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9 janvier 2019

Tirer au calibre... 4 !

Le calibre dix qui avait quasi disparu de notre paysage revient par la petite porte de la chasse au gibier d’eau. En 2017 Browning et Remington ont sorti des 10-89, et en 2018 Cheddite et Fob ont emboité le pas avec des chargements ad hoc. Mais il ne faut pas oublier que, longtemps, le calibre 8, plus gros encore fut considéré comme polyvalent sur tous les continents. Alors que dire d’un calibre…4 !

ppm!

 

Une belle vidéo sur le Net (1) nous montre ce qu’il en coûte de tirer avec de tels mastodontes, mais il faut remonter un peu en arrière pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. C’est la relative faiblesse de la poudre noire qui obligeant à en entasser des quantités, fit monter l’alésage des canons. On tâtonna longtemps entre 10 et 8 et certains armuriers comme Greener se penchèrent sérieusement sur la question, le calibre 8 semblant vu son poids de 7-8 kg le meilleur compromis pour encaisser le recul. C’est la colonisation et les vastes territoires peuplés de gibiers lourds et dangereux qui ouvrit la porte à une montée en puissance prévisible : dès le XVIIIè, les premiers colons du Cap, confrontés à des éléphants devaient les tirer avec des pierriers de navires qu’il fallait trimballer sur de petits chariots, pour effrayer les lourds pachydermes qui dévastaient leurs champs de patates ! Les clichés ci-joint montrent la différence entre l'énorme 4 et notre habituel 12. 

muui

Vers 1860, l’invention des premiers projectiles profilés et coniques, certains avoisinant les 2000 grains (un grain = 15,5 grammes) soit le poids d’une canette de bière nécessita de trouver des solutions pour les explorateurs qui s’enfonçaient en brousse. Sir Samuel Baker, et un peu plus tard le célèbre Stanley emmenèrent ainsi avec eux des « fusils à éléphants » dont ils redoutaient particulièrement d’avoir à se servir ! Les colons en brousse comme les pionniers du Far-West à la même époque, avaient eux aussi les mêmes préoccupations d’avoir à récolter du gibier pour se nourrir, se défendre contre les tribus hostiles, et se défaire d’un gibier dangereux, mais bien plus lourd : pachydermes, mais aussi buffles, et en Inde tigres et gaurs ces derniers pouvant peser plus d’une tonne.

F Selous

Avant que la Cordite et les calibres Nitro Express arrivent (2), les chasseurs spécialisés (F.Selous ci-contre à g., Georges Senderson, Cummings ou Harris) durent donc adopter le « Four Bore » à un ou deux canons. Il fallait bien sûr des porteurs spécialisés pour trimballer des engins qui pesaient entre 7 et 10 kgs dont le recul était formidable. Ce « 4 » donnait un calibre de 25mm et tirait le plus souvent une balle de 1750 grains (113 grammes), pas très rapide (405m/s) mais approchant les 9500 joules à la bouche. Le recul (dix fois le 30-06 ou un de nos calibre douze) était aux limites biologiques humaines, et le tir était plus compliqué qu’il n’y parait. De fait, même si on tirait de près, voire de très près soit moins de 50 m, il fallait conjuguer les difficultés de l’approche en brousse, soigneusement épauler et vaincre des détentes hyper dures, souvent tarées à 5 kg, le recul étant tel qu’il pouvait déclencher les deux coups en même temps. C’est pourquoi d’ailleurs les fusils à canon simple étaient souvent préférés car un peu plus légers, le chien à droite risquant moins aussi de vous revenir en pleine figure !

WR 4 contre 28

oopl

Face à un éléphant chargeant fallait pas se louper, la masse de l’animal étant enveloppée d’un nuage de fumée, et la question de doubler pouvait même se poser tant on avait été ébranlé par la décharge du premier coup. C’était en effet bien autre chose que d’enchaîner avec un 20 à la bécassine ! Si le Four bore disparut dès l’arrivée de la cordite, on continua de rencontrer le 8 en brousse jusque dans l’entre-deux guerre. Des artisans comme Ken Owen à Memphis en a construit 5 en 1990 (mille heures de travail), et quelques maisons prestigieuses comme Watson ou Westley-Richards en ont refait quelques-uns pour renouer sans doute avec leurs anciennes racines mais en tenant compte des avancées métallurgiques d’aujourd’hui. Notre photo ci-contre, un 4 Westley-Richards face à un 28 de la même maison.  On voit bien la différence de gabarit ! Si le Four bore reste confidentiel, il reste néanmoins inscrit dans les tablettes du CIP (1993), revues d’ailleurs en 2002. Le mastodonte est donc loin d’être un fossile oublié…

1/Tapez « shooting the four bore ».

2/Le 450 Nitro express date de 1898, et les cartouches chargées à la cordite ne furent disponibles que dans la décennie 1890-1900 : première mention au catalogue Jeffery en 1903.

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