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27 novembre 2016

Chasse en Allemagne : quelques différences

Le chasseur allemand est souvent cité en exemple : plus compétent, plus motivé par un examen draconien sorte de « baccalauréat vert », plus élitiste aussi. Qu’a-t-il  de commun avec nous ? Pas grand-chose aux regards de l’Histoire, car les différences partent de loin…du temps de Charlemagne !

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Quelques chiffres en premier lieu pour bien cadrer le débat : il y a en France 1,3 millions de chasseurs sur 42 700 000 d’hectares contre 340 000 et 32 090 000 d’hectares Outre-Rhin. Leur fameux « permis » même s’il est draconien n’est pas uniquement en cause. Seul le Bade-Wurtenberg reconnaît une équivalence avec le permis français sans doute parce que c’est une région frontalière et donc…germano compatible avec leurs traditions ! Et en France seule la Fédération du Bas-Rhin est  habilitée à une préparation d’équivalence sur deux demi-journées. Obtenir là-bas le fameux sésame coûte déjà un œil (1500 euros) et deux bonnes années de préparation et d’entraînement, car les épreuves de tir (1) sont soumises à résultat. Au pistolet à 7 mètres (censé achever le grand gibier blessé) : 4 zones vitales sur 5 au sanglier ; au fusil lisse sur rabbit : 5 sur 10 (tiens, essayez au prochain ball-trap voisin vous m’en direz des nouvelles !) ; la carabine (avec appui debout, assis, sanglier courant) quasi du 50 % partout. Quant à l’épreuve-phare, il s’agit d’un grand oral d’une demi-heure face à un jury de 4 spécialistes dans les matières suivantes : connaissance du gibier, des armes, du droit cynégétique, de la pratique de la chasse.

En Allemagne, la chasse part d’une appréciation très différente de la nôtre qui s’est nouée dans le haut moyen âge de la « silva » forêt commune accessible à tous, à la « foresta » où le prince s’approprie certes à son profit le droit de chasse exclusif, mais assume aussi un rôle de protecteur de la Nature dans son ensemble. Chez nous, la grande aristocratie foncière a fait la même chose mais plus avec une notion brutale parfois (2) de seul  « bon plaisir », certes ordonnancé et codifié sous l’Ancien Régime (on lui doit nos belles traditions de vénerie) mais sans cette notion  dite du « Hege » codifiée depuis le XVè siècle et qui, en gros préconise « la conservation de la population de gibier en bonne santé dans des proportions adaptées aux paysages et aux traditions locales ».

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Bien sûr, chez nous, la Révolution en mettant la chasse à la portée de tous ne s’est plus trop intéressé à ces nobles valeurs qui, néanmoins reviennent, la mondialisation et l’Europe aidant au premier plan dans certaines modes et rituels (3) : honneurs rendus au gibier, tir sélectif, éthique, déontologie et « bonnes pratiques ». Pour comprendre, il faut un peu comparer notamment en matière de grand gibier où, déjà, la battue telle qu’on la pratique chez nous n’existe pas vraiment. Beaucoup de chasses individuelles (pirsch ou affût) nécessitant un tir précis et posé donc peu d’express, et de « gros » calibres  (9,3X62, 0=9,3X74 R) si courants chez nous. Pas de fusils lisses au gros, les carabines semi-auto sont mal vues, en règle générale on voit des armes à verrou avec optiques (souvent chères) servies par un bon entraînement au profit d’une connaissance très fine du gibier, des trophées.

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La rigueur d’organisation ne laisse place à aucun à peu près : horaires stricts, déjeuner (Eintopf) expédié en une petite demi-heure (4), miradors partout, peu de chasseurs, avec plus de coopération entre eux, chiens de petite poussée, voire sans chiens, et ce, hors dimanches et jours fériés…laissés aux autres utilisateurs de la Nature, randonneurs, ramasseurs de champignons…Ce débat si présent chez nous en ce moment, est bien loin derrière eux maintenant. S’il faut en France en moyenne neuf balles pour prélever un animal de grande chasse, là-bas, il en faut moitié moins ! Cherchez l’erreur …

Le poids de ces traditions rigoureuses est, sans doute ce qui a freiné en Allemagne et en Autriche la légalisation de la chasse à l’arc, récente chez nous (1995) mais bien après la péninsule ibérique (1987). La vénerie ne s’y étant que peu développée, et même stoppée depuis 1950 explique l’ancienneté de la recherche au sang nécessitée par une ancestrale chasse à tir. On doit à la région de Hanovre début XIXè, de tout faire (le pied, rembûcher, et lancer) avec des chiens qui retrempés en 1894 avec des courants amena la création des « chiens de rouge » apparus dans notre pays en 1960 (teckels principalement), et officialisés par la fondation de l’UNUCR en 1979, puis la création en 1984 du club français du chien de rouge de Hanovre et de Bavière.

1/ Le tir de compétition est le 4è sport allemand avec 2,5 millions d’adeptes, les sociétés de tir (Schützenvereine) étant  des piliers de la vie associative villageoise ayant des racines fort anciennes, notamment pour la défense des villes libres contre les prétentions des princes.

2/ Le privilège de l’exercice de la chasse s’exerçait la plupart du temps au plus profond mépris des cultures, et on a tous en tête le procès, au XIIIè, du triste sire de Coucy qui fit pendre séance tenante trois gamins  s’étant malheureusement égarés sur ses terres à la poursuite de lapins.

3/ Lodens, chapeaux ornés de médailles et trophées,  « honneurs » qui se généralisent.  Nous allons consacrer bientôt un chapitre complet aux honneurs rendus à la chasse dans ce blog.

4/ On est bien loin de l’image de la « galinette cendrée », des chansons à boire, des franches ripailles que nous traînons encore derrière nous…mais qui font aussi tout le sel de la chasse française non ?

 

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