Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
1 avril 2023

Les "lab'men" des Grands Lacs

Méconnu en France, le travail sur les chiens de chasse « upland » et « retrievers » connut une ampleur extraordinaire aux Etats-Unis via les grands concours de travail dont le retentissement fut amplifié par la vague Hollywood et haute société de l’après-guerre. Toutes les races en bénéficièrent, des spaniels (avec Dave Lorentz), aux setters (W.C.Kirk), soutenues par la littérature ou la presse (1). Aujourd’hui, penchons-nous sur les chiens d’eau : « Chessies », Labs, et autres Goldens.

un

 

Il est difficile d’imaginer ce mouvement qui put voir par exemple l’éleveur de pointers Earl Crangle qui entrainait les chiens du boxeur Jack Dempsey assister en 1958, au match retour entre le champion Carmen Basilio et le grand Ray Sugar Robinson, assis entre le prix Nobel Hemingway, et le champion de base-ball Joe Di Maggio, mari de Marylin Monroe. Son chien « Lucky Strike » avait remporté le National faisans de 1946, avant même de faire la Une de « Life » ! Voir ci-dessous à dr.. Les chiens d’eau suivirent plus tardivement la migration annuelle des entraîneurs (ci-dessus à g. Joe DeLoia dont nous parlons plus loin) vers les grandes prairies du Nord autour de la fête nationale, car c’est la fin de la chasse professionnelle où ils étaient surtout employés, qui démocratisa leur usage pour le chasseur de base avec, non plus comme les chiens d’arrêt avec l’impératif de « pointer » pour faire tomber le gibier, mais bien de le retrouver après coup.

deux

Charles H Morgan (1894-1968) ci-dessous à g. fut un de ces premiers entraîneurs à plein temps, originaire du Missouri où il tenait un magasin de sport à Joplin, dont le premier élève fut un Chesapeake que lui offrit d’ailleurs ensuite le client, ce qui l’incita à se rapprocher de cette région où sévissait en maestro de la race, Tony Bliss. Après l’armée sur le chenil de San Carlos (Californie), il s’installa définitivement à Random Lake (Wisconsin) remportant trois fois (1944, 1945, 1950) le National des retrievers. Une colline porte son nom, là où une crise cardiaque l’emporta alors qu’il entraînait « Rosie » juste avant la sortie de son livre « Charles Morgan on retrievers », édité par un autre entraîneur champion du Kansas D.L.Walters (1927-2010) chez Abercrombie and Fitch.

morgan trois

La génération suivante fut très fournie avec un trio célèbre de professionnels qui, un peu comme les chiens d’arrêt, purent opérer sous l’aile bienveillante du monde du sport, du show biz, ou de la presse orientée sauvagine. On savait tout des escapades dans les marais du champion de base-ball Babe Ruth, des coups de longueur de Clark Gable ou Hemingway, et les plumes agiles de Gordon Mac Quarrie (2), ou Nash Buckingham (3) vantaient les joies du « store » où piaffaient les « labs ». Joe DeLoia (1918-2015), originaire de St-Paul, qui entraînait en amateur les chiens de ses oncles avait déjà suffisamment de réputation avant-guerre pour être recruté par l’US Army à Fort Robinson (Nebraska) et former les chiens sur la détection d’explosifs. Ils s’y perfectionna près des meilleurs experts de chiens d’arrêt venus des plaines, et fut, dès la démobilisation, contacté par la chambre de commerce de Duluth (Minnesota), soutenue par de puissants businessmen qui voulaient placer la ville sur la carte des circuits.

images

Engagé par George Murnane, patron de la banque Lazard, qui l’engagea dans son domaine de Long Island, il lui fit acheter « Spirit Lake Duke » vainqueur du National 1959 et 1957. La découverte de futurs champions était un véritable sport où les dresseurs avaient procuration et se départageaient parfois de manière originale. Pour « Massie’s Sassy Boots » (4) futur vainqueur du National 1956, si précoce qu’il était aligné sur les compétitions tout âge dès ses 15 mois, opposé en balance (3000 contre 3200 $) à Frank Hogan, cela se joua au skeet où ce dernier l’emporta au dernier plateau. Beau joueur le vainqueur fit un chèque de 3100 $ et lui fit même cadeau d’un beau setter anglais. Constamment sur les routes, exploitant d’un stand de tir, et d’un domaine acquis en 1945 près de fabricants de cercueils dans les bois dans la région de Red Lake, Joe DeLoia chassait bien sûr également toute la gamme « upland », bécasses, tétras, et sa lignée d’élevage se poursuit toujours dans sa famille (élevage JoLor Kennel, contraction de son prénom, et celui de son épouse Loraine).

cinq

Cotton Pershall (1914-1994), lui aussi conscrit de Fort-Robinson, originaire des Ozark Mountains dans l’Arkansas, était au départ un forgeron attaché aux écuries des assureurs Bakewell du Missouri dont il éleva les chiens à partir de 1937, et associé au succès de « Rip » lauréat du National 1939 et du Trophée Field and Stream. Ensuite, à partir de 1951 il se mit au service de la Nilo Farm de John Olin (5) d’Alton (Illinois), chenil d’une trentaine de pensionnaires qui obtinrent trois titres nationaux dont « Buck King », vainqueur en 1952 lequel orna le timbre fameux de l’édition 1959 gravé par Maynard Reece, des séries « duck stamps » (6) consacrées à la préservation des zones humides. Il est l’auteur de la « Cotton Pershall method » qui fait encore autorité de nos jours.

s-l1600

Orin Benson (1914-2005), originaire du Minnesota, posséda après-guerre dans son chenil de Eagle (Wisconsin) des chiens provenant de 31 états avec pour clients l’acteur Clark Gable, les cow-boys chantants Gene Autry et Roy Rogers, et même le prince Philip époux de la reine Elisabeth ! Le chien « Black Panther » entra au hall of fame 1997, et il résumait bien l’enjeu du rapport caractéristique de cette race nord-américaine « …les chiens obéissants sont des chiens heureux. S’ils se conduisent mal c’est qu’ils sont frustrés ou mécontents, voire les deux à la fois ». Au National grouse and woodcock 1984 de Grand Rapid (Minnesota) il produisit un « labrador d’arrêt » qui battit les meilleurs bécassiers, et ce fit un tel foin, qu’on en revit jamais plus dans ces compétitions…

1/ Voir archive du 4 avril 2021.

2/ Voir archive du 13 juin 2022.

3/ Voir archive du 27 février 2022.

4/ Né en mai 1948, le chiot avait été acheté 100 $ par Arthur Massie, partit en 1954 avec le pro trainer Roy Gonia sur la côte Ouest où il gagna le National 1956, terminant sa carrière comme 2è meilleur retriever de tous les temps.

5/ Voir archive du 10 janvier 2021.

6/ Voir archive du 7 juin 2022.

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité