Quand on parlait de la "dureté" du tir
La panique sur le projet, heureusement avorté, le proscrire le plomb à proximité de la moindre flaque pouvait inciter enfin les chasseurs à faire attention à ce qu’ils tirent vraiment. Regardons autour de nous où on parle plus de chokes, des « goodies » que sont les pads de recul, les bandes ventilées et bricoles autres que de ce qu’on balance vraiment dans la Nature. Or le contexte international devrait nous faire réfléchir : la Chine produit 80 % du tungstène et 70% du bismuth…
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Les Etats-Unis qui ont progressivement réduit (1987-88) par états, puis au national (1991) l’emploi du plomb au gibier d’eau ont le plus de recul sur la question. Les TSS et Hevi-shot vu leur prix, depuis 1999 ne sont employés que par des tireurs de niche (dinde, au posé, ou à faible volume de tir), et le bismuth, de la même manière, par ceux qui ont un but précis, par exemple l’emploi de fusils vintage et l’esprit qui va avec. La plupart des chasseurs sont guidés par le prix, et plus encore ceux de fort volume comme les sauvaginiers qui vont massivement à l’acier « 3 pouces » comprenez Magnum ou notre « chambré 76 ».
Dans le contexte actuel lourd de menaces l’industrie aéronautique ou de défense passeront, il faut bien le comprendre, avant les affres des chasseurs de canards, et même les « écolos » ont, perspective horrifique pour eux…du plomb dans l’aile de ce côté ! Leurs réglementations punitives aberrantes sans fondements techniques et à forte connotation socio-politiques (1) frayant avec toute la faune gauchisante de plus en plus déconsidérée, devraient nous donner un peu de répit, mais l’acier va sûrement s’imposer à la longue.
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On sait tous que c’est un piètre substitut au plomb, et que c’est la vitesse qui sauverait, en principe l’affaire. Mais poussez trop vite le plomb, il s’agglutine, le bismuth lui casse, et l’acier se disperse avec moins de portée utile même en « tamponnant » (2). L’équation du tir était déjà complexe avant car il fallait ajuster les coefficients de l’arme : partant du fait qu’elle soit bien conformée ajuster le rétreint à la charge, la vélocité, la dureté du projectile, en corrigeant éventuellement et en toute connaissance de cause. C’était l’époque où on rechargeait encore beaucoup, où on tirait « à la planche » pour modéliser (3) et où chaque chasseur avait sa préférence sur les plombs durcis, nickelés (2,5 % d’antimoine), cuivrés.
Cette « dureté » fut parfaitement analysée par Winchester qui, au moment où toutes les cartouches plomb incorporaient 4% d’antimoine, doubla la mise. La dureté Brinell passait de 8,6 à 12,3. L’antimoine, moins dense donnait des billes plus légères se déformant moins du fait des nouvelles contraintes de vitesses et de pressions. Plus rondes, elles ralentissaient moins, conservant une grande vitesse de frappe. A la fin des années 90, Remington avec sa série STS fit de même (6%), mais les toutes plomb envoyaient encore bien plus de billes dans la trajectoire de vol. A un moment donné, on pensait que jouer sur ce pourcentage permettrait de titiller l’acier, mais les lois de la densité étaient imparables : 11,33 g/cc contre 7,86 !
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Après, tout dépendait de l’emploi : pour servir les chiens d’arrêt devant soi à 25-30 mètres on se rendit compte que l’acier pouvait faire l’affaire, surtout en se concentrant sur ce qui était devenu le maillon faible, en l’occurrence le facteur humain. La cartouche la moins chère, si on la maîtrise, est préférable à un mélange en vrac de cartouches de luxe, ce qu’on vérifie tous quand arrivent les beaux jours et les kermesses de campagne où on expédie les vieux restes des saisons précédentes…La chasse « upland », celle qui ressemble le plus à notre chasse devant soi à la billebaude garda alors la vitesse mais abaissa les charges en « ouvrant » plus les chokes, habitude il est vrai difficile à se débarrasser chez nous après des décennies à vanter les fusils « qui piquent » ! C’est donc la voie à suivre si on est dans le doute sur quoi employer demain.
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Il faut même en plus se concentrer sur comment on tire plus que sur ce qu’on tire. Il faut le reconnaître, c’est un domaine où on apprend seul, sur le tas (et souvent hélas… sur le tard !) un peu comme s’il fallait apprendre à jouer de la guitare tout seul. On arrivera certes, vaille que vaille, à jouer péniblement « jeux interdits », mais au prix de tout un tas de mauvaises habitudes qu’il faudra péniblement désapprendre peu à peu en prenant trois fois plus de temps. Or pour beaucoup d’entre nous, malheureusement, il nous est compté…
1/ Elles visent, petit à petit, par « effet cliquet », non pas à améliorer la pratique des usages dans la Nature, mais par pure idéologie à interdire purement et simplement la pratique de la Chasse, et surtout, derrière la possession d’armes dans la population, hantise et priorité de toutes les dictatures présentes ou à venir.
2/ Voir archive du 3 août 2020.
3/ Voir archive du 12 juin 2021.