armes étant déjà sorties. Andy ayant refusé de suivre le shérif, ce dernier ne prit aucun risque tirant à la hanche avec la Winchester 76 à travers la porte, le touchant au ventre. Son demi-frère John tira dans l’embrasure de la porte, mais ne fit que tuer le cheval attaché devant la maison, et en pivotant rapidement Owens le toucha à l’épaule. Le « lawman », recula alors très vite pour se dégager et avoir une meilleure vue d’ensemble de la situation, et de ses adversaires potentiels, et voyant Andy tituber, tira encore à travers les murs pour le toucher cette fois à la hanche. C’est là que sortit, traversant une fenêtre, l’invité Moses Roberts, malheureusement pour lui, pistolet dans une main, chapeau dans l’autre, transpercé lui aussi de part en part. L’homme de loi, eût le temps de recharger posément quand, échappant à sa mère qui tentait de le retenir, surgit le jeune Samuel, 15 ans, qui s’était emparé du pistolet d’Andy tombé au sol, malgré les cris de sa mère « ce n’est qu’un enfant, shérif, ne tirez pas dessus », il fut tué dans ses bras. La fusillade n’avait pas duré une minute : cinq balles, trois morts et un blessé grave estropié à vie.

Battu aux élections l’année suivante CP Owens fut nommé US Marshall en 1893, puis shérif du comté de Navajo nouvellement créé en 1895, l’anarchie ambiante de l’état naissant d’Arizona ne permettant son officialisation qu’en 1912. Retiré à San Diego, (Californie) à la fin de sa vie Commodore (6) Perry Owens reconnaissait avoir tué 14 personnes dans sa carrière…

1/ Fin 1880, l’étui suspendu était rare, c’était plutôt celui à boucle mexicaine sur ceinture étroite qui était utilisé. Là on est dans l’étui « buscadero » hollywoodien à double ceinture de munitions qui semble trop long pour le Colt SAA de 7,5 pouces. On peut penser plutôt à un canon de 9,5 ou 10 pouces.

2/ Ce calibre ne se fit que pour le modèle 76 : 11,43 mm, balle de 300 grains (19,44 grammes) et 420 m/s, bien suffisant à dix mètres pour traverser les murs en bois de la bicoque et ceux qui se cachaient derrière.

3/ Dans ces pays secs, les moutons qui rasent l’herbe n’étaient pas les bienvenus, les éleveurs bovins tuèrent les animaux et les bergers basques qui les accompagnaient !

4/ Le passage à l’âge adulte était celui du guerrier qui après des cérémonies souvent épuisantes, obligeaient l’impétrant à des exploits comme nonobstant le danger face à des hommes armés, voler du bétail au nez et à la barbe de ses propriétaires.

5/ Dans la fête qui suivit son élection avec alcool coulant à flots, et pétarades nombreuses, un imprudent qui s’était tiré une balle dans la main, reçut ensuite une balle dans le pied de la part d’un ami !

6/ Prénom qui ne correspondait à aucun titre militaire, sa mère l’ayant ainsi baptisé en hommage au marin Matthew Perry (1794-1858) qui força au même moment (1853) l’ouverture du Japon au monde.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité