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FCM 25.00
13 juin 2020

Substitut, l'expérience U.S. : le tungstène

Je sais bien qu’on va sans doute encore nous reprocher de par trop lorgner du côté de ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique, mais face à la menace qu’on nous promet en 2025, autant regarder là où d’autres, avant nous, ont « essuyé les plâtres » comme on dit. Dans la foulée de l’article précédent on a vu que la vitesse, argument initial et palliatif fut vite battu en brèche, même s’il leurra un temps les gogos…

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Inutile de dire que les anciens qui se souvenaient de la Winchester Super X double X qui envoyait 46 grammes de plomb de 2 en full regardaient de haut tous ces nouveaux venus qui avaient besoin des nouveaux camouflages, et de gadgets genre « mojos » (1) pour sauver la bredouille. Ces connaisseurs forts de plusieurs dizaines d’années d’expérience (2) tiraient à 60 m. avec des calibres dix désormais disparus du paysage, étant capables de discerner entre des situations où les coups à 50 m peuvent être éthiques, où d’autres à 35 mètres ne le sont pas du tout. Le tungstène se déformait moins que l’acier, et la charge d’un once (presque 29 grammes) à 65 % plus dense que le plomb, et le double pour l’acier, à 430m/s choké LM, permettait au N°7 de quasi traverser un colvert…mais de beaucoup blesser pour peu qu’aucun organe vital ne fut atteint. Une étude acier de 1993 en Louisiane montrait un blessé pour 4 tués…identique d’une autre de 1986 au plomb avec pour seul avantage, entretemps, moins d’ingestion (suivant les analyses de gésiers), sans qu’on puisse trouver un chasseur atteint de saturnisme à la consommation effrénée du produit de sa chasse.

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On parla aussi d’un « ajustement » semble-t-il nécessaire pour passer de l’un à l’autre, le temps d’observation (3) ayant été suffisant pour qu’un retour s’effectue, la vitesse ne pouvant être seule en cause. En actionnant les premiers programmes balistiques avec du « 4 » à 30m., de l’acier à 450m/s et du plomb à 390m/s le temps de vol de la gerbe de différait que d’un centième de seconde, ce qui, pour un colvert volant à 13m/s « vent dans le c…l » ne faisait que…6 cms d’avance à mettre ! Mais c’est après 40m. et plus que le plomb semblait donner plus de marge d’erreur conservant encore 62% de sa vitesse initiale contre 44 %. Pour faire simple, l’acier avec sa gerbe plus serrée et plus courte ralentit plus vite, et son temps de vol à partir de 40m s’allonge car les billes, moins denses, conservent moins de vitesse, le plomb nécessitant en outre moins d’atteinte pour neutraliser l’oiseau. A cela s’ajoute le vent qui, pour les mêmes raisons dégradera plus la gerbe d’acier, ce qui explique le conseil d’employer le tungstène dès qu’il dépasse 20 nœuds.

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Le débat s’entama entre les connaisseurs, dont l’expérience ancienne permettait de maîtriser comme on l’a vu la portée et tous ces « Joe » proies toutes trouvées de cartouches mirifiques du commerce, les marques se contentant de leur préconiser « deux au-dessus », et roulez manège.  On parlait pour eux de tir, et non pas de chasse, les anciens se débrouillant comme avant avec des fusils d’époque, genre Auto 5 participant bien sûr à sa légende d’arme immémoriale ! Et ce n’est pas ici, Dieu merci, qu’on va saborder le mythe… La chasse aux leurres n’était pas un grand défi comparé à l’approche d’oiseaux ayant survécu à plusieurs coups de fusil, à la menace des renards s’approchant des mares, des rapaces lorgnant sur les portées de halbrans, et ne baissant jamais leur garde à portée de fusil. L’acier  fit les yeux doux à « Joe » car plus économique, ce qui ne l’empêcha pas de se munir de quelques TSS, ne serait-ce que pour achever quelques malheureux désailés traînant après la bataille. La majorité des chasseurs, il faut aussi le dire, ne prit pas le temps d’essayer de comprendre le phénomène nouveau, d’adapter et de modéliser les armes et les munitions. Et il n’est pas certain qu’en France, où beaucoup n’ont aucune idée de ce qu’ils emploient et comment, on fasse mieux en 2025 ! S’il n’y aura pas trop de (mauvaises ?) surprises au chien d’arrêt où on tire, en principe, près, attention au pigeon et au lièvre…

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Depuis les années soixante, le « waterfowl » était un « sport de riche » car on y tirait beaucoup de cartouches, et trop de gens opéraient en full avec des munitions inappropriées, et le phénomène ne fit que s’accélérer ensuite, mais le tungstène se heurta alors à des prix prohibitifs suite à la forte demande en outils de coupe, de forage, de mine, de matrices de formatage, la Chine premier exportateur en 2006, réduisant son offre, sa demande interne ayant progressé de 30% ! Les premières cartouches étant à 3,50 à 5 $ le coup, et un peu moins (2,5$) pour les rechargeurs. S’il n’est pas meilleur que l’acier à 35-45m, le tungstène prendra l’avantage ensuite aux mains de tireurs expérimentés car difficilement « modélisable » car très ouvert en choke, il perdra de sa densité de motif, et « serré » sera plus mesure de tirer les oiseaux à distance mais en risquant de les abimer. Rien de bien différent de ce qu’on a vu plus haut pour l’acier.

Fabricants, journalistes, webmasters furent sommés de cesser de vanter les coups de longueur de plus de 40 mètres pour le grand public, le gars, genre «  Joe » qui sort au marais une demi-douzaine de fois par an et ne pouvant rien tenter de manière fiable à plus de 40 mètres devant se cantonner à l’acier. Le tungstène étant comme donner à une vieille dame qui va une fois par semaine faire les courses chez Leclerc, les clefs d’un V 8 suralimenté pour gagner une épreuve de dragsters !

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1/ Leurres à ailes tournantes, parfois motorisés qui font la joie des sauvaginiers US. Voir ci contre à g. 

2/ Les appelants vivants furent interdits dès avant-guerre en Amérique du Nord, donnant la part belle aux gros fusils à pompe de calibre 10, inconnus chez nous. De ce fait également, on y tire le gibier d’eau plus loin.

3/Les premières études débutèrent dans 9 états le long de la voie de migration Atlantique en 1976, et plus tard dans certains de l’intérieur des terres (Nebraska 1985). Les obligations commencèrent en 1991, pour se généraliser sous l’égide de l’US Fish and Wildlife à partir de 1994.

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