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7 février 2020

Dressing-code : êtes vous tweed ou loden ?

A défaut de style vraiment franchouillard, pataugas, bottes Baudoin, canadienne de la Manu, faut-il chasser au vrai chic anglais ou bavarois ? Nous sommes dans un événement social dont les règles peuvent varier…autant que les intempéries ! C’est au XIXè que le vêtement de chasse a perdu son caractère de représentant de classe, gagné un caractère pratique dans des couleurs naturelles, vert, gris, marron quitte à s’individualiser ensuite.

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Le « country style » est entré de plein pied dans la chasse quand le courre du renard s’est fixé sur la redingote à trois, quatre, cinq boutons selon que l’on soit gentleman, chasseur, ou maître disposant de chiens. C’est la chasse à tir, sous l’influence de précurseurs comme le comte de Norfolk en 1820 qui popularisa la veste cintrée en tweed (laquelle porte d’ailleurs encore son nom) avec de grandes poches plaquées spacieuses pour le transport de toutes ces petites choses bien utiles : cartouches, couteau, flasque de gin…Le prince de Galles, futur Edouard VII en 1880 popularisa ainsi la silhouette du gentleman conforme à la Purdey shooting etiquette : « Il est important de s’habiller de manière appropriée, non pas d’être vu pour être vu, mais plutôt de vous assurer de rester au chaud, au sec, et en bonne compagnie tout au long. Vous ne vous amuserez pas si vous êtes trempé lors du premier trajet ou si votre swing est gêné par votre Macintosh ».

barbour

Il s’agit de jeter un pont entre l’élégance conservatrice et la passion pour une chasse « vieille école » où l’on doit éviter tout compromis entre éléments inappropriés : à proscrire ce qui est dissonant, militaire (treillis, camouflage), professionnel (« bleus » et bourgerons), sportif en tissu synthétique. On retrouve un peu cet esprit du « fair-play » qui impose, en chasse collective, de se plier à l’environnement ambiant : ne pas tirer les oiseaux bas, « braconner » sur l’espace aérien du voisin, tirer ni près ni loin « l’objectif étant d’obtenir des bons et propres tirs qui abattent les oiseaux rapidement et équitablement dans un état qui convient à la table ». Le chasseur habile et expérimenté saura aussi être généreux, en laisser aux copains, et manquera à toute politesse en reprenant ce qu’ils ont manqué.

Le Barbour, inventé en 1894 (ci-contre à dr.) et toujours fabriqué à Simonside dans le Southshields a encore un peu plus fait tomber cette élégance « so british » dans le fonctionnel, reprenant une vieille idée des marins du XVè qui enduisaient des bouts de toile à voile d’huile de poisson pour se faire des capes de gros temps. L’huile de lin (moins odorante certes !) prit le relais, puis à partir de 1930 la paraffine, pour le rigidifier en plus par temps froid, et rendre indémodable ce morceau d’histoire qui s’est répandu dans tout l’espace plein air. Mais une récente enquête montrant que 50% des acheteurs sont propriétaires de chiens, indique que l’orientation chasse reste bien présente. Parions que, pour beaucoup, ce soient des retrievers…

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L’Angleterre permet aussi une individualisation forte par le choix des couleurs, mais surtout des assortiments, de casquettes, de cravates, de chemises à carreaux, de pantalons « breeks » (stoppant sous le genou), et de chaussettes de tir permettant soit de s’assortir, soit de faire contraste. Les Allemands qui, dans le même genre ont les « lederhosen » en cuir ou tissu relèvent d’une mentalité différente. L’éthique et la morale stricte vont de pair avec une uniformité inavouée, mais requise pour conserver la fraternité des associations de chasse et de tir. Notre prochain envoi parlera d'ailleurs de la chasse allemande en 1850. 

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De ce côté, le loden originaire au Moyen Age du Tyrol est employé à la chasse depuis deux siècles, mais dut sa notoriété à l’empereur François-Joseph. Souple, doux, chaud, résistant et surtout imperméable grâce à l’effet « tuile » de ses fils de laine tressés et grattés, sa couleur vert bouteille se fond idéalement avec l’environnement des forêts alpines. Silencieux il convient tant à l’affût, l’approche qu’aux poussées silencieuses (drücken) qui font la trame des battues allemandes. Le chasseur allemand s’individualise par des petites choses qui commencent à faire leur apparition chez nous : épinglettes, insignes-souvenirs d’associations ou bund, talismans divers, portés au chapeau côté droit, tout comme leurs traditions de respect et honneurs dû au gibier. C’est sans doute un des effets bénéfiques de l’Europe en marche, et prions que le Brexit de Boris Johnson ne rapatrie pas trop vite par-dessus le Channel, ce qu’il y avait de bon pour nous dans le «old classic country style »…  

 

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