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19 décembre 2018

Législation de 2013: le 303 British à la traîne

La nouvelle législation qui a ouvert aux chasseurs l’inepte catégorie ancienne des calibres dits « de guerre » a profité au 30-06, au 8mm Mauser, mais fort peu au 303 British. Tentons de comprendre pourquoi, employé dans une cinquantaine de pays (particulièrement ceux du Commonwealth), il n’a pu s’engouffrer lui aussi dans la brèche ouverte par les modifications de l’automne 2013.

ppoommù

L’ancienne cartouche réglementaire anglaise (de 1907 à 1957) est parfois rencontrée dans de jolis express ou des carabines originales et un système abouti autour d’un système bien différent de l’universel Mauser, qui a subi plusieurs transformations : en 1910 notamment quand on passa de l’ancienne balle de 215 grains pour la poudre noire à une balle pointue S de 147 grains et la poudre sans fumée. La guerre des Boers était passée par là, ces derniers utilisant des Mauser plus précis et avec plus d’allonge.

munitions 303

Le verrouillage arrière et son action spécifique alliée à un magasin dix coups en faisaient l’action de combat la plus rapide de son époque. Comparé par exemple au Mauser, il sépare la tâche d’armer le percuteur de l’effort d’extraction et permettait donc de gagner un temps précieux dans le réarmement. L’Armée britannique réclamait d’ailleurs des recrues après un tant soit peu d’entraînement, une « minute folle » où il s’agissait en moins de soixante secondes de placer 15 coups dans la cible réglementaire à 300 yards. Le record de 38 coups dans le même laps de temps fut même établi par le sergent Alfred Snoxall en 1914.

Bien évidemment, cette caractéristique ne pouvait qu’intéresser les chasseurs de l’Empire britannique dès son introduction, mais sans que ne soient offertes vraiment des charges spécifiques. La munition de 7,7X56 était néanmoins précise, l’exigence  militaire étant de 4 coups sur 5 devant frapper à 100 mètres un carré de 3 pouces soit 7,6 centimètres. Pas mal donc pour une munition militaire produite en masse. En Afrique, sa mauvaise réputation vint de l’utilisation de surplus en armes aux cotes imprécises détériorant le laiton des douilles, à des munitions corrosives ou de niveau inégal alors que les caractéristiques intrinsèques de la munition proche du 30-06 et du 308 Winchester (balles de 150 à 215 grains ou de 9,72 à 13,93 grammes, 700 m/s et 2200 joules à 100 m) peuvent tout faire tirer sauf les animaux dangereux du big five (lion, léopard, buffle, rhino, éléphant). Malgré tout, certains grands chasseurs africains comme Peter Capstick tirèrent avec ce calibre la plupart de leurs grands pachydermes.

C’est vers le Canada qu’il faut se tourner pour trouver, de nos jours, le plus grand nombre d’utilisateurs du 303, du fait des énormes stocks disponibles après les deux grands conflits mondiaux, et comprendre pourquoi il ne put prendre le train en marche de la mondialisation qui atteint également le monde de la chasse dans les années 70. Vendus autour de 20 dollars il s’agissait d’une base excellente pour débutant, un calibre ayant du punch aux distances de bon sens, et facile à customiser dans l’aftermarket avec des crosses adaptables autour de 100 dollars. Face à du gibier dangereux comme l’ours et l’orignal qui chargent ou piétinent, son réarmement rapide et ses dix coups étaient appréciés. Le plus gros orignal, record mondial toujours en cours, fut encore tué au Yukon en septembre 2013 avec une balle de 180 grains à 35 m et sans lunette.

1941Supreme santa feC’est en effet un autre atout sur cette arme de surplus militaire, et pour cause, que de posséder une visée ouverte assez intuitive et bien plus pratique dans les conditions du Grand Nord, que les premières lunettes, souvent de la camelote, mal montée qui plus est. Avant d’ailleurs que ces dernières ne se généralisent, les calibres plus « modernes » comme le 270 Winchester par exemple n’offraient que peu d’avantages, et le 30-06 offrant lui aussi pas mal de surplus sur le marché, prit vite le pas sur le 303 quand la machine à marketing US se mit en marche notamment boostée par les grands écrivains « nature » de l’époque comme Elmer Keith ou Jack O’Connor dont l’influence se faisait bien sûr aussi sentir au Nord du continent. On chanta sans cesse les louanges du 308 Winchester qui n’apportait pas grand-chose de plus, et quand les stocks commencèrent à s’épuiser, plus personne ne fut guère  intéressé à produire cette cartouche historique certes, mais déjà désuète. Elle eût, à part BSA, Parker Hale, Lee-Metford, peu de descendance vraiment civile même si Remington et Winchester sortirent des modèles 17 mais dans le cadre de la production de guerre.

EAL

C’est toujours vers le Canada pays où la moindre épicerie de campagne vous proposera toujours sur étagère des balles « tablettes » de marque Century, Churchill ou Dominion à 4 dollars les 20, qu’il faut se tourner pour trouver une actualité fournie sur le 303. On y préfère les bases Mk III de la guerre de 14 mieux faites, mais moins abondantes que le modèle suivant Mk IV, ou alors, dans ce cas, ceux produits par l’arsenal local de Long Branch.Ce dernier, sans pression de guerre, sans risque de bombardements ni dispersion de petits ateliers permit un meilleur contrôle des dimensions critiques de la munition, est donc garant d’une qualité hors pair qui se paie autour de 500 dollars. A partir des larges surplus, certaines marques se sont construit une belle renommée comme les carabines Santa Fe de la firme US Golden State dans les années 50-60 (ci-dessus à g.), et surtout au Canada EAL (Essential Agencies Limited) ci-dessus à dr. qui fit pour l’aviation des carabines de survie, et surtout arma les Rangers qui patrouillent dans l’Arctique. Ils furent d’ailleurs la dernière formation militaire du Commonwealth à abandonner ce calibre en 2015. Et le fusil Enfield figure même en bonne place toujours dans leurs armoiries. 

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