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2 septembre 2025

Propos d'avant Ouverture : damné juxtaposé !

Ceux qui pratiquent le deux-roues comprendront l’analogie : moto et side-car sont pour le commun des mortels à peu près la même chose, mais en réalité des choses entièrement différentes. Il en est de même du juxtaposé avec lequel on débutait il y a bien longtemps obligatoirement à la Chasse, et dont on avait un mal fou à se dépatouiller avant de passer très vite à un seul plan de visée, celui du superposé.

Un paradoxe d’ailleurs tant, dans la décennie des sixties, le « deux coups », était parvenu au summum de son développement. Sans même parler des « best of» britanniques, Liège et St-Etienne étaient parvenus à un niveau de production exceptionnel mêlant élégance, robustesse, canonnerie offrant une superbe balistique avec encore des noms qui claquent à nos oreilles : Breuil, Heurtier, Fanget, etc. Evidemment, nous sommes tous titillés par la nostalgie de l’époque bénie du « Chasseur Français », des belles boîtes de cartouches carton Tunet ornées de braques flamboyants, et où tout armurier de chef-lieu de canton était capable au fin fond de son atelier poussiéreux, de vous forer un nouveau rétreint. Moyennant quelques billets supplémentaires, il pouvait même, au terme d’un voyage ou deux de négociations dans le Forez, se concocter de jolies petites séries spéciales (1) frappées à son nom.

Pour nous qui commencions à faire nos gammes, le vieux deux coup était « ringard » car mon bon vieux grand-père qui lui avait consacré une belle somme pour l’époque, l’avait entretenu avec fierté…mais se servait du Simplex pour assurer le coup du dimanche matin d’ouverture avec son cercle de copains ! Effet de mode, ou attrait de l’exotisme, nous lorgnions plutôt du côté des Italiens (2), de leurs superposés et surtout des « automatiques » moins lourds que le fameux Auto 5, toutes ces armes, nous allons le voir plus loin, étant beaucoup plus « grand public » avec des crosses neutres peu pentées et avantagées, disposant en plus de détentes uniques, d’éjecteurs, petits bonus qu’on ne retrouvait que sur les juxtaposés haut de gamme ou sur mesure.

Le superposé l’a emporté un peu par effet de mode, et d’opportunité industrielle, mais aussi beaucoup parce que son plan de visée unique (comme sur « l’automatique ») favorisait, étant plus lourd et plus facile à conformer, le tir à fort volume polyvalent, voire le ball-trap à l’intersaison dans les kermesses de campagne. Pour nous autres en baie du Mt-St-Michel, il était idéal à la passée, mais aussi sur les « cocottes », gros oiseaux et cibles hautes pour un fin canon, pouvant aussi, puisque pesant, tirer des charges lourdes. Le vieux Darne (3) hérité de Papy était léger, permettait certes de tirer vite sur le lapin, mais serré comme un pet de nonne, et reculant comme une mule, était pour le moins déconcertant. Mais comme tout le monde à l’époque, nous restait, « ultima ratio », la possibilité d’avoir recours à sa majesté le « croisillon »…

Un peu oublié de nos jours où on achète du « prêt à porter », l’ajustement des juxtaposés était très important, et il suffit pour s’en convaincre de bien examiner ceux qu’on possède, où pas une crosse ne se ressemble. Trop courte vous vous blessiez le majeur (4), trop longue à vouloir tirer au « coup d’épaule », pas mal de « bleus » apparaissaient au susdit endroit, avant de voir si on était centré ou non. La crosse demi-pistolet qui fait un angle de 45 ° entre mains arrière et avant, assurait moins que celle, pistolet à 90° du superposé, calant mieux l’arme sur le plan de visée unique, la main faible avant donnant même un meilleur point de prise sur un devant oblong, et non plus seulement de pose. La crosse droite, dite anglaise, était certes élégante, censée faire tirer plus vite les deux coups à suivre, mais des analyses pointues ont montré qu’une fois sur deux, la main forte n’était pas au même endroit, ce qui faisait varier le contrôle et l’équilibre d’une arme seulement posée, on vient de le voir sur la main faible.

La conception même des deux canons, et le recul horizontal en cisaille, donnait aussi un effet de torsion « downflip » faisant tirer bas le premier coup, ce que les fabricants compensaient par des crosses beaucoup plus pentées pour la plume qui monte. Bref, on se dégoûtait à tirer avec ces armes mal ajustées dont on héritait en les bourrant en plus de 36 grammes de plomb pour lesquelles elles n’étaient pas faites. Le superposé, plus lourd, conformé « neutre » car produit en grande série avait en outre l’avantage de mieux étaler le premier coup (en général du bas) placé plus proche du creux de l’épaule, facilitant un second mieux ajusté, avec, en plus, déjà des chambres plus larges sur des chokes amovibles «serrant » (et cognant !) moins.

Les saisons de chasse s’empilant, il suffit de regarder les copains autour de nous, on se prête et on compare nos vieilles trouvailles qu’on comprend un peu mieux pour les avoir analysées avec, c’est le cas de le dire, plus de « recul », c’est-à-dire en tenant mieux compte de leurs caractéristiques certes datées (5), mais dont on peut tirer parti avec émotion et désormais, un brin de nostalgie. Nourries de cartouches « carton » (6), elles « piquent » encore. Et puis, comme dit l’autre « si le Bon Dieu avait voulu qu’on chasse avec un superposé, il aurait disposé nos yeux en face des trous, c’est-à-dire sur la tête de cette façon, non ? »

1/ Voir notre série des 5-6-7 avril 2017, sur l’armurerie versaillaise Kerné, emblématique de cette période.

2/ Beretta dès 1955 avec ses modèles S 55-57 combinés aux S1 et ASE adaptés à la production de masse de fusils plus légers et moins chers (160 $ contre 260 $), que le Browning B25 (1922-1931). La démocratisation du superposé entraîna derrière lui toute l’armurerie transalpine qui attaqua aussi immédiatement la suprématie de l’Auto 5 qui coûtait à cette époque 122 $.

3/ Les armes, comme certaines femmes sont toujours difficile à décortiquer, et certaines, plus ou moins ouvertes à nos attentes que d’autres…

4/ D’où tous les petits pads de pontet qu’on trouve souvent, durci et racornis, sur les armes de cette époque.

5/ Voir archive du 16 avril 2025.

6/ Ce site étant fan des vieilleries a bien sûr étrillé la question : archives des 12 septembre 2017, 26 mars 2017, 8 novembre 2020.

Dans le prochain envoi, on verra comment justement, ce type d’arme se heurtait aux « tirs durs » à la plume…

 

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