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FCM 25.00
1 avril 2022

De la poudre noire à la poudre sans fumée

Dans la foulée de ce que nous venons de voir dans le précédent envoi pour les armes anciennes, il en est de même des cartouches où l’offre est telle qu’elles ne posent plus question. Or, autrefois, elles étaient au cœur des discussions depuis Casimir Lefaucheux (1852). Ses préchargées à broche vite obsolètes du fait de la percussion centrale (1861), puis le papier (1870) remplaçant le laiton avec lequel il cohabita jusque dans les années 30, pour le gibier d’eau donnant un vaste choix au chasseur...

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Le passage de la poudre noire aux poudres sans fumée fut un casse-tête pour les armuriers qui chargeaient encore à la main un grand nombre de munitions pour leurs clients, et les chasseurs qui se débrouillaient dans leur coin, car la règle des 33 grains (2,138 grammes) de Smokeless Diamond (nitrocellulose pressée en flocons) équivalant 3 drams (5,51 grammes) de poudre noire (1) devant lancer 32 grammes de plomb, se heurta aux débuts balbutiants de la commercialisation. On voyait déjà bien le danger, par funeste habitude, ou étourderie, de charger au même volume qu’avant la nouvelle poudre, mais aussi jongler avec les différences de densité entre pulvérants, copeaux, cubes, spaghettis et même de différentes couleurs du produit en vrac : orange pour l’Explosive Company, blanche pour Schultze, grisâtre pour l’Empire Powder Eley (1928).

culasse ouverte

Les premiers douze pour étuis laiton travaillaient parfois sans chambre, directement dans un alésage plus grand que le nominal (0.775 contre 0.729), la cartouches 2 pouces étant introduite par Charles Lancaster, puis suivie par tout le monde en 1890 pour tirer 28 grammes dans un douze léger de 6 livres. La longueur des canons fit l’objet de débats incessants (25 pouces pour Churchill, 28-30 pouces pour les autres) car il fallait gérer la charge légère de 28 grammes de N°6 avec une véritable science des bourres (2) bien plus que l’obsession des tailles de gerbes comme en témoigne cette cartouche « scientifique » ci-dessous ! Le débat sur celles-ci arriva bien plus tard quand furent stabilisées les bases : chambres de 2 et demi (65), deux trois quarts (70) et que furent résolus les problèmes d’amorces corrosives au fulminate en 1950.

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Le consensus moderne des cinq atteintes n’était que de trois avant-guerre, théorisé par le major Burrard et surtout Gough Thomas (3), auteurs dont il faut relire les travaux dès qu’on doit opérer avec des armes précédant les années 60 où arrivèrent les douilles plastique et les alésages plus larges : Browning passant de 18.3 à 18.7, ou Beretta Optibore avec le Trident de ball-trap pour ne citer que les plus connus. Le major Burrard ne donnait aucun avantage possible à plus petit que 6, Tom Purdey en 1936 recommandait 32 grammes de 6 pour le « tireur moyen », tout comme Gough Thomas qui concédait tout juste le 7 pour tirer la bécassine. Etonnamment la distance « normale » pour ce dernier était de 40m. et six coups sur six cibles distinctes de 30 pouces avec comme interprétation du motif : 69% de la gerbe en full, 65% en trois quart, 60% en demi, 55% en quart, 50% en lisse amélioré, 40% en lisse.

woo dhunt

Richard Arnold en 1955 (dans « The Shooter Handbook ») battait en brèche la mode des « magnums » actuels en ne tirant pas plus de 34 grammes pour tirer à longue distance (75m !), mais avec seulement du plomb de 4, l’idée étant que les plombs plus lourds conservaient vitesse et pénétration plus longtemps et plus loin. L’inconvénient d’offrir moins de plombs pour atteindre un point vital étant compensé par un moindre recul permettant de soigner son tir, et notamment de doubler. Tout ça pour dire comme dans l’article précédent, qu’un douze d’aujourd’hui n’a rien à voir avec ceux d’autrefois, ce que trop de gens négligent cet aspect des choses lorsqu’ils considèrent qu’un fusil de chasse classique doit parvenir dans leur salle d’armes, sans anticiper l’utilisation qui va s’ensuivre sur le terrain. Ce n’est qu’en les comprenant qu’on peut les apprécier selon l’usage pour lequel ils ont été conçus et c’est en connaissance de cause qu’on pourra continuer d’utiliser nos armes anciennes, même après 2023, n’en déplaise à ceux qui vont nous dire qu’il faut tout bazarder, et surtout, en acheter des neuves…

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1/En 1950 encore les armuriers londoniens proposaient comme charges poudre noire : 3 drams en douze, deux trois quarts en 16, un trois quart en 28, preuve s’il en est qu’elle était encore utilisée ?

2/C’était une véritable science, s’agissant d’amortir pour minimiser la déformation des couches inférieures de grenaille, bloquer les gaz brûlants, désencrasser avec du feutre élastique dense et graissé, de la fibre végétale, de la pâte à papier, des cartons d’étanchéité, des coupelles, des couvettes. Dès Greener on commençait à penser à des « cages » pour maintenir ensemble les plombs. Pour ceux que ça intéresse, la France possède encore à Nontron 24 un leader en ce domaine.

3/Né Godfrey Thomas Garwood (1899-1987), rédacteur en chef de Shooting Times, fut l’observateur attentif de la période charnière des années 50-70.

 

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