Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
18 mars 2017

La battue va-t-elle sauver nos chasses communales ?

On arrive dans l’arrière-saison, c’est le temps où on range le matériel, on fait le tri dans les cartouches, c’est aussi celui des bilans, de la réflexion affûtée par les assemblées de secteur, la préparation des assemblées générales qui décideront de l’avenir de la saison prochaine, et en fait, de la chasse en général.

plmk

 

Le post du 11 mars dernier donne quelques orientations : les nouveaux permis n’ont pu compenser les départs et les arrêts (moins 230) mais, fait inquiétant, ces derniers moins dans la tranche prévisible des octogénaires que dans celle des quadras, gens qui achètent ou ont des chiens pour une chasse devant soi au petit gibier, de plus en plus difficile à exercer.

Première cause le « mitage » des sociétés communales par des chasseurs individualistes qui se jettent littéralement sur tout terrain disponible, non pour bâtir un projet cynégétique sensé, ce qui pourrait encore se comprendre, mais simplement pour empêcher quiconque d’y mettre les pieds ! Aucune cohérence, on « pique » au petit bonheur la chance du terrain à droite et à gauche, pas d’aménagements, de lutte contre les ennemis de la faune et des cultures, et si l’on parle de « nuisibles » de fait, on « nuit » seulement à tout ce qui tente de se construire autour ! Effet inverse, les sociétés constituées deviennent difficiles à gérer avec un territoire en « peau de léopard » où on ne sait jamais vraiment si on est dans son bon droit ou pas, surtout si on court derrière les chiens qui, eux, ont bien du mal à lire les pancartes multicolores  « chasse interdite, chasse réservée, chasse gardée »

ytreza

On l’a vu aux réunions de secteur c’est un phénomène récurrent partout, certaines communes de notre canton ayant été ainsi véritablement « privatisées », et une tendance générale à relever les surfaces pour les plans de chasse GG va bien dans le sens d’une réaction à cette dérive délétère de l’exercice de la chasse dans notre région. L’autre obstacle aux vocations c’est l’absence de petit gibier réellement sauvage. Les orientations fédérales  (un seul lièvre par chasseur, fin du tir des poules faisanes qui seront débattus à la prochaine AG du 22 avril) sont assurément éthiques et vont dans le bon sens, mais pratiquement elles continueront d’assécher le marigot. Le plan faisan est ambitieux, mais long à  mettre en œuvre avant de porter ses fruits, et il n’est pas sûr que la grande masse des chasseurs de la Manche aura la patience d’attendre …

L’exemple de l’Ille-et-Vilaine toute proche qui a un peu d’avance sur nous en ce domaine est éclairant. Près d’une grande ville balnéaire que voit-on ? Plus du tout de faisan lâché ni tiré, tout ça parce qu’une  ACCA voisine, elle en plan faisan, et aux résultats encore peu probants s’est plainte. Levée de boucliers bien sûr de toutes les ACCA voisines mais qui ont dû s’incliner.  Plus de faisan du tout, le lièvre un jour par an, une flopée de perdrix lâchées (1500 !) mais vite fusillée à l’ouverture, seulement deux jours de chasse par semaine (dimanche, jeudi), mais, et c’est là où nous voulons en venir…heureusement qu’il reste la battue. Là-bas c’est tous les samedis, qu’il pleuve ou qu’il vente de fin août à fin février, et c’est fort bien comme ça !

cvbn

La battue peut donc non seulement être un moment fort dans la vie d’une société communale, mais aussi un moyen nouveau de « rebondir » dans son activité. L’activité GG, il faut le constater a pris, avec le chevreuil, mais aussi bientôt chez nous le sanglier, une nouvelle dimension. Nous n’en sommes pas encore, comme dans le Sud-Ouest à se polariser uniquement là-dessus, mais c’est sûrement une occasion rêvée de resserrer les liens, de mettre en place une cohésion et une logique assurément plus cynégétique et mieux comprise, même par la population non chasseur, que le sempiternel « lâcher de cocottes » qui, on le voit, aura bientôt vécu et fera partie d’un passé révolu.

La battue nécessite une connaissance fine du terrain, une stratégie, une hiérarchie dans les responsabilités où les jeunes, mieux formés et plus ouverts aux « nouveautés » (tir à balle, aides à la visée) trouveront plus facilement leur place. Loin de l’individualisme forcené des Tartarins du cru qui « prennent du terrain »…pour rien d’autre sinon que satisfaire leur « fierté villageoise » personnelle, elle oblige les chasseurs communaux à se rencontrer, à échanger.

Une convivialité nouvelle voit le jour, la réussite y est collective et la bredouille itou ! Derrière les chiens courants faut se concerter, se rassembler, et l’après-chasse encore  demeure dans cette dynamique commune : honneurs, casse-croûte, attribution des pièces de gibier autant de moments d’amitié partagée. C’est l’esprit de la chasse antique où le clan et la tribu faisait corps pour réussir ensemble et contribuer à la survie de tous. C’est l’individualisme forcené, à la recherche d’une utopie (« plan faisan » compris d’ailleurs, mais qu’on ne peut que défendre, ne serait-ce même seulement pour le principe), celle du retour à l’âge d’or du petit gibier de nos pères, mais qui n’existe malheureusement plus, qui tue à petit feu nos dianes locales.

la battue

La prolifération du grand gibier, ses dégâts vont de plus en plus mettre les sociétés au pied du mur et la battue semble le bon moyen de se structurer collectivement autour de l’exercice d’une chasse qui n’aura plus rien à voir avec celle de nos devanciers. Dans le Sud-Ouest, il y a cinquante ans on chassait uniquement la caille et le perdreau, et un sanglier par ci, par là. A l’heure actuelle une vingtaine de chasseurs d’un petit patelin perdu au fin fond des Cévennes met 250 suidés au tableau avec tout ce qui va derrière : salle de découpe aux normes sanitaires, congélos qui vont bien…et aide des chasseurs des grandes villes voisines pour tenir les postes sur des territoires dix fois plus grands et accidentés que les nôtres. C’est vers là-bas qu’il faut regarder plutôt que les souvenirs émouvants et attendris du temps de nos anciens, lesquels mettaient tranquillement au carnier ses dix perdrix (naturelles en plus !) par sortie ! Malgré tout le respect qu’on leur doit, autres temps…autres mœurs !

 

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité