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17 février 2024

Les charges légères anglo-saxonnes en calibre 16

On vous bassine souvent ici sur les charmes du calibre 16, lequel, selon la belle formule consacrée « se porte comme un 20, mais frappe comme un 12 », moins par souci de nostalgie que sur l’amplitude de la disponibilité restant en occasion, notamment pour débuter à peu de prix, malgré la désastreuse politique des « armodromes » gouvernementaux. Encore faut-il comprendre les atouts de ce calibre devenu par force désuet.

un

 

Ce calibre n’a jamais vraiment disparu, même s’il ne concerne désormais qu’une petite partie du monde de la chasse, sa représentation s’étant construite sur la fameuse « square load » ou « charge carrée » si on veut, déjà largement commentée sur ce site, charge « à tout faire » de 28 grammes, souvent poussée à 32 pour faire bon poids. C’était l’époque où les faisans sauvages tenaient l’arrêt au lieu de piéter sans cesse comme les poulets actuels, mais où ce calibre était déjà en fort déclin quand le 20 en 1954 avec la cartouche Winchester Super X passa au Magnum.

deux (2)

Paradoxalement c’est ce train qu’il regarda partir sur le quai de la gare qui l’a fait revenir à la mode aux Etats-Unis où la chasse à la plume (upland) est fort vivace dans certains états du Midwest, s’appuyant sur un réseau fort actif de collectionneurs de marques anciennes (Fox, LC Smith, Ithaca, Baker, etc.), tous plus ou moins rechargeurs. Il existe donc un public, et même des marques spécialisées (RST) pour vieux baby-boomers réclamant des charges à pressions légères pour armes anciennes nécessitant des basses pressions. Le site www.16 ga.com est l’endroit où aller pour découvrir cet univers inconnu en France, même dans les années cinquante, âge d’or et début du déclin de ce calibre qui faisait la base de la chasse française avec en première ligne, la chasse devant soi à la billebaude, et le lapin pour cible.

trois

Tous ces braves gens qui font aussi beaucoup de skeet, (discipline au départ d’entraînement au tir de chasse), cherchent des charges à recul réduit convenant à la chasse et au training un peu sous la charge standard de l’once (oz) de 28 grammes, et donc dans une déclinaison très peu connue chez nous sous sa nomenclature anglo-saxonne : 5/8 oz (18 grammes), 11/15 oz (19,5 g), 3/4 oz (21 g), 13/16 oz (23 g), 7/8 oz (24 g), 15/16 oz (26,5 g). Les plus communément employées sont 3/4 et 7/8, pour produire des charges polyvalentes en dessous de la Fiocchi Golden Pheasant 28 grammes, plébiscitée dans le calibre par ceux qui emploient des « toutes cousues ». Il s’agit d’employer la même charge qui va ménager l’épaule sur le pas de tir, mais sera également employée à la chasse grâce à sa courte corde améliorant la densité du motif. En plus, dans ce calibre confidentiel sur les pas de tir, le rechargement vaut à long terme le coup financièrement, contrairement au calibre 12 dont la production sporting inonde le marché.

quatre

En gros, il s’agit d’une cartouche de 24 grammes, montée le plus souvent sur des douilles récupérées de Remington Gameload noires, et Winchester SX dont la capacité permet de jongler sur son bout d’atelier avec des bourres plus petites. Avec du plomb de # 8 et 348 m/s on atteint 6200 psi bien en dessous de la pression SAAMI admissible (1). Le chargement cependant sera sensible aux amorces adaptées à la poudre ad hoc pour ménager une vitesse constante, et aux bourres. Il en existe bien sûr pas mal venant de l’import notamment européen (2), mais les tireurs américains habitués à se débrouiller seuls défendent bec et ongles leur matériel « proudly US » : les SG 16 Remington, clones des anciennes Winchester AA plus produites, pas trop adaptées aux charges légères mais avec lesquelles on peut toujours bricoler dans son coin, et surtout les Claybuster 28 grammes et 7/8. Elles ont une petite bosse au fond de la cuvette réduisant l’espace pour les charges légères afin qu’aucun remplissage superflu ne soit nécessaire. Mieux encore, la DR 16 de Downrange Wads, la plus polyvalente du marché (ci-dessous à g.) a été spécialement conçue pour les petites charges 21  et 24 grammes.

cinq

Même si à l’échelle du marché US le domaine « upland » reste un segment restreint, les débats avec les tenants des petits calibres 410-20-28 sont ardents car toutes ces petites charges largement publiées dans les publications (3), ou sur les sites dédiés, empiètent sur les plates-bandes des « gunwriters » qui défendent la production des marques de ces calibres actuellement à la mode…et qui, bien sûr, les font vivre ! On évoque alors les mânes des grands anciens, Elmer Keith, Mike McIntosh, pour préférer au « timberdoodle » (bécasse), ou au chukar, la densité de gerbe du calibre 16 pour percer le chablis, mais tout ça reste quand même dans une sophistication qui risque d’échapper au chasseur français qui, déjà, recharge peu ou pas du tout.

Chasser au calibre 16 de nos jours est déjà un défi en soi, et le rechargement en plus, assez frustrant par rapport au 12 avant que nous puissions nous frotter aux snobs du « fair-play » (mais qui tirent en « Magnum » et 32 grammes quand même !) avec nos vieilles bourres Gabel ou Iris que nous conservons pieusement comme autant de morceaux de la vraie croix. Apôtres du « sweet sixteen » (4) par les temps qui courent, faites gaffe, quand même c’est presque un concept à manipuler avec précaution car pour les mauvaises langues, des « bourres roses » aux ballets de la même suave couleur, il n’y a pas loin…

fin

1/ Elle est de 19 500 psi, la plus basse de tous les « petits » calibres : 12 000 psi en 20, 12 500 psi en 28, 13 500 psi en 410.

2/ L’Italie est en pointe en ce domaine, et conservé plus que nous son potentiel industrie de rechargement.

3/ Nick Sisley pour Skeet Shooting a publié des tables reprises par la firme Hodgdon une multiture de recettes pour RST, Cheddite, avec les bourres DR 16, BP, Gualandi. Le site de la 12 Gauge Society précité a tout un chapitre consacré au rechargement du calibre. Faut juste jongler avec la transposition en mesures anglo-saxonnes sans se gourer bien sûr entre les « grains » et les grammes (1 gramme = 15,43 grains), vu les risques…

4/ C’est le surnom donné en 1948 à une certaine version du Browning Auto 5, puis ensuite à toutes celles en calibre 16, jeu de mots sur le surnom des douces jouvencelles lors de leur introduction dans la bonne société du XVIIè siècle, et repris par une célèbre chanson de Chuck Berry dans l’époque contemporaine. A noter que tous les chargements dont nous parlons plus haut ne sont pas sûrs de cycler dans l’Auto 5, son fonctionnement par long recul nécessitant la plupart du temps bien plus de « peps » !

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