22 LR USA : les aspects "nature" et défense

Comme on fait régulièrement le tour sur ce site des diverses utilisations du petit calibre, difficile de ne pas en parler, même si on peut longuement hésiter dans notre pays, où ces sujets sont largement tabous. Mais faut pas croire, le débat existe aussi là-bas où les législations sont parfois assez différentes selon les états. Dans cette société où la culture des armes est particulièrement prégnante, les diverses « académies » de tir s’écharpent régulièrement là-dessus, notamment sur l’aspect « stopping power » là où la criminalité est galopante.

Là où la notion de « home defense » est légale, on utilisera le calibre avec lequel on est le plus à l’aise, mais trop souvent le fameux pouvoir d’arrêt impose un trop gros matériel dans de petites mains (gent féminine, vieillards cacochymes), et immanquablement, le 22 LR refera surface car face à l’agression sauvage, beaucoup peuvent dire que n’importe quelle arme vaut mieux que pas d’arme du tout ! Et comme parfois, les forces de l’ordre elles-mêmes l’utilisent en port dissimulé comme arme de « dernière chance », la polémique fait rage. En effet, ce furent longtemps les normes de pénétration F.B.I. pour l’utilisation des armes des agents de cette administration en intervention qui ont écarté ce calibre, pourtant historiquement (1) fondé pour la défense civile.

Cette norme de 12 pouces (un peu plus de 30 cm) n’était pas atteinte par les munitions standard qui font à peu près moitié moins, et juste titillée par les plus puissantes arrivées bien plus tard sur le marché : Stinger (10 pouces : 25 cm) et dépassée par la Velocitor (38 cm). La première jouait sur la vélocité, mais une petite balle de 32 grains, la seconde de la même marque (CCI) donnant un mix des deux avec une balle de 40 grains, parfaite cartouche « de ranch » cumulant, à la campagne les deux aspects « êtres malfaisants » à quatre…et deux pattes éventuellement ! Tout ça dans un marché énorme de petits revolvers et pistolets automatiques, inconnu dans notre pays, où ils sont totalement proscrits depuis des lustres, sauf à être tireur sportif dûment répertorié.

Là-bas, le Colt Woodsman, inventé par J.M. Browning et produit de 1915 à 1977 est dans toutes les tables de nuit, traîne dans les boites à gants du pick-up, ou les sacs à mains des élégantes, aux côtés du Ruger MK I qui lança la marque en 1949, et tant d’autres : Browning Buck (1960), SW 41 (1957) sans même parler des nombreux kits de conversion du Colt 1911, Beretta, et des mini-revolvers de North American Arms, etc…Les sites abondent pour dire que « si le 22 est bon pour le troisième âge, pourquoi pas pour tout le monde » ? Un peu comme autrefois on cantonnait les 20-28 à la chasse pour les seules dames et jeunes ou débutants. Il y a en effet des tas de bonnes raisons pour l’employer : il est facile à tirer, les munitions sont abondantes et peu coûteuses, il y a peu de recul pour assurer les tirs de suivi au besoin, il est peu bruyant dans des armes la plupart du temps légales selon les états, et à forte capacité (6-10 cartouches).

En 2021, la sortie de deux munitions spécifiques « personal defense » aux approches différentes, mais répondant aux normes F.B.I. ont relancé le petit calibre sur le devant de la scène U.S. Federal a fait une « Punch » qui pénètre 35 cm selon le principe d’une balle légère (29 grains) pas trop rapide (325m/s dans canon de 2 pouces et 500m/s dans carabine 24 pouces) dans l’esprit « solid » avec une grosse gaine nickel sur noyau plomb et nez plat et 125 joules (2). La Winchester « Silvertip » semble plus polyvalente nature ou terrain car cette balle 37 grains est une expansive à trois pétales dont la base reste pénétrante avec un peu moins de puissance (114 joules). Les deux, susceptibles d’être employées dans des petits pistolets semi-automatiques qui ne doivent pas s’enrayer au moment fatidique, ont travaillé l’amorçage sûr, et pour la fiabilité, des étuis nickelés et renforcés rendant ces munitions, destinées à être sans cesse manipulées en chargement et déchargement.

Leurs performances, on le voit, sont pour des « portables », suffisamment polyvalentes pour un usage « nature » inattendu sous nos latitudes. Dans ces vastes contrées où il est facile de se perdre et de faire de mauvaises rencontres, gros ours (3) et pumas, on peut en emmener une telle quantité qu’on peut se signaler en difficulté, en tirant trois coups longs, et trois coups courts, toutes les 5 secondes, pour faire S.O.S. !

1/Pour le Smith and Wesson Mod. 1 à 7 coups.

2/Pour mémoire, le 22 Magnum donne 125 joules, le 25 auto 85, le 32 auto 180, le 38 special (notre 9mm des forces de l’ordre) 235, le 357 Magnum des films policiers 570.

3/Le 10 mai 1953 (voir archive du 1 novembre 2020), une chasseresse Inuit Bella Twin, prit un ours record de 500 kg avec du 22 Long.