7/08 Remington : le bon "intermédiaire"

Comme le 270 Winchester nous avons là affaire à une cartouche qui n’étant pas « de guerre » connut un certain succès dans l’hexagone, avant la déferlante 30-06 et 308 de la fin de l’année 2013. Il s’agissait au départ d’un « wildcat » (1) concocté pour le tir des silhouettes métalliques autour de 500 mètres, et qui fut validé SAAMI et CIP par Remington en 1980. Comme le 270 Winchester et le 280 Remington c’est un calibre où on peut trouver de belles occasions.

Sa précision fut donc appréciée des chasseurs américains où elle rivalisait avec le 243 et surtout le 308 dont elle était issue puisque col d'étui rétreint pour accepter une balle plus petite de 7mm (balle de 0.284). Sa sortie, en 1980, bien longtemps après le 308 (1952) fut une version moderne et plus stimulante du classique 7X57, particulièrement apprécié par Jack O’Connor et surtout son épouse Eleanor (2) pour qui, en 1958 avait été concoctée une carabine à système Mauser sur base VZ 33 tchèque à canon de 22 pouces. Voir ci-dessous.

Dans la gamme du grand gibier de poids moyen il faut retenir la flexibilité de ses charges de 100 (varmint) à 160 grains et surtout sa précision sous la minute d’angle du fait d’un tir à plat identique au 270, et au « 30 » mais avec beaucoup moins de recul. Et il existe même des charges « managed recoil » de 120 grains filant à 810m/s pour faire démarrer les jeunes ou dames, leur permettant plus facilement de monter ensuite en poids, par la pratique et les compétences. Remington avait démontré son intérêt pour le 7 mm dès 1957 avec le 280, et partit du 7/308 des tireurs du bench-rest (mais qu’utilisaient aussi déjà les chasseurs) pour le faire en action courte. Le calibre 7mm étant encore ensuite boosté dans la lutte entre le 7 Rem Mag (1962) et le 284 (1963), mais en actions standard. Ci-dessous : de g. à dr. 243 Winchester, 7/08 Remington, 308 Winchester.

Pour la chasse française, les 140 grains de base peu coûteuses (Corelokt et Winchester Power point) sont bien suffisantes avec expansion rapide et pénétration limitée donc élimination immédiate. Ce n’est que passés 150 mètres (comme le 270) qu’il faudra soigner le placement sur des animaux coriaces dépassant les 80 kg, et se montrer réaliste en attente face à des munitions usine qui visent plus l’expansion que la pénétration. Le 7/08 connut un succès modeste à sa sortie en 1980, mais prit au bon moment la vague des fusils alpins légers des années 1990. Il compensa en popularité chez les chasseurs, ce qu’il perdait du côté du bench-rest au profit des 6,5. Mais les excès de l’allégement virent revenir le recul, puis ces fusils permettant de tirer d’une sierra à l’autre, se mirent à bénéficier de nouvelles technologies (scopes HQ à fort grossissement, télémètres, calculateurs balistiques informatiques) qui, peu à peu l’ont marginalisé.

Souvent comparé au 308, celui-ci bénéficie de son aura militaire, de sa disponibilité, de balles un peu plus lourdes, et de la concurrence des nouveautés comme le 6,5x284 Norma, et surtout le 6,5 Creedmoor. Mais bon, si on avait écouté certains, le 7 mm Winchester Short Magnum en 2001 allait tout emporter sur son passage n’est-ce-pas ? A nos distances de chasse, il fera aussi bien sinon mieux que le « Credo » dont on nous bat tant les oreilles en ce moment, et mérite donc toute l’attention de ceux qui, en occasion lorgnent vers les calibres proches :  308, 7x64, etc.

1/ Cartouches concoctées par armuriers ou amateurs passionnés, et parfois reprises à leur compte, contre royalties par les grandes marques de cartouches.

2/ Eleanor, née Bradford-Barry (1908-1978) ne survécut que six mois à son mari Jack O’Connor (1902-1978) dont elle partagea nombre de voyages de chasse. Avec le 7X57 elle préleva un peu tout jusqu’à l’ours noir, pour plus gros elle utilisait un modèle 70 Winchester en 30-06.