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FCM 25.00
3 mai 2025

En lisse, on ne vise pas, on pointe !

On a tous entendu ça : « on vise avec la carabine, on pointe avec le fusil de chasse » avec lequel, d'ailleurs, on ne regarderait pas le canon, mais la cible. Le tir instantané est déjà un processus qui demande du temps et des efforts, et une qualité de timing œil main dominante où déjà chez l’armurier, lors d’un achat, on cherchera à contrôler quel est votre œil « dominant ». Mais justement, pour le tir au vol, et même sur la planche on préconise de tirer les deux yeux ouverts…alors, que faire ?

Nous avons tous appris la méthode de base « queue-tête-pan », encore employée si on en croit certains sondages par 75% des chasseurs. Elle demanderait donc de viser, et de mesurer l’avance à donner au canon qu’on doit donc plus ou moins percevoir ou situer dans l’espace par rapport au faisan qui s’envole avec fracas non ? C’est ce qu’on nous apprenait quand on débutait avec parfois plus ou moins de mal à mettre cela en pratique notamment avec les vieux juxtaposés qui s’entassent dans notre râtelier (1). Et avec l’âge, il n’est pas sûr que ça s’améliore ?

Pourtant, dès 1887 existait déjà le correcteur de tir à deux yeux Gilbert pour empêcher de « bigner » de l’œil, et en 1925 soit la même année où Robert Churchill (2) popularisait (dans « comment tirer » sa fameuse méthode de tir instinctif, S. Morin (dans « les trucs du chasseur ») était catégorique : « beaucoup de chasseurs visent un œil fermé, cette manière qui parait instinctive est mauvaise, le chasseur en se privant d’un œil diminue de 50% sa force et son pouvoir visuel. Nous conseillons donc comme un truc infaillible et excellent de viser en ayant les deux yeux bien ouverts. La visualité est complète, le chasseur aperçoit l’horizon, le terrain, le gibier et apprécie mieux la distance et la rapidité. Par cette manière il est plus rapide et bonifie de 50% son tir ».

Pour un droitier épaulant à droite il sera difficile de supprimer la dominance oculaire de ce côté, mais on se rend compte qu’à la longue, elle n’a plus d’importance quand le subconscient prend le relais. Quand on épaule, un tas d’informations arrivent à toute vitesse et si comme on dit : « moins on voit les canons mieux on tire » c’est parce ce que le subconscient fonctionne tout seul, sans contrôle, utilisant des images qu’on a pas conscience de voir et qu’abusivement on qualifie de « tir réflexe » ou « au coup d’épaule ». Si la conscience et la perception prennent le pas : on voit le canon, on y ajoute un enchaînement de techniques plus ou moins vite, et pas forcément dans le bon ordre et on entre dans les difficultés évoquées plus haut quand on change souvent d’arme, ou de mode de chasse, par exemple de la plume au poil : faisan-lapin, ou perdrix-bécasse.

Si décontenancé par une arme inhabituelle notamment habitué au plan de visée canon unique, si on cherche à positionner le canon dans l’espace, on force le cerveau conscient à utiliser l’œil préférentiel et on barre la route au subconscient qui, lui, s’occupe de tout en binoculaire, comme un ordinateur. Le canon a disparu mais on sait où il est sans le voir et on va plus vite que la technique péniblement apprise ou reprise avec une arme inhabituelle quand il faut anonner queue-tête-pan. Il faudrait donc préférer garder ce tir « au feeling » où le subconscient prend le pas sur la technique, ce qu’on peut constater au football quand M’Bappé dribble et se concentre plus sur les poteaux adverses que sur son pied ou la position du ballon, ni même tenir compte des joueurs qui courent dans tous les sens autour de lui sans le distraire de ses automatismes.

Le stress ou le « feu de l’action » peuvent faire douter et s’emmêler les pinceaux certes, mais justement, l’empilement de techniques plus ou moins bien retenues n’arrangera pas les choses, en plus avec une arme à la conformation flottante. Avec une arme d’habitude le « montage » sera au moins correct et on saura toujours à peu près où se trouve le canon même flou ou en vision périphérique, notion encore plus importante si le gibier est proche : lapin, bécasse. A la chasse la chose la plus importante est déjà de voir le gibier notion où les écarts sont très importants à constater sur les différences dans un groupe d’amis, et où la perte est considérable si on avance en âge. Les théories de tir au pigeon d'argile « calm eyes » (de concentration mentale et visuelle sur un petit objet pour faire une mise au point douce avant d’appeler) donne un large champ de vision, (un peu comme quand on conduit) permettant d’affiner les distances, et d’apprécier la vitesse de déplacement qui est essentielle car, vous l’aurez constaté tous, on rate rarement devant. Après « c’est la Chasse » comme on dit et parfois, la chance est aussi de mise, et face au retour en force de la spiritualité, notre tradition nous offrira toujours les invocations et cierges au bon St-Hubert…ce qui ne mange pas de pain, fut-il de messe !

1/ Voir archive du 16 avril 2025.

2/ Voir sur Robert Churchill qui, pour rester en forme tirait au minimum 150 plateaux par jour, archive du 17 septembre 2021.

 

 

 

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