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FCM 25.00
28 mars 2015

Il court...il court le furet !

Voilà encore une chasse un peu « de l'ancien temps », car, de nos jours elle est beaucoup plus réglementée, sinon complètement interdite, ce qui peut un peu se comprendre, le lapin, suite à la litanie de ses épidémies successives (myxo plus tout le reste) ayant tendance à disparaître de nos campagnes.

 

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Mais c'était loin d'être le cas dans le passé où dans l'Antiquité par exemple, l'Espagne était dite « cuniculeuse » tant elle était infestée par la bête aux longues oreilles. Pline au début de l'ère chrétienne signale que l'empereur Auguste fit débarquer aux Baléares des légions de furets pour cette lutte. Ensuite son existence est toujours contingente de celle du lapin, annexé dans tout le moyen âge par la noblesse et l'Eglise, les couvents étant forts consommateurs des « laurices » ou lapereaux encore sous la mère, ce qui développa d'ailleurs l'élevage en « clapiers », mais bien sûr auparavant le furet était étroitement associé aux contrôle strict des garennes.

 

téléchargement (1)

Ces dernières étaient  bornées et encadrées pour limiter à l'avance les dégâts liés aux contrôles des cultures, ce qui n'empêchait pas de nombreux procès. La régulation se faisait donc de manière fort constante avec furets et filets : « point de château sans garenne, et point de garenne sans furet » disait-on à l'époque d'Olivier de Serres (1605) lequel conseillait autour de ces dernières, mur de 2 m de haut (avec fondation d'un mètre), et fossés inondés autour de 3 m ! Tout ça étant réservé aux nobles, le vulgus pecus, en étant réduit aux collets pour améliorer son ordinaire ou ne serait-ce que protéger quelque peu son potager...mais encore, en faisant attention aux gardes, les sanctions pour braconnage variant extrêmement selon les coutumes et les lieux...en gros d'une simple bastonnade...à la peine de mort ! Certains seigneurs, débordés par la gent lapine donnaient gestion de leur garenne contre redevance même à des roturiers, d'autres assaillis de procès pour dégâts aux cultures (le plus souvent des abbayes, les moines étant affreusement procéduriers) se résignant même à les détruire.

 

furet

La chasse devenant populaire après la Révolution, le furet entra donc dans la pratique cynégétique, et même « cuisinière » qu'on lui connaît de nos jours, car les résultats en sont toujours à peu près certains, et gages de savoureuses gibelottes. C'était en effet une des bases du chasseur rural qui savait repérer les « gueules » des terriers, habitation du lapin adulte, à ne pas confondre avec la « rabouillère » conduit isolé où la lapine met bas en secret pour que le mâle ne tue pas les lapereaux ou les « terrassons », tout petits passages de ces derniers. On surveillait les « passées », ou les dégâts aux arbres par temps de neige quand les lapins « font de l'ivoire ».

 

téléchargement

Le chasseur scrupuleux débroussaillait même un peu pour se dégager des champs de tir et mieux surveiller les sorties à la grande période de janvier, liée à la hiérarchie et à l'organisation sociale des garennes qui se met en place en novembre. Les dominants, fidèles à leur habitat y font la loi et refusent plus facilement de sortir. La pousse d'herbe est aussi une condition du succès de la campagne de chasse surtout bonne en janvier avant que les lapines soient pleines ou encombrées de jeunes, le furet les attrapant plus facilement et « collant » alors irrémédiablement au terrier. La météo jouait bien sûr son rôle : par neige et grosse pluie, refus de sortir ; temps doux succédant à la pluie, lapins dehors ; le mieux étant donc un temps sec et calme, et en prenant le soin de ne pas chasser trop souvent au même endroit (intervalle de dix jours conseillé) pour ne pas vider définitivement la garenne.

 

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L'ambiance particulière, approche silencieuse, cavalcade sous terre, sécurité draconienne, manipulation précautionneuse de « Coco » (ou « Adèle » si c'est une dame !) n'appréciant guère être serré aux côtes (et mordant alors furieusement), faisaient tout le sel de cette chasse où on tire « au coup d'épaule » sans trop avoir le temps de viser, le lapin filant de trou en trou à toute vitesse. Il est un peu malheureux que les jeunes chasseurs, ne puissent plus comme nous autres autrefois, s'adonner à cette chasse éminemment populaire et formatrice.

D Legendre

  Nos photos : à gauche un beau tableau après la guerre de 14-18. A dr.  au soir d'une belle chasse (12 lapins tués à trois fusils en 1975) à la Haye-Pesnel...l'auteur (à g.) utilisait...c'était encore permis à l'époque, un Beretta "à pompe" que l'on voit appuyé au rétro de la 4L. Au furet, c'est sûr que comme les shadoks, vedettes TV du moment...ça pompait ! 

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