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12 février 2024

Sanglier et armes "patrimoniales"

La battue dans la diane communale ne met pas aux prises de la bête noire que des « épées » ou « fines gâchettes », dotées de carabines au top, surmontées d’optiques dernier cri. Les anciens y emploient leur vieux compagnon qui sert aussi au perdreau, et les jeunes n’ont parfois pas d’autre choix que de débuter avec le même genre d’arme, souvent un superposé grandement choké, une arme « patrimoniale » (1) héritée du grand-oncle.

 C’est quand il rate inexplicablement un « gros pépère » qui trottine en gravissant à son train de sénateur la petite pente en se dérobant à la corne du bois que revient inlassablement la discussion sur les fusils qui « portent la balle » plus ou moins bien. Nous avons déjà esquissé le sujet ici (2) il est impératif de faire des essais, certes de balles, mais avant tout de convergence des canons, sujet dont tout le monde sait qu’il existe, mais dont personne ne veut parler…et explique plus ou moins d’ailleurs le règne des semi-automatiques…où là, circulez il n’y a plus rien à voir.

Les fabricants comptent sur le fait que le tireur moyen actuel ne prend jamais la peine de modéliser ou tester son arme pour la convergence des points d’impact. C’est un peu comme si on achetait une voiture sans l’essayer, ou épouser une femme qui nous est totalement inconnue ! On peut donc avoir une arme « deux en un » qui tire de manière totalement différente d’un canon à l’autre, et où seule la différence de diffusion des chokes permettra plus ou moins de s’adapter en distance. Paradoxalement, voir la planche ci-dessous, ce canon mal réglé qui tire « haut » (voir la gerbe par rapport au point noir visé), sera presque un avantage à la plume, mais sera rédhibitoire à balle et la différence entre mort et perdu !

La compétition a montré que la convergence était vitale (3), et le nombre finalement restreint de fabricants de canons n’a fait que s’accentuer, et pas toujours au bénéfice de la convergence maîtrisée. Les grandes firmes « lifestyle » qui se développent par acquisition successives de marques de renom ont toujours fait affaires en Espagne puis en Turquie, et toujours cherché à faire fabriquer des canons à moindre coût, mais baptisés de noms savants ou de technologies soi-disant nouvelles sur les chambres ou la technologie des aciers. Or, en ce domaine, tous les experts vous le diront, c’est plutôt l’industrie automobile qui ouvre la voie plus que celle de la chasse au canard sauvage !

Au grand gibier, bien plus qu’à la chasse devant soi, le point de convergence est un absolu, (en plus sécuritaire) : vous devez savoir exactement où vous tirez, et si vous ne modélisez pas avec la cartouche à balle que vous allez tirer, qu’aurez-vous appris ? Robert Churchill (4) définissait le POI (point of aim) à 16 yards ou 15 mètres qui est bien celui où se tire le plus souvent la bête noire. Ce qui peut être reproductible à fin de comparaison un peu plus loin, là où l’objectif doit être atteint, bien plus restreint bien sûr en distance avec l’arme lisse.

Beaucoup cherchent la manière de « devenir bon » sans tester ni pratiquer, et peuvent penser qu’un point rouge les y mènera, mais il y a mieux à faire avec un bon tir simple d’entrée qu’avec un gadget qui risque de le changer diamétralement. Dans nos dianes communales, il y a toujours de ces « seniors » qualifiés « bons fusils » sans trop savoir pourquoi et qui s’en tirent toujours très bien avec l’arme qu’ils utilisent depuis des lustres. On minimise cette qualité au fait que ces vieux birbes matois connaîtraient, mieux que d’autres, « les passages », mais c’est bien le tir de base et sans artifices, qui sonne l’heure de vérité à la corne du bois.

Les express qui ont le plus souvent justement des cales d’espacement permettent de corriger ce POI inapproprié, mais pas l’arme lisse qui emploie la balle. Les superposés modernes, sous l’influence du sport sont désormais plus « neutres », moins « avantagés » et « pentés » que dans le passé, donnent plus de marge sur un épaulement aléatoire sans trop modifier le POI. Sur les anciens, sans même parler de ceux qui stipulaient « canon non pour la balle », il faudra compenser et donc changer sa manière d’épauler et tirer avec un résultat problématique, comme si sur votre voiture ayant un problème d’alignement de train avant, le garagiste vous recommandait de seulement tourner le volant pour y remédier, sans toucher au système de direction. Et pour continuer de filer la métaphore automobile, on se retrouverait aussi, dans le tir ardu des crosses mal conformées contraint aux contorsions du pilote, enfermé dans l’habitacle étroit d’une voiture de sport, sans siège réglable !

La recherche de la perfection devrait être l’objectif de tout le monde, mais l’atteindre est une autre histoire. Pour vous rassurer dites-vous que si votre vieux camarade touche où vous tirez, ne vous embêtez pas. Car si on vous apprend tout à coup que la convergence est foireuse, vous allez gamberger et rater une vache dans un corridor ! Des fois, il vaut mieux ne pas savoir, et si vous touchez la cible, c’est bien, au final, tout ce qui compte…

1/ Pour nous, une arme qui, avec un peu de soin, on peut léguer, qui sont bien faits, et offrent un très long service, et qu’une vie de chasseur actif ne suffit pas à épuiser.

2/ Voir archive du 23 janvier 2023.

3/ La différence de plus de 10% du POI est inacceptable.

4/ L’armurier britannique ci-dessus (voir archive qui lui est consacrée du 17 septembre 2021) avec son célèbre modèle XXV prônait les canons courts de 25 pouces, et le tir d’interception et non de suivi « queue-tête-pan » que l’on préconise tout le temps.

 

 

 

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