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3 mars 2015

La bête du Gévaudan et la chasse: 3/ On tue une "bête"...est-ce la bonne ?

Antoine de Beauterne réclame et obtient 18 chiens de plus en continue des petites battues bien ciblées avec toujours, des détails qui ne cadrent absolument pas avec le comportement d'un animal sauvage. En mai, personne n'avait compris qu'une femme fut attaquée et tuée...dans l'enceinte même d'une battue fermée où opéraient les Denneval ! Or, le 9 aout, avec vingt chasseurs confirmés, il parvient à lancer la bête suivie à vue sur deux kms, et qui rembûche...au Mont Mouchet. Antoine reprend les chiens, se promet d'y revenir à l'aube...la bête les suit discrètement, sur leur chemin du retour alors que la nuit tombe... et égorge une fille qui filait la quenouille, sous les fenêtres du château du Besset où se reposait la meute et son maître ! Les chiens sont immédiatement découplés, la bête suivie à vue, mais la nuit est maintenant bien noire...et toujours des pieds de loup !

 

Deux jours plus tard, en plein préparatifs et à quelques centaines de mètres d'une grande battue, elle attaque deux soeurs dont l'une, Marie-Jeanne Valet se défend particulièrement courageusement. Elle la blesse très profondément (lame enfoncée sur 7 cms) au poitrail, mais surtout donne un témoignage très précis : « de la taille d'un gros chien, elle est beaucoup plus grosse par devant que par derrière, elle a la tête très grosse et très plate ». Et toujours des traces de loup. Par contre, plus d'attaques pendant trois semaines...on la croit morte, et Marie-Jeanne Valet est honorée telle une Jeanne d'arc locale ! Le 16 août, un incident grave met aux prises deux gardes royaux qui se sont embourbés mal conseillés à dessein par des mauvais sujets du coin, Jean Chastel et ses deux fils. Un des gardes veut sévir...il est mis en joue ! L'algarade monte d'un cran, les Chastel sur ordre d'Antoine de Beauterne, sont embastillés au village voisin. Le père Chastel, on va le voir plus loin est le futur tueur de la bête, le fils garde d'un hobereau local (le comte de Morangiès dont le rôle fut fort trouble durant toute l'affaire), réputé dresseur de fauves qui a sa cahute comme c'est curieux...sur le Mont Mouchet !

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En septembre, les attaques reprennent, une fillette est tuée alors qu'elle gardait les vaches, mais elles se diversifient. Le 11, elle attaque un convoi de 4 muletiers armés. Elle est tirée à 20 pas, accuse le coup...et fonce sur le tireur qui s 'en tire grâce à l'appui de ses compagnons : « elle est rayée sur le dos, tachetée, rougeâtre, beaucoup plus souple qu'un loup ». Le lendemain, encore plus curieux, Jean Tesseidre 17 ans qui gardait les boeufs avec un jeune compagnon ne se méfie pas d'un gros chien comme on en voit partout autour des troupeaux, qui le contourne l'air de rien, et attaque subitement le plus jeune « elle est faite comme un chien mais de la taille d'un loup ». En 16 mois nous en sommes au chiffre ahurissant de 80 morts, 50 blessés la plupart très graves.

Bien sûr le Roi et la Cour s'impatientent. On met le paquet, douze chiens de plus arrivent de Versailles. Le 17 septembre, autre fait curieux, Antoine de Beauterne fait abattre par ses gardes un gros chien, gardien de boeufs, qui dévorait allégrement les restes non recueillis d'une fillette et semble donc accoutumé à la chair humaine...il appartient au fils Chastel !

Intervient alors une grosse supercherie dictée sans doute par la raison d'Etat car le Roi veut en finir : la grosse troupe royale plus quarante fusils s'en va subitement bien loin, de l'autre côté de l'Allier à l'abbaye des Chazes où parait-il a été vu un gros loup. Antoine de Beauterne le blesse d'un coup d'une grosse canardière (35 chevrotines plus une balle) qui le fait quasiment tomber sur le c...et le garde Rinchart l'achève d'un coup de carabine. On claironne que c'est la bête, certains auteurs pensent de nos jours que ce fut un des gros loups sibériens (observé à la Cour par le grand naturaliste Buffon et offert par le tsar) sacrifié là pour en finir définitivement avec cette affaire embarrassante au plus haut point pour le pouvoir royal. Début novembre Antoine de Beauterne s'en va toucher récompense et se faire honorer à Versailles. Les gens du patelin restent bien seuls avec leur problème. Par chance pas d'attaque en novembre...même si un faucheur matinal dit avoir été poursuivi jusque chez lui en marchant à reculons faux en avant, et à grands moulinets. On veut croire qu'il affabule pour se faire valoir, et que c'en est fini de toutes ces abominations.  

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