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3 février 2017

Des armes étranges : les superposés à ouverture latérale

De nos jours, le superposé semble avoir toujours existé, or il ne faut pas oublier qu’il ne s’est véritablement imposé que dans les sixties, quand tout le monde s’y mit avec la mode du ball-trap qui retomba sur le monde de la chasse en général, éclipsant tout à coup les vieux « deux coups » juxtaposés de nos pères. Or, dès la fin de la guerre, des précurseurs comme Bretton, mais aussi d’autres moins connus y avaient déjà pensé…

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On le sait J.M. Browning avait déjà eu l’intuition, juste avant sa mort de ce marché juteux, et c’est ce qui présida à la genèse du B 25, et la réussite de sa nombreuses descendance par la suite, mais il ne fut pas le seul à penser que le superposé était une solution d’avenir. Britte frères, société belge fondée en 1886, devenue S.A. en 1923 y avait aussi pensé et lança dès 1931 un brevet pour un superposé Superbritte (ci-contre et dessous) à ouverture latérale qui ne fut commercialisé qu’à 300 exemplaires entre 1932 et 1936, en 12, 16, 20 et même quelques express en 9,3X74 R, ce qui montre assurément  une certaine confiance en la solidité de sa bascule !  

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Cette société passa de Théophile Britte (1874-1945) à son gendre Louis Dessart, puis son petit-fils Louis Pissart jusqu’en 1997, ce dernier possédant depuis 1936 pièces détachées et divers matériels et les revendit  à Griffin-Howe, également propriétaire des marques Masquelier et Jules Bury. Depuis 1962, cette marque ne faisait plus d’armes, mais du matériel et de l’outillage de précision. Francotte en 1999, relança un moment ce projet, mais malheureusement juste avant de faire faillite.

Plus étrange encore et également très peu répandu, les anciens Ets Pieper, firent, de 1946 à 1951, une centaine de fusils dits « Actionless 47 » fruit des travaux de l’ingénieur français Maurice Thonon-Lambert, mais bénéficiant de brevets belges pour un autre superposé à ouverture latérale (ci-dessous) dont les détentes étaient cachées…dans la crosse, ce qui donnait une ligne épurée, et peu susceptible de s’accrocher dans les buissons ! Un peu comme le Bretton, les canons étaient très facilement interchangeables d’où une grande polyvalence plaine, bois, marais, un démontage simple, et un mouvement plus court pour ouvrir et charger les fusils. N’oublions pas que nous étions autour de 1950, époque où le juxtaposé était encore roi, et le superposé commercial et universellement répandu tel qu'on le connait de nos jours, encore dans les limbes.

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Autre particularité, ce fusil, avec sa première détente faisait partir le canon du haut car on avait remarqué que le second coup sur les premiers superposés (1) était souvent trop bas. Donc là, le premier coup visait à tirer « dedans », le second (celui du bas) disposant d’une « trajectoire relevée » supposée corriger le tir, particulièrement de la plume, censée se relever progressivement. On retrouvait un peu le même dispositif sur les juxtaposés sans bandes, mais à « visière » équipés de canons « plume » (2) dont nous venons de parler dans le post précédent pour les fusils Darne.

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L’ouverture latérale avait comme avantage un mouvement plus court, des canons au démontage plus simple et facilement interchangeable. Ils s’ouvraient pour le premier par une clef également latérale type serpentine, et avec une clef classique pour le second où les queues de détente noyées dans la crosse étaient particulièrement bizarres par rapport avec tout ce qui faisait en armurerie depuis des décennies. Mais ils ne parvinrent pas à détrôner les superposés classiques déjà arrivés à maturité technique on l’a vu avec Merkel et Browning, depuis une vingtaine d’années. Seul, Bretton (3) parvint, et encore difficilement, à se mêler à la lutte commerciale qui vit le superposé définitivement supplanter le classique « deux coups » qui, jusque-là, régnait en maître dans la chasse française.

Toutes ces armes, on l’a  vu sont fort rares, puisqu’on en dépasse pas au total quelques centaines d’exemplaires. Inutile de dire que si vous en retrouvez un dans le grenier on pourra vous taxer d’original certes, mais aussi fortuné, car ils ne s’échangent plus comme c’était le cas il y a une vingtaine d’années  pour une poignée d’euros !

1/ C’est un français, Pidault en 1885, qui, le premier, fit breveter un superposé, néanmoins popularisé par l’anglais Boss en 1909, mais précédé par Merkel en 1905 et son fameux 303 en 1924 dont la série actuelle est issue sans véritables grands changements. Le Browning est de la même époque (1925), et les italiens (Beretta entre autres à partir de 1933) n’ont fait qu’accompagner le mouvement, mais en le modernisant complètement à la fin des années soixante puis l’industrialisant à l’extrême juste au moment où le ball-trap se démocratisa. L’armurerie traditionnelle (française bien sûr, mais aussi belge, espagnole) ne put que suivre…avec plusieurs longueurs de retard ! Sans même parler des erreurs de stratégie commerciale des grandes maisons de l’époque comme la Manu… La canonnerie restait au top, mais pas le reste, légèreté, éjection, qualité et coût de la main d’œuvre, sans même parler du « marketing » comme on dit de nos jours…

2/ Voir à cet effet l’’essai d’un rare « Didierfusil » de 1919 dans notre archive du 22 mai 2015.

3/ Voir notre archive sur le fusil Bretton à la date du 16 janvier 2015. 

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