Balles "solides" : il en reste !

Avec le temps, le progrès des poudres et des matériaux, le rapport du chasseur avec ses munitions s’affine de plus en plus car, mieux informé, face à une offre bien plus diversifiée qu’autrefois, son choix peut-être déterminant face au gibier employé. On a un peu oublié les anciennes balles « solides » ou encore dites « homogènes », mais elles font toujours le job et pas qu’en Afrique.

C’est l’expansion plus ou moins contrôlée qui, après-guerre, semblait avoir relégué aux oubliettes de l’histoire armurière ces balles qu’on dit longtemps « blindées » en termes militaire. Les balles chemisées à expansion rapide ou contrôlée alliant plus ou moins de plomb obéissent à une certaine logique : celle de nécessiter moins d’énergie pour se déformer, et plus de temps pour dissiper leur énergie que les balles homogènes. Ces dernières, employées au début du siècle, étaient des balles d’arrêt pour des tirs à la tête d’animaux chargeant, ou devant atteindre des organes vitaux sous n’importe quel angle.

Souvent dans des calibres imposants, au-dessus de 9mm, elles se préoccupaient assez peu de la densité de section, un terme très employé aujourd’hui et qui mérite explication. Ce rapport entre le poids de la balle et le carré de son diamètre peut ainsi se résumer : dans le même calibre, la plus lourde perforera plus, par contre, à poids identique le plus petit calibre aura une densité de section plus élevée et donc, l’emportera. Ceci entendu, après, c’est la structure de la balle, sa capacité à conserver son intégralité sans (trop) se déformer qui a permis aux industriels de faire valoir leurs arguments en ajustant des alliages (de cuivre et plomb le plus souvent), ou des concepts de formes particuliers qui font varier la déformation, mais en règle générale plus une balle est lourde, moins elle va vite, et se déforme.

Pour le chasseur qui veut comprendre, à moins de donner une confiance aveugle aux conseils de tiers, ou aux trésors de présentation du marketing, les tests « grandeur nature » offerts par des journées entières de battue ne donnent que des impressions vagues car trois balles de même type et de même calibre, mais de poids différent, (par exemple 150 et 130 grains pour un calibre courant comme le 270 Winchester), peuvent montrer des différences de pénétration pouvant aller de 5 à 10%, sans même parler de la marge d’erreur des composants usine. Et pour des balles de même calibre et même poids, mais de conception différente la variable de pénétration peut monter à 30%.

Les balles solides ou homogènes s’embarrassent moins de toutes ces subtilités. Longtemps, les Woodleigh Hydro ont comblé le fossé entre les balles à expansion traditionnelles et les solides monométalliques modernes issues de l’extension du laiton. Cette invention australienne ménageait, à l’avant, une petite coupelle faisant emporte-pièce, fort choc hydrostatique et canal lésionnel, et plus récemment pour ménager l’aérodynamique (et la mode ?) elles se coiffent même d’une petite tête polymère, mais avec les mêmes effets « traversants » extraordinaires. L’esprit « sans plomb » a aussi frappé, et marqué fortement cette catégorie de projectiles avec dès 1989, des cuivres comme la Barnes X bullet avec pointe creuse expansant légèrement, devenant ensuite Triple Shock se dilatant certes, mais conservant toujours 100% de leur poids. En 2007 Nosler a fait la E-Tip en alliage de cuivre, en 2009 Hornady une GMX en cuivre-zinc à 95% de rétention de masse.

La tendance actuelle est aux chemisées acier sur plomb (Hornady Dangerous Game Solid) ou alliages cuivre-zinc chez Barnes ou Nosler, et plus confidentiellement chez FSM une Solid Copper SPUN qui, en plus, bascule à l’impact ! Il ne faut pas croire que toutes ces balles soient réservées aux gros calibres africains, les Woodleigh par exemple existent également pour le 9,3X62 et le 9,3X74 R (là en balles de 289 grains)… faudra juste faire gaffe à ce qu’il y a derrière le gros sanglier qui file au saut de l’allée !