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20 mai 2025

22 LR : pourquoi l'Amérique n'a pas de munitions "match" ?

Paradoxe au pays du bench-rest, des compétitions ARA, NRL et PRS, des prestigieux canons Shilen, Kidd, Volquartsen, dont les usines déversent sur le monde entier 2,5 milliards de cartouches par an, pas une seule là-dedans est « match » ! Pire même les fans du « proudly US » qui s’accrochent au beau souvenir des J.O. 92 et les deux médailles obtenues à Barcelone apprennent, consternés, que la fameuse Federal Ultramatch UM 1, était conçue en collaboration avec RWS…

Cette initiative relevait en fait d’un sursaut national pour prouver que les tireurs américains n’avaient pas besoin de munitions étrangères, (en fait européennes !) pour briller, et fit en fait long feu, fusillée comme on va le voir, toujours en encore, par les coûts de production. Né aux Etats-Unis en 1887, après plusieurs années de tribulations entre les Short, Long, Long Rifle et quelques autres, le petit calibre fut sans cesse amélioré, et Remington-Peters comme Winchester produisirent immédiatement des munitions pour les concours comme Winchester-Western avec la Super-Match pour les fusils Remington 37 et Winchester 52.

C’était une 40 grains bénéficiant de la lubrification Lubaloy qui se déclina en plusieurs séries Mk II (1950) puis Mk III-IV et Gold puis arrêt en 1984 comme la T 22 utilisées dans les modèles 52 D/E à crosse lourde et 52 E pour le tir aux trois positions, mais c’était déjà une époque où Anschûtz et Walther ou Suhl commençaient à damer le pion aux marques américaines sur les stands. Les deux géants d’Ilion et Newhaven depuis 1930 vendaient deux catégories de munitions : standard pour usage général-training, et match (voir affiche ci-contre). La T 22 relevait de la première, et la WW Supermatch et Gold de la seconde étant encore massivement employée aux compétitions de Camp Perry pour le tir à 100 yards, mais Eley Tenex et RWS étaient déjà là avec des gammes bien plus étendues et compétitives.

Le phénomène est bien sûr concomitant de la fameuse année 1964 et du contexte américain dans le 22 LR qui est bien différent de l’Europe. C’est un marché fort consommateur en armes de poing, et en carabines semi-auto à forte capacité tirant un maximum de munitions bon marché de qualité médiocre, où même la compétition (silhouettes métalliques par exemple) n’a pas forcément besoin d’une grande précision. Par ailleurs le capitalisme US ne doit pas générer que du simple profit, mais après les taux de rendement du capital habituel pour les actionnaires, générer des primes d’amortissement pour les risques de fluctuation de la demande. Et là, le retour bénéfice-investissement n’est pas suffisant sur les 1 à 5 % que représentent les munitions haut de gamme qu’on emploie massivement au stand.

Les marques européennes, elles, avaient un niveau de capitaux engagés plus faible sur des chaînes bien amorties et des marques historiquement viables, améliorant sans cesse l’existant avec derrière un fort contrôle qualité. Les fabricants américains n’ont jamais pu proposer des cartouches comparables de niveau intermédiaire aux européens, car ils testent (1) juste la sécurité, le fonctionnement, les pressions, emballent et expédient, et en cas de problèmes envoient du remplacement si l’incident se reproduit. En fait c’est le client qui fait le contrôle qualité…Et tant que les Européens, en raison des coûts de transport eurent du mal à atteindre leur marché, pourquoi se casser la nénette ?

C’est donc bien un sursaut d’orgueil national qui aboutit en 1990 à se tourner vers RWS pour fabriquer la fameuse Federal UM 1 A et B, 40 grains (327 m/s) qui permit à Launi Meili (voir photo en tête d'article), de remporter le 50 mètres 3 positions. La cartouche fabriquée à l’usine d’Anoka (Minnesota) possédait une « dimple butt » ou cuvette à fond alvéolé (ci-contre à dr.) pour améliorer la régularité de l’allumage à l’instar de ce que faisaient les Soviétique avec la série « Olymp ». Une fabrication spéciale pour ces armes aux canons spéciaux à taux de rotation de 1/17 au lieu du classique 1/16. Le surplus de ces étuis alvéolés se retrouva ensuite plus ou moins sur la série UM 22 « Gold Medal » surfant sur cet éclatant succès fabriquée dès lors par RWS dans son usine de Fürth (2), et qui était en fait une R 50 bien connue des tireurs sportifs.

En 1997, Federal étant racheté par un fonds d’investissement, dans le brouillard de la dispersion des stocks, on brada début 2000 à prix intéressant toutes les séries 900, 711 (3), très recherchées dans le milieu collector car ce sont des munitions match du niveau R 50 (qui sert pour les cibles test Anschütz) ou Rifle Match dans ces années où elles étaient plus facilement disponibles que les européennes. La CCI « Green Tag » qui serait en ce moment la seule munition match américaine est, en fait une vitesse standard aux mêmes performances que la Pistol Match (40 grains, 324 m/s) reconditionnée et mieux triée-testée, mais qui coûte deux fois plus cher (13 $).

Reste, la nostalgie de ce nom « Ultramatch Gold Medal » qui fut sûrement la meilleure munition à percussion annulaire américaine…à prix d’or certes, mais au pays où le stéréotype du tireur est habitué au plinking à 4 $ la boîte ! Ah certes le capitalisme de l’Oncle Sam peut avoir du bon, mais la cupidité de l’Oncle Picsou est sans doute sa faille…

1/ CCI par exemple teste sa vitesse standard tous les 15 lots, et la Green Tag à chaque lot.

2/ C’est un classique des marques qui veulent maintenir commercialement leurs gammes, si elles sont momentanément prises par autre chose (commandes militaires par exemple) de faire continuer la fabrication par d’autres : CCI l’a fait pour Fiocchi, Eley pour Remington.

3/ Il ne reste plus actuellement en Gold Medal qu’une HV-HP 40 grains.

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