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22 septembre 2025

Ouuvertures d'antan : "je te plumerai" ? Pas sûr !

On est tous pareil, marottes et vieilles manies, où comme on vient de le voir le juxtaposé ou « deux coups » nous sautait des mains parce que, même « ringard » après mai 68, c’était tout ce qu’on pouvait s’acheter, même si on avait déjà tâté des superposés et des « automatiques », ceux des pères des copains. Pas de mise en conformation, on se lançait…à l’eau, ou plutôt d’abord au gibier du même nom qui « ouvrait » bien plus tôt…

C’était un temps où les armes n’étaient pas camouflées, le superposé s’imposait peu à peu, on « portait plus qu’on tirait » le fusil étant moins le centre d’intérêt que la « cerise sur le gâteau » de l’action du jour. Les campagnes étaient accueillantes, les agriculteurs aimables et coopératifs étant tout plus ou moins chasseurs ou « fils de », et le sanglier n’avait pas encore pris le dessus. Beaucoup de souvenirs sont gravés dans le bois de ces vieux fusils qui trainent au râtelier. Si seulement ils pouvaient nous parler des mains qui les tenaient, et on ne peut que les manipuler en pensant à eux et comme Gene Hill avait raison « …Nos plus grands trophées ne sont pas des choses, mais du temps »…

Les poules d’eau, les « judelles » au vol lent et rectiligne au ras de l’eau permettaient déjà de voir où allait la gerbe. Les chiens adoraient ça, fort « sentiment », grand fracas d’envol sur l’aile et gibier certes en principe comestible…Autant il aurait fallu démarrer ouvert et pas trop lourd, mais bien sûr les chokes fixes étaient irrémédiablement serrés, et on se laissait tous avoir avec la « réclame » des grosses cartouches car on savait qu’il allait falloir, dans la foulée, tirer les gros colverts à la passée en Baie. Là c’était une autre paire de manches, suivre l’axe de vol par l’arrière, apprécier la portée à vue de pied, et rien à voir avec ce que nous offrait plus couramment le marais à savoir sarcelles et bécassines.

Ces demoiselles nous donnaient le tournis, la première rapide aux trajectoires changeantes, une petite masse virevoltante dont on surestimait la distance sans pouvoir se retenir de tirer « dans le tas » plutôt que de choisir un oiseau extérieur ou isolé, de travers, pour n’en toucher qu’un seul à la fois. Petit gibier fragile qu’on foudroyait d’un coup de # 4 inutilement. On allait à la bécassine dans les renommées prairies à demi inondées de l’Orange à Tirepied (50) à la billebaude derrière les chiens, et le fameux tir acrobatique entre le « zig » et le « zag », où à la passée du soir, lestés de lampes torches quand elles arrivaient par vagues, pauvres petites bêtes qui nous envoyaient des baisers auxquelles nous leur répondions par des volées de plomb…

Quelques semaines plus tard se passaient les choses sérieuses, et là on se frottait à la cohorte des vieux routiers en veste Lafont en velours côtelé (1), le « bidon » bien maintenu (2) par la ceinture Gibaud (3) et la cartouchière bien garnie sur la « cotte », la gibecière au côté. Avec mon vieux « Nemrod » acheté à la sœur d’un copain, nous ne déparions pas encore dans l’univers familial de chasseurs ruraux qui ne s’intéressaient qu’au « poil », pas celui qu’on a sous le menton, mais le lièvre, vite expédié (4) avant de passer à ce qui restait encore de la gent lapinière.

Le faisan naturel, puis de tir, commençait à prendre son essor pour le chien d’arrêt, souvent bécassier, en attendant le « grand passage » de la St-Denis (9 octobre) ou parait-il « la mordorée est au taillis ». C’est elle qui conditionnait l’achat du premier braque allemand, du premier fusil dédié à la plume, un « automatique » Fabarm nanti du disgracieux mais bien pratique appendice « Polychoke » pour couvrir tout cet éventail d’oiseaux, mais en mettant bien du temps à « ouvrir ». Malgré l’antienne « queue-tête-pan », que de tirs derrière, distrait (comme pour le renard) par la longueur de l’animal, et surtout de la queue. On ratait car on tirait trop vite en regardant la globalité (queue comprise) au lieu de se focaliser sur l’avance à donner sur le bec.

Il fallut des années à prendre son temps pour tirer seulement quand les organes vitaux sont exposés et pas « en cul » sur des tirs longs où l’oiseau, plombé, va immédiatement piéter de loin. Sans chien (et encore !) c’était râpé. Sans même parler des battues dites « à l’anglaise » et des oiseaux lancés « stratosphériques », venus d’une chasse voisine, c’était un autre défi, à rapprocher de l’autre date mémorable la St-Luc (18 octobre) celle du « grand truc » , soit de l’arrivée massive des ramiers. Par travers et grand vent à cette période de l’année, le temps d’ajustement était restreint, il fallait balancer loin devant, avec un fusil abominablement choké quand on ne faisait que terminer la journée en attendant la brune, le chien rincé dans la bagnole, sous les grands chênes.

La chasse avec des leurres obéissait à une autre pratique, celle de faire voler à proximité, voire à faire poser et un autre matériel, tout comme les fusils bécassiers (5). A chaque fois et au fil des ans, s’accumulaient des armes spécifiques qui, au soir de notre vie sont autant de souvenirs d’actions où nos jambes, hélas, ne peuvent plus pareillement nous porter. Ce qui ne nous empêche pas d’aimer encore voir les autres profiter des chiens d’arrêt qui s’escriment sur ce qui reste de la gent ailée dont la bécasse, et puis il nous reste le ramier…quand il passe ! Malgré les trous dans la raquette, le peu qui reste de cordage suffit à encore nous emmener cahin-caha, sur les rivages où batifolent encore les beaux chiens de la Jeunesse que nous regardons avec des yeux attendris…

1/ Elle était noire pour les charpentiers, marron les menuisiers, beige pour les carriers, et les boutons à l’effigie des gibiers de nos campagnes : faisans, perdrix, etc.

2/ « Quarts, gamelles, bidons » cette vedette du fourniment militaire passait par devant, sur le ventre adipeux de son propriétaire, fortement sollicité par une vie de ripailles et de collations. Il donnait cette silhouette qui sied à l’assise du rural de bon aloi, frappé irrémédiablement par le poids des ans. Nous en sommes maintenant tous là, ce fameux « bidon » en avant plutôt qu’en bandoulière comme autrefois…

3/ Inventée lors de la rencontre en 1935 lors d’une partie de pêche du médecin éponyme, et des Ets Pichon, firme stéphanoise fondée en 1890, leader de la ceinture de flanelle.

4/ Voir sur cette chasse, archive du 20 janvier 2017.

5/ Voir archive du 16 décembre 2017.

 

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