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21 avril 2025

Le réticule T.K. Lee : fine dentelle et point de croix

Pas trop cousu de fil blanc puisqu’il utilisait celui de la « veuve noire » (1), une araignée minuscule pouvant néanmoins vous envoyer aux urgences, sinon à la morgue ! Et comme cette dernière a sur le dos un « point rouge », il ne faut pas s’étonner que l’idée de les illuminer à l’identique ait fait florès ensuite. Ce réticule particulier « T.K.Lee Dot » est contemporain de la démocratisation des optiques, après la Grande Guerre.

L’idée du « point » contre la « croix de cheveux » date des tranchées et des « lentilles » Gibbs et Martin concurrençant les premières optiques militaires utilisées sur le fusil Springfield (2) pour être plus vite sur la cible et plus facile à monter au front. Le tireur « Tackhole » Lee (3) eut l’idée au début des années trente de l’adapter aux lunettes que l’emploi de l’aluminium permettait de démocratiser, en utilisant la toile de l’araignée latrodecte qui peut s’étirer sur 25 % de sa longueur sans se rompre. Meilleure encore que le kevlar on ne comprend que depuis une quinzaine d’année cette matière qu’on n’arrive toujours pas à synthétiser, et qui servit aussi pendant la guerre à la fabrication des périscopes ou du viseur Norden qui équipait les « forteresses volantes ».

Fondant sa société en 1936, Lee à partir de Birmingham (Alabama), comme Leupold ou Premier pouvait personnaliser ses optiques avec un ou plusieurs points de résine et eût comme clients Jack O’Connor ou le chasseur de tigres Herb Klein. Le « point » pouvait varier de 2 à 6 MOA permettant une acquisition rapide avec rien pour vous distraire ou vous détourner de la cible, mais en contrepartie difficile à discerner dans la pénombre ou dans un environnement sombre à l’arrière-plan. On préconisait donc si on avait du mal à imaginer la taille du point convenant à sa lunette de faire un cercle noir de la taille suggérée sur une feuille de papier blanc et de le regarder dans le scope à 100 m pour déterminer son choix !

Dans la foulée de Bill Weaver en 1930 avec son modèle 330 puis K2 et K3, la Lyman Alaskan (1939-1957), la Redfield Bear Cub (1956-1959 après rachat de Kollmorgen), la chasse américaine utilisant encore massivement le 30-30 pouvait se contenter du grossissement X2 à X4 et tâtonnait encore en matière de réticules avant que Leupold, pionnier du chargement azote contre la buée depuis 1950 popularise (1962) le « Duplex » (ci-contre à dr.) aplatissant les fils de la croix pour diriger le regard vers le centre en cas de faible luminosité et affiner la visée. Ce réticule pouvait aussi faire télémètre et en 1965, avant le Mildot, les Marines l’utilisaient encore avec la X3-9 Hi-Lux entre 150 et 550 mètres.

Le premier plan focal ne facilitait pas l’utilisation du point Lee : 2 MOA représentant 5 cm à 90 mètres ne permettait guère d’aller plus loin car il couvrait alors la cible, et il fallait jongler par exemple 3 MOA à X 4 ou 2 MOA à X 6-8 avant de disposer du second plan focal qui, alors, faisait grossir le point. Il eût cependant ses partisans pour le tir aux silhouettes métalliques, ou le varmingting, notamment des coyotes. La battue telle qu’on la connaît n’étant pas pratiquée aux USA, ce « point » gagnait à être éclairé, ce que la technologie fait maintenant partout, et il est peu à peu entré dans les mœurs (4) sous la forme des « red dots ». Aux distances ordinaires du tir dans notre pays, le grossissement X 4 devrait suffire partout sauf peut-être en montagne, et la sophistication (et le prix ! ) des scopes en fait malheureusement des objets de luxe, à l’opposé du mouvement de popularisation de l’après-guerre dont ce réticule Lee-Dot était le témoin.

 

1/ De la famille des latrodectes : sa spécialiste, l’entomologiste californienne Nan Songer (1892-1956) fut médaillée pour sa participation à l’effort de guerre et elle avait transformé plusieurs pièces de sa maison en brrr…. « élevage » ! Son ranch était top secret, seul le fil de cette araignée venimeuse dure à manipuler, était capable d’encaisser le froid glacial qui rendait cassantes en haute altitude les croix de cheveux du viseur Norden que le navigateur devait impérativement détruire en cas d’atterrissage forcé étant secret militaire. Sur le « bomb run » au-dessus de l’Allemagne, tout l’avion passait momentanément sous le contrôle de ce précurseur des ordinateurs.

2/ Dès 1908 le fusil Springfield (fortement inspiré du Mauser qui gagna d’ailleurs son procès en demande de royalties) fut équipé de la lunette Warner-Swasey (X 6), les Marines optant un an plus tard pour la Winchester A5 (X 5) rachetée par Lyman en 1928. Le Springfield ne fut retiré officiellement du service qu’en 1974, les 588 derniers ferraillés seulement sous administration Clinton.

3/ Thomas Kirkpatrick Lee (1888-1957), grand tireur aux trois armes, créateur du wildcat 224 Lee-Tomic à partir du 257 Roberts, il travailla aussi avec Jerry Gebby (qui fit avec Newton le 22-250) sur le 224 Senior-Varminter.

4/ Il y a encore pas si longtemps, dans nos sociétés communales, les « anciens » voyaient d’un mauvais œil…c’est le cas de le dire, ces aides à la visée « qui ne mettaient pas tout le monde a égalité » ? C’est-à-dire, de tirer comme eux…comme des pieds !

 

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