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FCM 25.00
22 février 2017

Comment le "douze" gagna finalement la partie

Déjà dans la terminologie de « calibre douze » il y a une certaine antinomie : le dit calibre devrait évoquer une mesure linéaire en millimètres alors que tout le monde le sait (ou devrait le savoir) pour les fusils de chasse il s’agit du nombre de balle qu’on peut y entrer à partir d’une livre de plomb.

serie armor 001

 

Mais il ne s’agit pas de notre livre actuelle mais d’une ancienne qui faisait un peu moins : 489,5 gr. Les « vieux » douze étaient plutôt des canardiers pesant pas loin de 4 kgs et tirant 39 grammes mais avec de la poudre noire et des vitesses qui font sourire de nos jours : 325 m/s ! Jusque dans les années cinquante, on considérait que le seize expédiant moins de 30 gr. convenait à toutes les nécessités de la moyenne des chasses françaises, et c’est ce qui fait qu’on en trouve tant en occasion de nos jours, sans même parler des firmes qui en refont des neufs. Le douze restait le fusil des cas exigeants comme le gibier d’eau, et le 20 l’arme des dames ou des bons tireurs.

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Choc et pénétration étaient alors, plus que la vitesse (on était bien avant les chronographes électriques), se mesuraient au pendule balistique, puis à partir de 1879 à une bien plus pratique petite cible en tôle d’acier montée sur ressort compensateur associé à un curseur. Plus empiriquement aussi on mena une étude comparative de cartons perforés, le dilemme étant : fallait-il employer une charge lourde de gros plombs lancés à une vitesse relativement faible, ou bien une charge plus légère mais le plus rapide possible sans que les grains ne se déforment ? C’est de ces considérations, reconnaissons-le, dignes de la résolution de la quadrature du cercle que l’on opta pour une vitesse moyenne de 360m/s à appliquer aux premières cartouches de chasse manufacturées. Vitesse largement dépassée depuis, on va voir pourquoi.

téléchargement

C’est le tir aux pigeons vivants, puis d’argile qui fit monter le douze en puissance. Chargé à 32 gr. On passa, avec 2,40 g de poudre T, à 36 gr. mais surtout des canons de 76 cm. Les publicités de l’époque les destinaient aux chasseurs de l’Union française (anciennes « colonies ») et aux agriculteurs contre les ravageurs de récoltes (corbeaux, pigeons) censés être résistants et tirés de loin. Les munitions durent donc évoluer : excellentes douilles conservant à  la poudre toute sa puissance, bourres nouvelles et plombs durcis de toutes manières. L’augmentation de la charge de poudre montra vite ses limites, augmentant la pénétration mais avec des groupements moins réguliers dus à la déformation des plombs. C’est de là que se popularisa le « plomb durci », sa moindre déformation au départ permettant de conserver sa vitesse et de frapper le gibier avec une énergie plus grande. C’est de cette époque de l’après-guerre qu’on mit aussi en place les cartouches « à deux fins » qui refleurissent de nos jours en « spéciales » de tout acabit : pour le chevreuil, le lapin, la bécasse. On ressortit les travaux du fameux général Journée pour montrer que dans tous les cas, le petit plomb perturbait le gros, qu’on perdait le bénéfice des fameuses cinq atteintes. Bref, on en revint vite (en 1955 !) au constat qu’une arme à deux coups munie de deux cartouches chargées de plombs différents était encore la plus efficace…s’agissait juste de bien choisir sa détente et quel canon déclencher au moment du tir !

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C’est aussi là que la notion de « cartouches contrôlées », loin bien sûr de celles qu’on faisait encore à la maison le soir sous l’abat-jour, prit son essor exonérant le chasseur de tout souci de charges et de dosettes pour finalement ne consacrer toute son attention qu’au tir de chasse et à ses corrections. C’est aussi de ce moment où les techniques métallurgiques à leur zénith dans l’après-guerre donnèrent à choisir entre une arme légère et inconfortable qui existait  déjà bel et bien (le baby Bretton par exemple pour ne pas le citer), et une arme « normale » au recul acceptable : d’où un type d’arme qui reste d’actualité de nos jours où un « douze » de 3 kg doit pousser en théorie 32 gr. de plomb. Il ne faut pas oublier en effet que l’on trouvait encore dans les années 50 pas mal de calibres 10 ayant échappé aux Allemands, et encore d’un poids acceptable (3,8 à 4 kgs) dont la charge de 2,60 g de poudre T propulsait 45 gr de plomb. Avec du plomb de 4, la portée utile était de 40 à 45 m. Le plus gros fusil à deux coups encore « portatif », mais déjà rare (6 kgs !) était le 8, arme de huttiers ou de chasseurs en bateau qui envoyait autour de 60 gr de plomb, ce que fait fort bien de nos jours le 12 magnum, mais en pesant deux fois moins lourd. Donc on le voit tout ça s’est standardisé pour faire du « douze » l’arme quasi universelle du chasseur français, supplantant le seize, et tout ce qui restait de « gros » fusils obsolètes.

 

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