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17 janvier 2022

338 WM : la polyvalence passerait-t-elle de l'Afrique au Grand Nord ?

L’Afrique et le 375 H/H Magnum qui semblaient donner le la de la polyvalence (1), au point que le célèbre calibre britannique, avec des « petites » balles arrive dans la battue française, pourrait bien sentir le souffle froid du 338 Winchester Magnum lui caresser la nuque. Comme bien d’autres, ce calibre déjà ancien (1958) auquel passer de « 30 » à « 33 » n’avait pas donné un avantage énorme au départ, bénéficie des nouvelles balles à coefficient balistique élevé, et c'est le blizzard qui glace le gibier sur place. 

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Dans la foulée, deux ans plus tard du 458 (2), c’est le boitier standard semblable au 30-06 ou 270, ouvrant la voie aux semi-automatiques (voir la Browning BAR) qui a fait le succès de ces grosses balles, créneau autrefois européen : 9,3X62 ou 9,3X74R. Weatherby avec son 340 prit un peu le même chemin, un peu plus tard, en 1962. C’est le Grand Nord, dans l’immédiat après-guerre qui avait posé le problème d’avoir à emmener deux armes : du « 30 » pour voyager léger dans l’intérieur montagneux, et plus gros sur la côte dans une végétation dense, tirer à courte distance, et sous le risque permanent de rencontrer des ours. Longtemps le 45-70 servit de palliatif, puis les 375, 416 arrivèrent mais sans couvrir une plage qu’il faut comprendre en visualisant le terrain.

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Dans ces territoires hostiles où il peut faire moins trente dans un vent violent (3), la logistique est importante, on se déplace en traineau ou en moto-neige et à pied avec des raquettes, en emmenant tout un barda (poêle à bois, haches Estwing, pièges, matériel de camp) incitant à emmener une arme à tout faire. Sans même parler des attaques d’ours, l’orignal est un autre animal dangereux et massif tiré rarement à plus de 150m. car les lois fédérales restreignent les tirs selon certains écarts des bois, et il faut s’approcher pour identifier. En plus, il faut « ancrer » l’animal sur un terrain propice et sec et non dans des marécages ou au fond d’un ravin, car après il faut dépouiller sous la menace des ours et des loups omniprésents.

458,+338,+340+Wby

Ces derniers compliquent d’ailleurs sérieusement la tâche des chasseurs car en meutes d’une cinquantaine d’individus parfois (4), ils affolent les troupeaux de caribous, souvent seule ressource dans l’intérieur pour alimenter les chiens. Là, le tir s’allonge sur des animaux en mouvement à des distances extrêmes parfois d’ailleurs trompeuses avec des carabines souvent réglées derrières la cabane sur des assiettes en carton, en allongeant la distance jusqu’à ne plus être dedans ! Dans la vraie vie des chasseurs résidents, et non des clients fortunés des « lodges », on est bien loin des « mountain rifles » dans les nouveaux calibres à la mode et des séjours tout confort, accompagné par une armada de guides pour tirer confortablement installé à 300m et plus.

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Seul ou à deux, mise à mort différée acceptable ou non (la neige, la plupart du temps, aidant à la recherche) la sélection des balles est critique et c’est là que la versatilité du calibre, de 160 à 300 grains, trouve tout son intérêt. Entre les deux, à 200 grains et 900 m/s et 5200 Joules la munition fut d’ailleurs conçue en première monte pour le Modèle 70 « Alaskan » c’est tout dire ! Avec 10% de surface frontale en plus que le « 30 », c’est assez lentement que ce calibre est venu concurrencer le 300 Winchester Magnum bien connu chez nous à la battue. Ses tables montrent une plus grosse énergie, une meilleure densité de section, et face au 9,3X62 sa courbe est moins tendue mais  jouant peu aux distances d’emploi où la puissance compense le placement. Ci-dessus à g. : le 338 WM entre le 458 WM et le 340 Weatherby Magnum. 

Vintage-Sports-Afield-Magazine-July-1968-Hunting-Fishing

C’est d’ailleurs ce qui joue le plus quand, enfin arrivé sur la carcasse d’un orignal tiré à 60m. il faut, au coup d’épaule arrêter une charge d’ours accourus eux aussi à la curée, et attirés tant ils y sont habitués, par les détonations ! Les sites US le montrent, l’emploi initial fut celui de balles lourdes classiques chemisées qui offrirent quelques déboires sur les coups d’épaule et où les chasseurs, en s’approchant bloquaient sur un coup de coffre ou de poumon. La haute vitesse de ces dernières, plus résistantes à l’impact que les petits calibres traversant et ne pénalisant pas trop la venaison sur plus petit gibier. Peu à peu, c’est la technologie des balles modernes et la pression des ours de plus en plus nombreux et agressifs ailleurs qu’en Alaska, notamment dans les forêts à wapitis du Nord des Rocheuses, (voir à g. cette "une" de Sports Afield où il est clairement dit que "les gros grizzlies posent un gros problème") qui a rapproché le 338 WM des autres calibres polyvalents, le rechargement manuel permettant également de moins forcer sur la poudre pour s’adapter au recul, contré également par des artifices (freins de bouche) encore peu usités en 1960. Précis et puissant ce calibre si « américain » n’est disponible que dans une vingtaine de chargements en France, ce qui joue également bien sûr côté prix des munitions. Par contre tout le monde en propose, aux USA bien sûr mais également en Europe : Blaser, Heym, Merkel, Titan, Tikka, Zoli, Sako.

1/Voir archive du 6 décembre 2019.

2/Sur ce calibre voir archive du 13 octobre 2021.

3/ Voir portrait de Frank Glaser, 19 décembre 2021.

4/ Sur ce super prédateur, les écologistes qui pensent qu’il serait le régulateur naturel du sanglier feraient bien d’aller regarder comment ça se passe dans le Grand Nord. Ils mutilent les troupeaux, reviennent aux blessés, puis se gavent. Contrairement aux autres animaux qui, même l’ours, sont toujours sur le qui-vive, ils sont à un niveau encore supérieur de leur environnement, au-dessus même de l’humain. Ils suivent les chasseurs de loin, mais s’approchent de nuit à quelques mètres. C’est une menace permanente, seul, vous vous faites une entorse, vous êtes mort, bouffé vivant, même après en avoir tué 3-4 à coups de carabine…C’est une hérésie de penser que dans notre pays, un tel super-prédateur pourra se balader en toute liberté en ne boulottant seulement qu’un marcassin par-ci par-là…

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