Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
29 avril 2024

Ce qui s'appelait être..."en formes" !

Déjà souvent abordés ici (1) les leurres, formes, sont un processus complexe de tromperie des oiseaux qui fait même l’objet aux USA (où les appelants vivants sont interdits depuis 1935) d’un véritable marché de l’art cynégétique (2). Connu au temps des pharaons sur le Nil 2500 ans avant notre ère, les Amérindiens l’utilisaient aussi au moment où, en Europe ce concept fut introduit au XVIIè siècle dans la langue anglaise, venant des Pays-Bas (3).

Vieux comme la nuit des temps dans la relation homme-animal-paysage, ce fut d’abord un outil de professionnel avant de devenir un hobby, mêlant mystères et savoir-faire, presque une « culture » en pays de sauvaginiers. Nous ne reviendrons pas sur les différentes sortes d’oiseaux d’eau, pour seulement signaler quelques observations curieuses d’associations : les corvidés par exemple sont utiles à tout car incroyablement méfiants et intelligents : s’ils sont là, tout le monde se rassure. Le stratagème est bien connu au pigeon où il suffit d’en placer un bien à l’écart pour faciliter les poses. Mais ça marche aussi pour les canards où à proximité de la mare, il suffit d’en mettre 2 ou 3 tête plus ou moins au vent, plus une sentinelle perchée sur un poteau.

Quelques pigeons peuvent rendre le même service, leurs poses se faisant en toute sécurité car constamment en éveil, et preuve de nourriture présente, tout comme les foulques. Le héron autre créature méfiante à la vue perçante amène aussi la confiance. On croit tout savoir des leurres qui peuvent être…en fonte d’une quinzaine de kilos pour être plus stables en bordure des mares, ou plus légers comme ces blocs de polystyrène simulant la neige permettant d’augmenter de manière spectaculaire la visibilité. Il y a aussi le paradoxe des leurres « cachés », subtilité quand, confrontées à la pression de chasse, les poses cherchent des petites anses tranquilles et où il s’agit de faire amerrir en eau libre des oiseaux qui foncent, en nageant, se mettre à l’abri dans un endroit a priori sécuritaire. Il ne s’agit donc plus qu’ils soient visibles, mais éparpillés et peu visibles dans les quenouilles.

On le comprend, c’est en Amérique du Nord où déjà les historiens John Smith et Gorge Catlin, dès 1850 avaient relevé les techniques amérindiennes d’utilisation de peaux de loups pour approcher les bisons, que furent développées des techniques d’approche qui peuvent nous faire sourire aujourd'hui. En 1897 John Sievers déposa un brevet de « vache creuse » dont le cou articulé permettait au « train avant » de tirer, l’arrière disposant lui d’une fenêtre latérale. Tant qu’à faire, un orifice de tir plus « naturellement placé » aurait dû s’imposer pour couvrir « les arrières » comme on disait à l’armée…

En fait on reprenait, en l’améliorant une technique connue depuis 1800 au Texas dans la baie de Galveston où les chasseurs professionnels utilisaient des bœufs dressés qui finissaient par être sourds à force de se faire tirer aux oreilles dans des approches sophistiquées. Dans les vastes prairies à l’Ouest d’Houston, il y avait peu de couverture, il fallait progresser soleil dans le dos en maîtrisant l’allure calme et paisible de l’imposant bovidé. Cette tradition fut soutenue jusqu’à la fin des années trente, interdite en 1941, reprise ensuite par quelques téméraires disposant de guetteurs qui les prévenaient de l’arrivée des gardes lesquels, la plupart du temps, fermaient les yeux, pour s’égailler dans les hautes herbes, les paisibles bestiaux étant habitués de rentrer tout seuls à l’étable ! La dernière opération de ce genre eût lieu en 1949 à l’initiative de l’écrivain Andy Anderson, pour une action de charité au bénéfice des anciens combattants.

On le voit, cette approche « fair-play », proprement nord-américaine doit beaucoup à l’interdiction de l’utilisation des animaux vivants pour tromper leurs congénères, et les anciens catalogues Herter’s similaires à notre tarif-album de la Manu regorgeaient de reproductions grandeur nature d’un peu tous les animaux de la création : élans, whitetails, antilopes pronghorn, grands ducs, dindons, et même des oies géantes dans lesquelles on pouvait se cacher (voir-ci dessus) ! Pour les vaches, de nos jours encore c’est la « rouge du Montana » qui tient la corde (voir illustration en exergue), et nous qui vivons au fin fond du Bocage, nous prenons à rêver d’une telle « normande » pour traquer le chevreuil et le sanglier ? Problème, c’est un animal grégaire et il en faudrait bien une demi-douzaine pour ne pas faire tache dans le paysage, et puis là-bas dans le Midwest, personne ne nous dit que faire s’il y a, au fond du champ, un taureau en rut !

1/ Voir archives des 13 juin 2018, 3 juin 2017, 4 avril 2020.

2/ Voir archive du 6 avril 2020.

3/ Le plus ancien document connu de l’utilisation de leurres au canards en Europe date de 1318, le terme britannique « decoy » vient du néerlandais « endekooyen » qui veut dire cacher.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité