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26 février 2020

Aux origines de l'inertiel : le fusil Sjögren

Dans le cadre de notre « fil rouge » qui, tout au long de l’année va nous faire de loin en loin, parler du Browning Auto 5, voici une petite digression sur une arme conçue et brevetée à peu près en même temps, et qui, malgré son incontestable avance puisque l’inertiel ne fut popularisé par Bruno Civolani et Benelli qu’en 1969, ne connut pas le succès.

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Le premier brevet datant de 1900, on peut penser que les premiers prototypes de cette arme que nous avons abordée sommairement dans les débuts du blog (1) furent conçus à Stockholm par Carl Axel Theodor Sjögren avant de les faire fabriquer au Danemark de 1907 à 1909. Un brevet US datant de 1910 montre qu’il ne furent pas importés ni commercialisés là-bas, la production, épaulée par l’homme d’affaires suédois A.Karlsson n’atteignant que la moitié des 10 000 prévus au départ. Plusieurs vidéos sur le Net nous montrent que, comme l’Auto 5 c’était une belle pièce de mécanique tout acier (poids 3,6 kg) à magasin tubulaire 4+1, ce dernier étant même « take down » démontable à la main, en dévissant le bouchon.

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Son fonctionnement canon fixe faisait appel avant l’heure à un fonctionnement « inertiel », les brevets de l’ingénieur suédois parlant seulement de « culasse-verrou » ou « d’accumulateur de recul », on va le voir assez différent cependant de ce que nous voyons couramment de nos jours sur les SA modernes. Le verrou était connecté au percuteur, maintenant tout en place tant que la détente n’était pas actionnée. Au coup de fusil, l’énergie du recul était transmise à ce bloc qui résistait tant qu’il pouvait jusqu’à un point de rupture où il cédait, passant le relais à son ressort lequel, tout à la fois déverrouillait l’ensemble au moment où la pression dans la chambre avait chuté à un niveau moindre, mais néanmoins suffisant pour renvoyer tout le bloc vers l’arrière, éjecter la cartouche tirée, et en ramasser une nouvelle au passage retour.

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Ce système on le voit, est assez proche de l’ouverture retardée que l’on retrouve sur certains pistolets semi-automatiques actuels (2), mais avec la puissance des cartouches d’armes longues, et pire encore avec les rayées (3) mettait beaucoup de stress sur le percuteur et son fameux « ressort accumulateur » qui, à chaque tir, devaient à eux seuls, encaisser le coup. Comparé aux inertiels actuels, dans les armes modernes, c’est une partie beaucoup plus massive liée à l’arme elle-même qui, en plus pivote avec une certaine démultiplication, et non recule brutalement en arrière, pour actionner l’ensemble.

Au look, novateur et dépouillé qui pouvait surprendre, tout comme le réarmement grâce à des stries de préhension comme les premiers pistolets semi-automatiques de l’époque s’ajoutait le recul, exposé à tous les vents du lourd bloc culasse. A la chasse, pouvaient s’y accumuler toutes les saletés et intempéries possibles, et l’aller-retour de ce bruyant chariot à quelques centimètres de la joue du tireur, ou à la commissure pouce-index si on empoignait l’arme dans l’urgence, pouvait légitimement faire frémir. Il est curieux qu’on n’ait pas pensé à un capotage, du genre d’ailleurs de celui qui s’imposa immédiatement à l’esprit de J.M.B., pour l’Auto 5, la fameuse « bosse » n’étant en rien (contrairement à son successeur A5), un argument esthétique…

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Malgré son aspect éminemment novateur,et la faible production, le Sjögren, qui n’est pas si rare que ça sur le Net (4) se heurterait de nos jours au calibrage difficile du système de verrouillage pour lequel il n’existe pas de pièces, et notamment de ressorts à refaire ex nihilo, face à un choix de cartouches pléthorique par rapport à ce qui se faisait à la Belle Epoque. C’est d’ailleurs, un des écueils pour l’utilisation, au quotidien, avec le choix de la munition et des bagues, de l’Auto 5 de nos jours…En gros, trouver ce qui va, et s’y tenir !

SjögrenRifle

1/ Voir notre archive du 27 septembre 2017.

2/L’ouverture retardée est différente du court recul où le canon bouge de peu, mais quand même pour aider au déverrouillage.

3/Sur le même principe, les britanniques testèrent sur le champ de tir de Bisley en 1908 une carabine en calibre 30 mais sans suite. On la voit ci-dessus.

4/ A l’heure où nous mettions sous presse on en trouvait sur le fameux site où la « nature aime le buis »… trois à la vente entre 1200 et 800 euros.

 

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