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29 mars 2015

Les fusils "jaspés" reviennent-ils à la mode ?

C'est une définition dont on n'a plus guère l'habitude, sauf sur les armes d'occasion d'un certain âge, celles de l'entre deux guerres ,où déposer une fine couche d'acier à très forte teneur en carbone à la surface d'une pièce en fer ou acier doux, contribuait non seulement à la rendre plus solide mais aussi l'embellissait grandement. Un peu oubliée, elle revient à la mode, mais sur des armes artisanales d'exception. 

 

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Ce qui offrait un joli camaïeu d'apparence tigrée avec des teintes alternant du doré au vert et bleu, des moirés changeants selon l'orientation du fusil ou la luminosité ambiante. Ce « jaspé » existe certes toujours, mais on va le voir, désormais sur des armes artisanales et de prix selon la technique dite « à la boîte » dont à va parler plus loin. Cette décoration qui revient donc à la mode était celle typique des années trente, et des fusils classiques de St-Etienne, les Robust, Darne, ou Petrik (voir notre post du 23/01/15) mais appliquée de manière industrielle en polissant soigneusement des pièces impeccablement dégraissées, au point qu'il fallait éviter même de les manipuler à la main ces dernières avec la sueur risquant d'y laisser des empreintes. Elles subissaient ensuite un bain de cyanure à 700°, puis une trempe de sels métalliques à l'eau froide avec, selon le tour de main, plusieurs variations de teintes possibles. Même consolidé par un vernis, cette décoration finissait par s'estomper à la longue, surtout aux endroits de fortes manipulations.

 

On l'a vu dans notre récent post sur le fusil Bretton (voir dans ce blog au 16/01/15), les progrès de la métallurgie légère, notamment liée à l'aéronautique finit par faire tomber en désuétude ce manière de « finir » les fusils classiques, puis l'arrivée des bascules en métal allégé finirent par presque l'oublier dans les années 70-80 où la fabrication armurière finit à son tour par se « mondialiser ». Bien sûr, cela n'empêcha pas des artisans renommés de continuer à faire vivre le jaspage « à la boîte » c'est-à-dire le plus ancien puisque datant de l'Antiquité où on s'était rendu compte à la forge, bien avant la découverte des sels de cyanure, que les glaives recouverts de certaines matières animales (cuir, corne, sabots) non seulement offraient de jolis effets, mais les rendaient aussi plus solides.

 

rhodes

quoi

Le travail est ici long (avec le temps de chauffe et la trempe, une bonne journée), mais aussi méticuleux et difficile car il s'agit de travailler dans une chaleur intense et une fumée forte. Cette technique impose de chauffer un récipient en fonte (la fameuse « boîte ») à 850° pendant deux heures, en ayant entouré la pièce à jasper d'une couche de corne, le tout étant scellé à l'argile. Autrefois dans de la braise activée, de nos jours avec des fours modernes que le prix (et surtout la facture EDF qui va avec l'opération !) ne met pas à portée du particulier. Porté au rouge, il s'agit ensuite de retirer rapidement la pièce dans un seau d'eau additionné autrefois...d'urine de cheval, ou de charbon de bois, le bouillonnement rapide décollant les résidus de corne brûlée par petits bouts, et l'apport d'urée (ou tout autre acide à notre époque, les « tours de main » étant nombreux mais souvent gardés secrets) cémentant par endroit le métal. Les différences thermiques enregistrées peaufinant les fameux jolis dessins à la surface du métal.

 

La complexité de ces manoeuvres, les mets, contrairement au bronzage des petites pièces (voir dans ce blog au 22/04/13 notre tutoriel pour refaire par exemple, facilement et avec succès, la bascule d'un Miroku) hors de portée du particulier même éclairé et motivé. Il reste cependant à St-Etienne des entreprises capables de redonner ces fameuses « couleurs » à un joli fusil de collection, mais qui doit être d'un certain prix car la facture peut être salée : comptez 3-400 euros pour un jaspage industriel aux sels de cyanure, et plus du double « à la boîte ».  

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