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16 avril 2015

De la chasse "civile"...à la chasse...militaire !

Ah les beaux paradoxes de l'interactivité informatique ! Après le joli succès de consultation du tutoriel de démontage sur le fusil Darne, voici que le récent article sur la carabine de Versailles arrive en seconde position des pages les plus lues de ce site de chasseurs ! Preuve que les disciples de Saint-Hubert peuvent également être...tireurs, et même on va le voir ici, de chasseurs « civils », devenir... « militaires ».

 

tirailleurs

On l'a vu donc, c'est au tournant de la Révolution qu'on a commencé à considérer que l'arme rayée était plus précise et pouvait tirer plus loin que le canon lisse. Pendant la guerre d'Indépendance américaine on a ainsi vu des miliciens, trappeurs, fin chasseurs et tireurs, (notamment au dindon à 200 mètres), tuer en 1777, un général et un major anglais à près de 500 métres, avec des petits calibres rayés le fameux « Kentucky rifle » : 9 à 11 mm contre 17 à 18 pour les lourds fusils « de ligne ».

Pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire on commença donc à tenter d'équiper les « tirailleurs » de ces armes rayées. Il s'agissait d'infanterie légère qui évoluait en avant des troupes de ligne avec une certaine latitude d'intervention en harcèlement, ayant toujours la possibilité, si c'était trop « dur », fortifié en face, voire sous la menace d'une charge de cavalerie, de se replier sur les ailes de l'infanterie classique avant la bataille. Les meilleurs en ce domaine étaient les Kaiserjäger autrichiens recrutés parmi les gardes et fonctionnaires forestiers de l'empire austro hongrois, qui utilisaient leurs armes personnelles, toutes pointues en terme de précision, puis les « riflemen » britanniques, sorte d'infanterie super légère, véritable ancêtre, en tant que corps constitué, des « snipers » actuels (1). En 1809, en Espagne, le rifleman Thomas Plunkett, en tirant allongé, canon de son Brown Bess bloqué entre ses pieds, tua à 600 mètres le général Auguste Colbet. Et comme ses camarades le raillaient ensuite, imputant le gros coup de chance, il tua dans la foulée et de la même manière, un trompette-major !

 

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En France on tira donc les conclusions de cette nouvelle manière de mener la guerre, et c'est en 1840 que se constituèrent les...  « Chasseurs de Vincennes » qui devinrent ensuite Chasseurs à pied, Chasseurs d'Afrique, et jusqu'à nos jours même où il y a encore des Chasseurs-parachutistes. Dans cette infanterie légère utilisant la carabine à tige modèle 1846, il existait une compagnie de « tireurs de précision » ou voltigeurs, et on mit immédiatement l'accent sur l'entraînement au tir appliqué, venant compléter et bientôt totalement supplanter le feu de salve d'autrefois. Les meilleurs, les « tireurs de première classe » qui arrivaient à placer 6 balles sur 10 à 200 mètres dans une cible d'un mètre avec, rappelons-le une arme sans organes de visée réglables, recevaient l'insigne des chasseurs (le cor), et des épinglettes d'honneur. Une instruction qui porta ses fruits en 1854 lors de la guerre de Crimée où les zouaves formés en compagnies « d'éclaireurs » arrivaient à décimer, à 600 métres les servants d'artillerie, obligés de se démasquer pour servir leurs pièces. Photos : à g. un garde national pendant la guerre de 1870 équipé du fusil Sharps. Ci dessus à dr. un Chasseur tireur de Ière classe avec le cor et les épinglettes d'honneur sur la poitrine. 

 

C'est la guerre de Sécession américaine, quelques années plus tard qui consacra définitivement la massification de l'arme rayée au sein des troupes, et même la constitution du premier régiment de « sharpshooters » ou « tireurs d'élite » commandés par Hiram Berdan au sein des troupes de l'Union. Ce qui n'alla pas sans certains balbutiements au départ sur l'armement assez disparate : fusils civils, carabines Colts à barillet 5 coups extrapolés des célèbres pistolets qui faisaient leur apparition au même moment, enfin fusil Sharps entrant massivement en dotation. Fait notable, pour mieux se fondre dans le paysage que les fameuses « tuniques bleues », ils portaient un habit vert, première tentative de camouflage optique. Chez les Confédérés, c'était un peu au petit bonheur la chance, les meilleurs tireurs s'organisaient à raison d'une poignée par compagnie, seuls avec leur matériel, et déjà les premières lunettes à grossissement 2 ou 4 qui étaient aussi longues que les carabines. Ils ciblaient principalement les officiers, les signaleurs, artilleurs et autres télégraphistes. Un de leur sergents avec un Withworth à lunette qui avait déjà fait quelques victimes dans l'entourage de l'état-major du général Sedgwick (c'était un des bras droits du généralissime Ulysses Grant), finit par tuer ce dernier d'une balle dans l'oeil à 700 mètres ! Le général fut un peu victime de trop de bravoure (ou d'inconscience) car alors que les balles sifflaient autour, et que ses hommes commençaient à se mettre à couvert, il leur dit que ne n'étaient que des balles perdues et qu'à cette distance « ils ne pourraient même pas tuer un éléphant » ! Photos ci dessous : à g. sniper confédéré avec son fusil à lunette perché pour un moment dans un arbre...car la gourde reste à portée de main. A dr. la carabine Sharps en action. 

 

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Prochain article : le tir à longue distance de la période moderne.

 

(1) : Snipe en anglais c'est...la bécassine, oiseau difficile à atteindre par excellence.  

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