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21 février 2024

Précision et chevrotines : paradoxe ou abus de langage ?

Munition surestimée, encore nimbée par l’emploi d’une génération de chasseurs disparue, celle de nos grands-parents, et désormais frappée d’anathème depuis 1973, la prolifération du sanglier la fait revenir de temps en temps à la surface des réflexions des uns et des autres pour invoquer (à juste titre) la sécurité, mais aussi leur précision. Est-ce antinomique ? Allons voir ailleurs si nous y sommes…

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C’est toujours aux USA (où nos regards, concédons-le bien volontiers se portent souvent) qu’il faut se rendre, la législation par états permettant son emploi (1) à la chasse avec plus ou moins de restrictions, mais aussi sur la voie publique aux mains des forces de sécurité sans qu’on le cache comme une maladie honteuse. Mais le fusil à pompe de calibre 12 associé aux « buckshots », n’est pas le « rayon de la mort » que l’on croit, et les analogies avec l’emploi cynégétiques vont parfois se nicher dans un secteur inattendu auquel sont confrontés les policiers américains, celui de l’arrêt des molosses qui pullulent sur la voie publique en échappant au contrôle de leurs maîtres incompétents ou irresponsables. La base de données est importante car les fusillades d’animaux sont traitées comme celles des personnes, et ils doivent présenter une menace immédiate de mort ou de blessures corporelles graves pour l’agent et des tiers, avant d’ouvrir le feu.

un

Pour ménager les effets collatéraux en ville, on dispose en dotation de chevrotines « tactiques » (2) 9 grains à recul réduit offrant un meilleur suivi, sur des cibles puissantes, insaisissables et bien plus rapides qu’un ours chargeant pour lesquelles il parut évident aux pouvoirs publics que trois coups périphériques rapides étaient plus utiles que des balles. Les molosses ignorent la douleur et les blessures, ce sont des cibles dynamiques de 40-50 kg, où le coup sûr est dur à obtenir, et surtout endurants :  en gardiennage dans une bijouterie dans le New Jersey, un chien enragé par la présence d’un voleur a survécu à 5 coups de 38 Special…le malandrin aussi, mais avec 100 points de suture !

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Dans le Tennessee, un pitbull attaquant des enfants prit deux chevrotines, se cacha sous une voiture, chargea de nouveau avec une patte cassée, reprit deux coups de fusil dont le dernier à l’épaule invalidant mais non mortel pour finir par être euthanasié. Faut viser où ? Coffre, tête, les policiers ont retrouvé les interrogations des chasseurs qui font remarquer leur utilisation massive de charges usines beaucoup plus puissantes et rapides (439 m/s) tamponnées et plaquées de métaux durcis employées également en Afrique pour le suivi des félins blessés, particulièrement les léopards eux aussi fort nerveux et agressifs. Autre souci, celui de modéliser le tir car l’utilisation des chokes fait beaucoup varier les choses. Les « turkey » très serrés pour tirer le dindon sauvage peuvent grouper les 12 grains dans une assiette en carton à 50 m, et la puissance d’une ballette par exemple de « double aught » équivaut à du 32 ACP jusqu’à 35 mètres.

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Neuf grains de 0.030 totalisent un once (28 grammes) qui, à un peu plus de 400m/s vous placent dans une plage élevée de puissance autour de 2500-3000 joules. Des essais aux distances « home defense » ont montré qu’une neuf grains les groupait toutes encore à 10 mètres en lisse (C), mais qu’il n’y en avait plus que 7 en IC (lisse amélioré), et 6 en Full, différence minime certes, mais plus que 3 dans la cible à 45 mètres. Si le recul réduit offre un motif plus serré donnant un meilleur suivi, utile on l’a vu pour les forces de l’ordre, il n’a pas l’énergie des charges lourdes de chasse utilisées également par les contremaîtres des ranches sur les coyotes, mais aussi sur des chiens errants agressifs s’attaquant au bétail, surtout veaux et poulains, voire aux humains quand ils sont en nombre sur les chemins perdus de campagne.

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Ces charges qualifiées de « lourdes » ce qui démarre selon la terminologie anglo-saxonne à 1 ¼ soit 36 grammes sur un fusil de 3,5 kg offrent le même recul libre qu’une carabine 375 HH de 4 kg et on conseille d’utiliser la méthode « stressfire » de M.Ayoub d’avancer un peu sur le pied d’appui pour que le dos agisse comme un ressort absorbant l’énergie en la redistribuant, quitte à perdre un peu d’amplitude au swing. Dans tous les cas, on remarquera que la balle toujours préconisée à la chasse sur les animaux dangereux (grizzlies, lions de montagne) ne fera certes qu’un trou…mais un gros trou !

1/ En Alabama par exemple l’emploi est permis quand on chasse les cervidés et sangliers avec des chiens, mais pas en Géorgie voisine.

2/ Dans la même veine que les balles « tactical » dont nous avons déjà parlé ici (archive du 21 novembre 2022) ces chevrotines sont avant tout destinées à renverser des silhouettes métalliques et accessoirement…des malfaiteurs ! Les armes de la police sont toutes « vieille école » c’est-à-dire des fusils à pompe en lisse, pour tirer ces charges multiples. Aux USA, chaque ballette doit atteindre sa cible et non aller partout ailleurs : on est responsable de son tir, et derrière chaque charge qui échappe au contrôle, il y aura bien souvent…un avocat !

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