Un fusil mythique le Krieghoff K 80

Ce n’est pas forcément le fusil le plus fréquent que l’on rencontre sur les pas de tir et encore moins à la chasse, même s’il a donné à notre pays un titre de champion du monde 2005 en skeet (1), et reste un mythe dans les pays anglos-saxons du fait de sa genèse et de son développement en relation avec Remington.

Sempert-Krieghoff était depuis 1886 une authentique firme allemande de Thuringe qui passa à l’Ouest après la seconde guerre mondiale, à Ulm, près de la frontière autrichienne avec des armes rayées, mais surtout une approche de l’arme lisse de sport dans les années cinquante quand Remington suspendit ses brevets pour le modèle M 32 (2) et s’accorda à les transférer à Krieghoff tout en se réservant le monopole de l’import aux USA. En 1955 ce fusil renommé  « K 32 » incorpora le système de détente améliorée Miller, et prit son essor en 1980 quand Dieter Krieghoff partit aux USA fonder Krieghoff international. Cette arme devint le  K 80 qui est désormais un des trois grands noms avec Perazzi et Beretta du marché international des fusils de sport. Ci-contre à g. le Remington 3200, un autre grand fusil de trap mais peu connu en France. 

A sa sortie cette arme avait encore 85 % de parties communes avec son prédécesseur (3), se caractérisant par son verrouillage coulissant haut, une chambre de base désormais classique pour les fusils de sport de 18.6, un poids moyen de 3,6 kgs. Depuis les années 80, toute une gamme, de tous calibres (20-28) est venue compléter une offre certes chère, de qualité, mais très complète. C’est une arme qui ne laisse pas indifférent, très typée germanique souvent mise en opposition et d’ailleurs dans les mêmes gammes de prix (c’est-à-dire pas donnée !) avec Perazzi, un peu comme on met face à face à l’échelon immédiatement en dessous Merkel et Beretta. Toutes ces firmes ont d’ailleurs conquis leur renommée il y a bien longtemps dans le tir sportif, qu’il s’agisse du tir aux pigeons vivants ou d’argile. Ils ont été rejoints par Browning, et plus récemment par Zoli, Blaser, Kemen, Guérini et tant d'autres.

Le design spécial du K 80 a ses détracteurs, il devait  aussi, au départ, nécessiter une certaine adaptation du fait de canons rendant l’avant lourd, et le point d’équilibre décalé un peu en arrière de la charnière pouvait dérouter. Il sortit une version « parcours » avec même poids, mais canons plus légers, et nouvelle perception d’équilibre à maîtriser. Perrazi, au nombre de podiums (4) a fini par éclipser un peu la renommée de Krieghoff parce qu’il offrait plus de modèles exclusivement trap, sur mesure, avec un groupe-détente très simple alignant un minimum de pièces et fort peu d’entretien pour en faire un « outil qu’on oublie » et ne se focaliser que sur le tir et la reproduction d’un protocole de gestes permettant une régularité sans failles impérative dans le tir sportif. 

Un K 80 à la chasse est certes possible, en prenant sûrement un modèle parcours, pas trop long de canons 71 cms tout au plus. La valeur en occasion (cote du Chasseur français) est de 1400 euros pour le modèle de base, à comparer à 3050 pour le Perazzi MX3, mais on en trouve aussi à plus de 5000 euros dans les armureries qui ont l’avantage de les  garantir. En triant un peu dans l’offre, comme tous les fusils de sport à bascule renforcée, ce n’est pas un si mauvais investissement que ça pour un jeune chasseur qui sait qu’il pourra ainsi chasser longtemps et avec une arme mythique et originale sous nos cieux ! Ci-contre à dr. on voit bien le verrouillage haut en tuile du K 80.

1/Véronique Girardet (ci-contre à g.) a été championne du monde de skeet en 2005, et possède un record du monde de cette spécialité avec un score de 96%. Dix ans plus tard, toujours avec un M 80, Mélissa Gomez a été championne d’Europe DTL.

2/Remington n’a sorti que 5000 modèle 32, à ne pas confondre avec le M.3200, autre fusil de sport produit entre 1973 et 1983 et classé 7è dans le palmarès des meilleurs fusils US de la revue « Outdoor life », juste devant le Browning B 25 qui n’est d’ailleurs américain que par la nationalité de son inventeur, puisqu’il fut au départ longtemps fabriqué à Liège…

3/La bascule du K 32 était en acier coulé Krupp et finition bleuie. Le K 80 à bascule trempée durcie, des ressorts de chiens hélicoïdaux (contre des plats avant ), de meilleurs éjecteurs, plus d’offres de finitions de crosses, un grand choix de bandes ventilées, et des chokes plus serrés désormais usine à la place des adaptables Briley.

4/ Aux derniers J.O. Perazzi a fait 12 podiums sur 15, les 12 premières places à la fosse, équipant 75 tireurs sur 132 en phases finales !