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18 janvier 2017

1914-1918 : on chassait encore dans les tranchées !

C’est la période des commémorations sur la Grande guerre, époque où le chasseur (600 000 permis en 1914) était donc aussi massivement, dans les tranchées. On va voir ici, malgré les affres de la vie au front, qu’il ne délaissait pas pour autant son passe-temps favori…

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La guerre de position étant aussi faite de longues périodes d’attente on pouvait faire confiance à l’imagination des chasseurs pour faire varier l’alimentation, mais aussi se distraire. L’exercice de la chasse étant officiellement interdit dans la zone des armées, les officiers « fermaient les yeux » sur une chasse qui se mena à peu près contre tout…de la mésange au sanglier !

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Les fusils de chasse classique étaient en théorie bannis du front par les conventions de Genève (1), on les trouvait néanmoins aux mains des « corps francs » et des « nettoyeurs de tranchées » (2), mais il n’était pas rare que des combattants en aient récupéré dans des décombres et conservés, démontés dans leur paquetage. Cependant les pièges et collets avaient la faveur du « poilu » qui n’hésitait pas à se servir du Lebel pour tirer un lièvre imprudemment fourvoyé dans le no man’s land entre les deux lignes…et où il était ensuite l’objet de très officielles et même dangereuses patrouilles pour le récupérer. Une balle perdue finissant dans les volets du QG d’un général valut même 8 jours de tôle à un trop impétueux nemrod du front.

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On vit même de furieuses pétarades laissant croire au début d’une attaque (et la crainte d’une dangereuse riposte d’artillerie) entre les lignes ennemies…causées par le survol de voliers de canards sauvages que tout le monde, allemands et français « arrosaient » en vain ! Côté efficacité, les troupes de l’arrière (artillerie, génie) étaient assez avantagées : un commandant de compagnie, dénoncé par les autorités civiles qui s’étaient plaintes prit ainsi 30 jours d’arrêts de rigueur pour avoir mis en coupe réglée tout un secteur…où il mangeait du faisan tous les jours, ce qui, assurément le changeait du « singe » (3) que l’on distribuait, avec le « pinard », d’abondance au simple troufion.

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Mais les troupes « au repos », un peu en retrait des lignes, souvent avec l’aval de leurs officiers trouvaient là encore manière à se distraire, organisant de véritables battues au sanglier, poussés vers des refuites où les attendait…une mitrailleuse parée comme au plan de tir.

 Dans les boyaux, finalement, la chasse la plus frénétique fut celle faite aux rats (ci-dessus à g.) qui pullulaient puisqu’on en comptait une quinzaine par soldat. Ce qui amène à parler des chiens amis et compagnons de misère du poilu, mis à toutes les sauces (4), mais surtout ratiers qui, au nombre de 1200 furent, comme les hommes « mobilisés ». Ils étaient associés à des spécialistes piégeurs qui pouvaient en faire 150 dans une semaine, voire 46 000 en 4 mois.

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A Roye, une compagnie d’infanterie se concentrant sur une « battue », en fit 470 dans la journée. Parfois des furets furent officiellement utilisés en présence de l’état-major, avec des résultats conséquents : l’association de « Koko » débusquant le rongeur du terrier au bout duquel les attendait la dent de « Raoul » et « Marquise » donnant des statistiques étonnantes : 300 rats tués à l’heure !

Le pigeon était, pour toutes les bonnes raisons alimentaires et cynégétiques vues plus haut une cible de choix, mais également pour des motifs militaires puisqu’il transportait des messages. Les Allemands, moins bien pourvus en colombophilie militaire (5), et adossés à la Belgique (envahie et donc ennemie) terre par tradition ancienne de « coulonneux », disposait de fusils pour les abattre. La petite histoire retiendra l’histoire du « Vaillant » dernier pigeon du Cdt Raynal dernier défenseur du fort de Vaux le 5 juin 116, et celle moins connue (car offert au  corps expéditionnaire US) de « Bel Ami » ( ci dessous à dr.) qui sauva un bataillon de 200 hommes perdu en territoire ennemi. Touché d’une balle en pleine poitrine (preuve s’il en est que la « fale » de pigeon prend bien le plomb non ?), il repartit comme il put, effectua 25 kms en 40 minutes pour empêcher un tir de barrage ami meurtrier. Il avait perdu un œil et une patte, reçut la visite du général Pershing en personne, fut rapatrié comme un héros aux USA, décoré de la Croix de guerre française, et de son équivalent US. On lui fit une petite prothèse en bois, mourut en 1919, sa dépouille naturalisée est toujours au Smithsonian, hommage émouvant de la contribution des animaux dans la Grande Guerre.

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1/Voir archives du 5 février 2015 sur l’utilisation des fusils de chasse à la guerre dans le XXè siècle.

2/Lors des attaques qui se faisaient au pas de charge, une compagnie par régiment de « nettoyeurs » suivait un peu après le passage des troupes de choc qui n’avaient pas le temps de s’en occuper, chargée de vérifier qu’il ne restait pas, dans les boyaux, des ennemis embusqués capables de leur tirer dans le dos. Disposant de musettes de grenades qu’ils « semaient » à mesure de leur avancée, ils ne laissaient guère de survivants…

3/Les « rations » de premières conserves qui, avec « les quarts, les gamelles, les bidons » étaient trimballés dans le « fourniment » du fantassin.

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4/ Estafettes, gardes, mascottes, il y eût même des chiens de traineau (labradors, huskies) utilisés par les chasseurs alpins sur le front des Vosges. On y rencontra les races les plus diverses, bouviers, griffons. Il y eût des « héros » à quatre pattes comme le sergent  « Stubby »  un bull terrier (ci-contre à g.) qui prévenait des attaques au gaz, détectait dans les tranchées conquises les soldats encore cachés et qui rentra aux USA couvert de médailles.

5/ Les unités colombophile françaises en utilisèrent 60 000 dont un tiers fut tué, surtout par les attaques au gaz. 

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