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24 novembre 2023

Les ruses du chevreuil

C’est le plus bel animal de nos chasses bocagères, et qui ne peut être étreint de tristesse au point de passage obligé des contraintes du plan de chasse, quand il est aligné au tableau, espérons-le, honoré de la « dernière mangeure » ? Pendant vingt ans, il conditionna le succès cynégétique de nos dianes communales, mais le sanglier maintenant bouleverse tout. On s’en débarrasse au plus vite pour courir après la bête noire, raisons de plus pour revenir, avant qu’il ne soit oublié, sur ses fondamentaux.

un

Il ne fut vraiment chassé à courre qu’après 1830 avec des équipages fameux (Hublot du Rivault, d’Armaillé, de Danne, de la Rivière) qui, avec des petites meutes souples d’une vingtaine de chiens en prenaient une trentaine par an, et codifièrent sa quête qualifiée de la plus difficile de toutes. Nos battues ont un peu oublié tout ça et cédé à la facilité des tirs de « dérobards » voire d’animaux arrêtés parfois même dans la traque, pour s’abandonner plus vite à la fièvre effrénée du plaisir « solitaire »Sans aller aussi loin que les subtilités de la vénerie, le fonctionnement de la société était rythmé par la qualité de l’organisation, la connaissance du terrain marqué d’enceintes aux contours difficiles en pays de bocage, et l’autorité de ses dirigeants à mener des sociétaires obéissants parfaitement aux consignes.

deux

Point trop besoin de faire « le pied » (1) on savait où les animaux se cantonnaient, par temps de pluie sous les grands arbres, à l’embellie au sec, et par temps chaud, celui de l’été indien (où il est le plus souvent chassé de nos jours, si possible avant le 1er novembre et la fin des ensilages), dans les parties basses et ombragées des vallées où coulent les ruisseaux. Tous les chiens adorant cette voie forte, la menée était moins rude qu’en vénerie, avec pas trop de chiens au départ pour pousser vers la ligne, des animaux appelés à se forlonger dans les coulées, et à juste un peu appuyer sur la fin. On ne connaissait pas vraiment comme la vénerie, toute l’étendue des ruses de la chevrette : les changes répétés aux cours et pièces d’eau, les retours sur la voie, les relaissés en se joignant à la harde, et en effectuant le grand bond de côté (hourvari) pour laisser passer les chiens et s’enfuir sur les arrières.

trois

La grande défense du brocard était de vider l’enceinte à contre-battue d’où l’utilité de poster du monde « en retour », où, mieux encore, des tireurs sûrs, marchant avec le rabat. Les moins fournis en hommes, barraient le début de traque avec des banderoles, de nos jours on dirait de la « rubalize » ! Les postés, placés au bon endroit avaient intérêt à être à bon vent, bien dissimulés, et prêts à un tir prompt mais prudent en fonction des consignes données au rond, sur le sexe, la taille des animaux, et bien sûr, la sécurité. Le tir a priori facile car représentant une grosse cible, de plus très fragile (même aux plombs plus petits que la « chevrotine » à l’appellation explicite), pouvait échapper aux meilleurs.

quatre

Pas trop poussé, il pouvait passer une tête juste dans la ligne, (et donc tir interdit !), la refuser, ou accélérer subitement comme une balle si les chiens se rapprochaient. A l’aperçu du chasseur il pouvait faire un crochet court déconcertant, se raser, bondir d’un coup au passage d’un obstacle genre fossé ou talus, quand les chevrillards les suivent eux, comme les renards, et ne laissent voir que leur dos. Sur ses fins, dans un taillis où on pouvait le croire blessé, immobilisé, toutes émanations coupées, entouré de la meute, et sembler tout à coup sortir de nulle part. Il en a même été vus, traîner la patte comme un blessé, et repartir de plus belle. Nous avons ainsi, quelques beaux souvenirs, invité au diable bouilli, avant les talkies, dans une traque improbable et interminable seul au bout du monde, alors qu’on n’entendait plus depuis belle lurette les échos de la meute ni des trompes, la gorge longue et sonore d’un Bruno du Jura, chassant seul et se rapprochant peu à peu, et voir surgir tout à coup, comme un diable de sa boîte, un immense brocard…Le coup de feu était donné sur un animal passant près, tué ou manqué franchement, pour mieux s’endormir le soir serein, tant il semble parfois dommage, de rayer de la carte ce pur joyau de notre environnement naturel…

cinq

1/ Le grand Phébus notait « chevreux n’ont point de jugement, ni par les fumées, ni par le pied » .Au « revoir », les veneurs disent que le pied du chevreuil change trois fois dans la traque : régulier au départ, qui écarte dans le fort de l’action, et à l’hallali, les jambes raidies et les pinces serrées comme un cheval fourbu. Le chasseur attentif observera dans les bois les « couchettes » et surtout les « régalis » ces grattages de la terre et de la mousse qu’il effectue avec ses pattes de devant.

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